Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Américaine Traduit de l'anglais par : Francis Guévremont Éditeur : Aux Forges de Vulcain – 298 pages Genre : Super-héros Acheter ce livre : leslibraires.fr Mon Avis : Tous les super-héros des deux méga franchises que sont DC et Marvel ont existé, ils ont même cohabité. Mais depuis que les grands méchants ont été battus, et que certaines des têtes d’affiches ont disparus… les gens en capes et collants se font rares. David Brinkley en fait partie. A 40 ans, il a raccroché le costume depuis une petite dizaine d’années, a pris quelques kilos superflus et nous fait succomber, au début du récit, à l’ennui qui s’est peu à peu installé en lui. La routine et l’absence d’action sont devenues son quotidien : l’ex super-héros sera bientôt papa pour la troisième fois. J’ai donc eu bien du mal à m’intéresser au personnage… Et finalement ce n’est pas de suivre cet homme qui m’a le plus intéressé, mais plutôt le monde dans lequel l’auteur l’a installé. Il faut dire que le texte est truffé de notes, et qu’elles soient explicatives, indicatives ou purement humoristiques, c’est un des éléments qui m’a donné envie de poursuivre ma lecture. Qu’en est-il du texte en lui-même ? Et bien tout d’abord, il faut savoir que les textes à quelques années, que le contexte mondial durant lequel il a été écrit n’est plus celui de maintenant et que cela s’en ressent grandement. L’auteur s’inspire pour grande partie de sa réalité, lui empruntant çà et là des personnages célèbres, des histoires truculentes ou glauques, des anecdotes improbables… Ainsi les assassins de Kennedy et de Luther King ont fait la même « école », Joe Dimaggio est garde du corps et le sosie de Marilyn Monroe, secrétaire. Et ce sont tous ces petits, mais nombreux, éléments qui sont annotés. La chasse aux références s’est donc ouverte en même temps que ce Supernormal, et je ne pourrais que souligner le travail du traducteur : travail titanesque, mais Ô combien important pour permettre au lecteur d'aborder le texte dans son ensemble. Mis à part ça, voilà longtemps que je souhaitais découvrir de « vieux » textes issus de la culture américaine, et notamment de celle des comics. Ce roman rend hommage à ce média en lui empruntant références et personnages en slip coloré. Elle aborde tout ce qui a pu marquer les plus grands héros : la figure du père, la perte d’un être cher, la résiliation, le courage, la volonté et bien entendu la mégalomanie (quel superhéros ne l’ai pas ?). Robert Mayer imagine l'après gloire des plus barbants d'un être hors normes au cheveux bleus, s’amuse des codes des comics, jouent avec et sert finalement un récit d’enquêtes sur fond de complot politique assez enlevé. Le petit plus que j’ai relevé : quelques méchants certes, mais LE méchant n’est que peu présent, tout en retenu, bien loin du bad guy habituel présent dans les comics (oubliez le bling-bling du casque de Loki, les huit bras de Docteur Octopus et l’extravagance de Pingouin). En Bref : Un bon moment dans les pages de ce roman ayant tout juste 40 ans (Superfolks étant pour la première fois traduit en France). Une bonne surprise, malgré le peu d'attachement que j'ai pu ressentir vis-à-vis du personnage principal, une intrigue qui tient la route, une enquête qui n'empiète pas non plus sur le développement des personnages. A mettre entre toutes les mains et même celles d'adeptes des comics qui souhaitent passer à un nouveau format ! Remerciements : Merci à Babelio et Aux Forges de Vulcains de m'avoir envoyé ce livre ! Juste une petite remarque au niveau éditorial, quelques coquilles au niveau des apostrophes sont présentes en début de récit.
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Mon Avis : Acquis il y a plus de deux ans, j’ai découvert Navarre/Raphaël, non par ce titre-ci mais par la série dédiée à Agnès, avec les titres L’Héritière et Alouettes. Un vampire mystérieux à souhait avec des petites manies qui ont facilement titillées ma curiosité. J’ai donc apprécié retrouvé ce personnage, non pas comme personnage secondaire, mais comme « héros » de ces quelques nouvelles. De nouvelles facettes se sont offertes à moi, ô combien surprenantes mais tout à la fois intéressantes. J’avoue avoir eu bien du mal à cerner complètement le vampire, tant par le fait qu’il soit très changeant (dans l’humeur et les réactions) et que les périodes historiques dans lesquelles s’installent les histoires sont présentées de manière non chronologique. Ainsi l’on traversera la ville de Rio, version post-Seconde Guerre Mondiale et en plein carnaval, mais également la Méditerranée et une île oubliée, ainsi que l’espace lui-même… Joyeux bordel donc, mais tout à fait organisé ! Comme précisé dans la postface, signé Jean Marigny, l’auteure ne s’encombre pas des qualifications de genres, et installe son personnage aussi bien dans un univers de fantasy [avec Lance], que de fantasy urbaine (fantastique dirons-nous) [avec Métaphysique du Vampire] que dans de la SF [avec Ovogenèse du vampire et La Fontaine aux Serpents]. Mais quel que soit le genre « choisi », l'auteure réussit à présenter des univers riches, denses et cohérents et à conserver le côté cynique de son personnage principal quel que soit les circonstances. L'écriture de l'auteure est comme celle que j'avais rencontrée précédemment, incisive, directe et prend à partie, juste ce qu'il faut, le lecteur. Elle ne s’encombre pas de palabres quand il s’agit de rentrer dans le dur (ou dans le mou des ennemis…) des sujets, avec des rapts et séquestrations d’enfants, ou dans la présentation de scène de combats – aussi violents que rapides. Finalement l’auteure pointe du doigt que les monstres ne sont pas toujours ce qu’on croit (la forme romantique du vampire est tout de même maintenue dans ce récit, malgré les clichés défoncés à grand coup de truelle). Une très bonne lecture qui donne envie de découvrir plus avant ce personnage trouble (et troublant) !
Mon Avis : De Sylvie Lainé, je n’avais apprécié jusque-là que ces interventions lors des conférences aux Utopiales, femme posée aux interventions mesurées et intelligentes. L’Opéra de Shaya m’avait attiré à sa sortie, mais je n’ai finalement pas sauté le pas. C’est donc avec Fidèle à ton Pas Balancé – condensé de l’activité de l’auteur de ces 30 dernières années – que je la découvre. Et quelle découverte ! L’objet livre en lui-même est superbe et offre un plus non négligeable pour la bibliophile que je suis. La sur-jaquette est aussi blanche que la couverture rigide est noire et l’intérieur superbement décoré par Gilles Francescano, dont les traits de dessins monochromes s’allient à merveille avec les propos de l’auteur. Quant au contenu ce sont 26 textes, issus de trente années de création, qui sont compilés en parties en fonction de l’« ampleur des projets et du contexte », et non chronologiquement comme on pourrait s’y attendre. J’ai surtout eu l’impression que les regroupements des nouvelles formaient un tout cohérent, avec des thématiques parfois semblables ou bien justement de parfaites opposées. L’œuvre est riche, les nouvelles courtes (exceptions faites de L’Opéra de Shaya et de Les Yeux d’Elsa), les messages distillés çà et là sont autant de déclarations de tolérance, d’amour, de paix. Par une plume poétique et scientifique (dans sa précision), Sylvie Lainé arrive à nous transporter dans ces univers qu’ils soient fictifs ou bien réels (à l’image des rues de Brest ou de Metz) et offre à voir une galerie de personnages richement humains. « Humains » cela peut paraître bien paradoxale quand l’un des personnages s’avère être du sable ou une planète… Mais ce sont surtout les comportements empathiques ou les approches métaphysiques qui caractériseront le mieux les personnages de l’auteure. Concernant les intrigues, c’est sans doute la non-violence des récits – loin des batailles intergalactiques si souvent relatées dans les space opéra – qui transporte le plus et amène le lecteur vers un sentiment de plénitude, tout à fait bienvenue ces temps-ci. Le nombre de sujets abordés est tel, que vous en faire un listing serait laborieux et rébarbatifs, tout ce que le recueil n’est pas. Toutes les nouvelles m’ont touché, à des degrés différents certes, mais il me serait impossible de vous parler d’une en particulier. De la nouvelle Le printemps des papillons, où une libraire souhaite dompter ces petits êtres ailés afin d’envoyer des messages : un brin étrange comme concept mais tellement poétique ; à la nouvelle Un brin d’herbe où les rencontres amoureuses ne sont pas forcément ce qu’elles paraissent être et où le bonheur peut se révéler et s’épanouir dans un univers figé ; en passant par La Mirotte, qui permet à un aveugle de recouvrer la vue, une nouvelle de génie qui aborde la perception du monde d’un individu à l’autre ; TOUTES SONT FORMIDABLES. Et bien entendu les deux novellas que sont L’Opéra de Shaya et Les Yeux d’Elsa, plus denses que les autres, sont autant de récits immersifs dans des sujets semblables : le premier s’attache à la découverte d’une planète et à la mutualisation existant entre les espèces (qu'on qualifie aussi d'échanges avantageux) dans un univers constamment en mouvement, le deuxième à un monde dans lequel les dauphins génétiquement modifiés sont esclaves de sociétés en bâtiments. Les deux s’intéressent toutefois à la relation inter-espèces et aux conséquences éventuelles que cela peut impliquer. À la fermeture du recueil, j’ai surtout ressenti le besoin de parler coexistence inter-espèce et de promouvoir le vivre ensemble autour de moi. J’ai aimé tout ce qui se racontait sous mes yeux : les rencontres amicales ou amoureuses, les échanges, les découvertes scientifiques, les améliorations d’espèces, le temps qui passe, les événements métaphysiques (toute une histoire de bulles), mais aussi les événements moins "joyeux" comme l'immobilisme forcé, l'amour non partagé, l'amour dévorant… Moi qui ne relis jamais un titre deux fois, c’est sans conteste que je me replongerai avec délectation dans les nouvelles de Sylvie Lainé ! En bref : Fidèle à ton Pas Balancé est une pépite dont chacune des nouvelles se savoure avec attention. Des univers relevant de la science-fiction – et pas que – qui pourraient permettre aux non lecteurs de ce genre d’enfin s’y intéresser. C’est beau, poétique et le tout est servi dans un superbe écrin à prix tout doux pour un recueil de cette ampleur (20 €)… Que demander de plus ? D'autres avis : Phooka (Bookenstock) - Simon Krug (Les Inrocks) - Soleil (Les Chroniques de l'imaginaire)
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Italien Traducteur : Diane Ménard Éditeur : Gallimard – 329 pages Genre : Science-fiction Acheter ce livre : Papier – Numérique Mon Avis : Multiversum est un titre sorti il y a maintenant quelques années dans la mouvance des romans dystopiques adolescents (Hunger Games, Divergente ou encore Delirium… ). Dans ma PAL depuis sa sortie – ou presque –, dont la raison première était une couverture des plus accrocheuses, l’envie de découvrir ce titre c’est peu à peu estompé au profit de romans plus « adultes ». C’est donc pour faire diminuer cette pile à lire (devenue bien trop conséquente) que j’ai ouvert ce livre sans savoir de quoi il retournait (quatrième de couverture tu as toujours été mon ennemie jurée en matière de spoiler). Au premier abord, Multiversum est un récit ancré dans le réel s’intéressant à deux lycéens, un garçon et une fille, distant de 14.380 km (l’un vit en Italie et l’autre en Australie). Seulement voilà, la particularité de ces jeunes gens est qu’ils peuvent dialoguer par télépathie. Et là, j’ai eu un gros problème : italien / australien, comment surpasser la barrière de la langue quand chaque communication établie n’excède pas les 10 secondes ? Comment développer une relation pérenne (qu’elle soit amicale ou sentimentale) quand la douleur est inhérente cette forme d’échange ? Deux questions qui m’ont poursuivies jusqu’à ce que réponse soit faite pour la première : Jenny est à moitié italienne… Facilité d’écriture, soit. Mais concernant la deuxième, il n’y a pas d’éléments de réponse. Concernant l’intrigue en elle-même, j’aime beaucoup l’idée générale (celle du Multivers), elle est malheureusement traitée avec trop de simplicité et ne fait qu’effleurer le propos. Le manque d’action dans ce récit fait que le lecteur s’essouffle à la lecture, l’intérêt n’étant porté que par la quête des retrouvailles entre les deux protagonistes. On se retrouve justement loin des autres récits du genre (ceux précités notamment) où l’action est omniprésente, ce qui aurait pu totalement contrebalancer cette tendance et offrir un nouveau type de récit dystopique. Malheureusement ça ne prend pas, ou du moins pas suffisamment, la fin expédiant le tout assez rapidement dans un maelstrom d’actions plus cataclysmiques les unes que les autres pour achever le lecteur par une pirouette finale attendue… Les personnages n’offrent pas plus d’intérêt, si ce n’est par le biais des différentes réalités. Clichés ambulants et réactions insensées pour ne citer que ça. Le relationnel qui s’établit entre les différents personnages est soit trop rapide, soit insipide, soit pas assez développé… Ainsi, j’ai eu bien du mal à m’attacher à tout ce petit monde, même Marco, seul personnage intéressant du récit (dans le fait qu’il est un des rares éléments à apporter des hypothèses et des solutions un tant soit peu cohérentes) a réussi à m’agacer. C’est bien dommage, car la plume de l’auteur – inhérente au public et au genre choisis – offre au lecteur la possibilité d’une lecture rapide et immersive. Que dire, si ce n’est un rendez-vous loupé sans doute… Si je l’avais lu durant mon adolescence j’aurai sans doute bien plus accroché au récit, mais le livre n’était pas encore sorti à l’époque et mon bagage littéraire aura eu raison de cette dystopie pour ados. La suite se fera sans moi. En bref : Un pitch attrayant mais servit par des personnages fades et une intrigue mal ficelée…
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Anglais Traducteur : Amélie Audiberti Éditeur : Folio – 408 pages Genre : Science-fiction (Anticipation) Acheter ce livre : Papier – Numérique – Audio Mon Avis : 1984 est un grand classique de la science-fiction (et plus précisément dans le sous-genre de l’anticipation) que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir. Mais justement : comment vous parler de ce titre, alors que le contexte dans lequel je l’ai lu n’ai pas du tout le même que celui dans lequel il a été écrit ? Comment vous parler d’un titre dont tout le monde a, au moins, une fois entendu parler dans sa vie et c’est déjà fait une opinion plus ou moins juste du récit ? Comment aborder le futur du narrateur, alors que ce futur est déjà loin dans notre passé ? 1984 prend place sur une planète Terre redéfinie en trois grandes puissances : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. L’intrigue se déroule dans la première puissance, où un régime totalitaire mené par Big Brother est depuis longtemps installé et « accepté ». Sans jamais voir l’homme en question, uniquement via des représentations de lui, le peuple suit ses directives au travers des affichages de propagande ou des télécrans. En cela, l’on sent qu’Orwell a été marqué – comme tout un chacun – par la Seconde Guerre mondiale et qu’il a essayé de mettre en perspective les éléments qui ont conduit à cette guerre. Le monde qu’il décrit et la politique installée en Océania sont un clair mélange entre le stalinisme et le nazisme qui eurent cours quelques années auparavant. Winston Smith est le narrateur du récit, et ce qu’on peut clairement qualifier d’antihéros. Dès le début du roman, ce personnage m’a paru nébuleux un peu hors du temps décrit par l’auteur ou plus simplement pas « à sa place ». Son travail au Ministère de la Vérité – qui consiste à réécrire l’Histoire pour qu’elle coïncide avec les désirs du Parti – ne l’intéresse pas, il le juge même insignifiant. Il évolue dans ce monde constitué de multiples règles sans excès d’intention en étant tout simplement là, un personnage tout à fait lambda. « Lambda », c’est assez étonnant de découvrir que le personnage principal de l’histoire et a fortiori le narrateur est qualifiable de lambda… Et finalement ce n’est qu’à partir du moment où Winston prend conscience de son intégration dans la masse, qu’il va commencer à s’en détacher et à devenir intéressant : en transgressant les règles établies, le personnage va prendre de la « consistance », s’étoffer, devenir plus lucide sur le monde l’entourant. C’est là, à partir du moment où il tient son journal tout en se cachant de la surveillance du télécran, qu’il met le doigt sur les problèmes des lois qui régissent Océania. Ce n’est pas l’intrigue qui tiendra le lecteur de bout en bout, car pour tout dire elle n’est, à mon sens, qu’un prétexte à l’exposition des idées de l’auteur sur ce que pourrait devenir le monde dans le futur. On est bien loin du roman d’action qui tient en haleine par sa capacité à proposer des rebondissements mais plus proche du roman introspectif et philosophique. En effet, le titre soulève bon nombre réflexions : l’importance des médias sur la vie de la population ; l’impact de la langue et du langage sur la perception du monde et de son fonctionnement ; comment la manipulation de masses fonctionne-t-elle ; et j’en passe… Questionnements qui ne sont pas étrangers à notre Histoire, qu’elle soit ancienne ou très – trop ? – moderne. Le récit nous est servi de manière implacable, presque descriptive, sans chaleur de la part de l’auteur (mais comment aurait-il pu en être autrement ?). Le tableau est noir, le message tout autant, l’évolution du personnage n’a rien à envier aux romans d’horreur et les tenus espoirs disséminés çà et là dans le récit finissent comme tout le reste, d’horrible façon. Il n’est que trop déconseillé en cas de moral en baisse, mais fortement indiqué dans tous les autres cas de figure. J’aurai pris quelques années pour m'y mettre mais 1984 est un classique dont il aurait été dommage de passer à côté… En Bref : INDISPENSABLE.
Mon Avis : N’ayant pas lu la quatrième de couverture du roman, me doutant vaguement que Gardner Dozois allait nous entraîner sur un terrain science-fictionnesque, je ne savais pas à quoi m’attendre avec L’Étrangère. La couverture – sobrement classe – laisse entrapercevoir une romance de l’imaginaire, « interraciale » avec un homme et une extra-terrestre. Ce qui est exactement le cas. Cependant pour en arriver là, Gardner Dozois avance pas à pas, nous présentant d’abord la rencontre des deux êtres et une contextualisation assez précise du déportement des quelques humains sur cette planète. J’y ai retrouvé avec plaisir des êtres que j’ai déjà pu croiser dans Le Chasseur et son Ombre (dont le texte a été co-écrit avec George R.R. Martin et Daniel Abraham), avec les personnages des Enye(s). Ensuite vient la romance, et je dois avouer que j’ai ressentie une sorte de description un peu froide des événements, scientifique presque. Au départ cela m’a un peu déroutée, puis je m’y suis faite et j’ai vraiment apprécié cet angle, qui change totalement des récits de ce genre. L’aspect clinique donne une toute autre dimension au récit et à l’histoire qui se joue sous nos yeux. L’Étrangère, c’est un peu l’histoire de Pocahontas transposé dans un univers SF. Le beau John Smith est ici un Joseph Farber un peu fatigué par la nouvelle planète qu’il doit « coloniser » et la jolie indienne est représentée par Liraun Jé Genawen, s’avérant tout aussi mystérieuse que Pocahontas. La transposition est excellente, et l’on se met à réinterroger une énième fois le « bien » fondé de l’apprentissage et de l’appropriation de la culture étrangère. D'autres thématiques abordées m'ont fait tantôt frémir, tantôt rire jaune : la modification génétique de l'Homme via les technologies extraterrestres, les questions de religion et jusqu'où sont prêt à aller des adeptes pour complaire aux dieux... C'est une magnifique histoire d'amour entre un humain et une E.T. que nous propose Gardner Dozois, auquel s'ajoute tout l'intérêt de la science-fiction (enfin de mon avis), une reconsidération de l'Histoire ou des choix de l'humanité. Une fin sublimement amenée, toute triste qu'elle est, à l'image de l'histoire de l'Amérindienne. En Bref : J'ai passé un excellent moment de lecture avec L'Étrangère. J'ai retrouvé Gardner Dozois avec un plaisir auquel je ne m'attendais pas moi même. On a là une romance extraterrestre qui sort des sentiers battus et qui se révèle des plus agréables ! À découvrir.
Mon Avis : Après avoir vu passer quelques avis positifs et au vu du nombre de prix que le premier tome de cette série à remporter, je me suis lancée dans ce livre un peu les yeux fermés (pour tout vous dire, lire de cette manière ce n’est pas très pratique…) espérant sortir de la « panne de lecture » qui me tient depuis presque trois mois. Au premier abord, sortir de cet état avec ce livre en particulier, ben ce n’était tout simplement pas gagné. Ann Leckie signe un premier roman à la fois novateur, dense, captivant et compliqué. Novateur. L’auteur joue avec les codes du genre, par exemple le pluriel n’est plus masculin mais féminin et les métiers sont féminisés. Surprenant au départ, un peu compliqué par moment mais tout bonnement agréable ces quelques changements m’ont permis d’être plus attentive au récit, il me fallait une certaine concentration pour correctement suivre l’intrigue. D’ailleurs durant le début de ma lecture je me suis surprise à me demander si cet univers n’était pas constitué uniquement de femmes. Ensuite j’ai découvert l’idée qu’un vaisseau pouvait être une intelligence artificielle, avec un développement si poussé que les émotions pouvaient être ressenties. Dense. Ann Leckie ne se contente pas de proposer un univers féminisé à souhait, elle en propose un qui est à la fois riche de nouveaux termes, de nouvelles divinités et de nouveaux codes. Ainsi, il existe autant de religions et de modes de prières qu’il n’existe de planètes (et encore je suis sans doute loin du compte). Le cérémoniale de certaine situation est décrit avec juste ce qu’il faut d’informations (on se met à avoir envie d’une bonne tasse de thé très rapidement) pour être accessible sans être indigeste. Captivant & Compliqué. L’on suit en fait deux récits s’alternant d’un chapitre à l’autre et alternant le présent et le passé. Cette dualité a insufflé un certain rythme à l’ensemble de ma lecture, trouvant fascinant l’écho qui se créait entre eux. D’autre part, l’intrigue en elle-même n’a certes rien de neuf (non la vengeance, ça n’a rien de neuf) mais c’est la manière dont l’auteur a traité cette thématique qui est particulièrement intéressante mais aussi particulièrement compliquée à aborder en tant que lecteur. La méchante est particulièrement bien traitée, un personnage et une situation qui m’étaient totalement étrangers. Les 100 dernières pages m’ont tenue de bout en bout, il y a bien quelques passages qu’il a fallu que je relise pour être sûre de bien comprendre l’enchaînement des événements. Pour savoir qu’Un Esk est tout à la fois un humain et un réceptacle pour une forme d’IA, ça m’a pris quelques pages et quelques retours en arrière pour le comprendre et c’est là le reproche que j’aurai à faire au récit. Certaines informations primordiales sont apportées trop tardivement, et ne permettent pas une compréhension pleine et entière des enjeux qui se déroulent sous nos yeux. J’aime bien être dans une sorte de brouillard qui se dissipe au bout d’un certain temps, mais là le smog était trop dense et même les explications étaient peu abordables. Ces difficultés ne m’ont, bien entendu, pas empêché de vraiment apprécier ce récit (j’espère que vous l’aurez compris). Je tiens également à souligner le travail de traduction de Patrick Marcel, impressionnant tout simplement ! En Bref : Une pépite, un peu dure à croquer certes mais renfermant tellement de choses savoureuses ! Un récit très complet qui pose de nombreuses questions, place la féminité au premier plan et propose une « méchante » des plus atypiques. A dévorer d’urgence !
Infos Utiles : Nationalité de l'auteur : Américain Éditeur : Folio SF - 336 pages - 20 nouvelles Genre : Fantastique / SF Acheter ce livre : Papier Mon Avis : Après avoir dévoré Fahrenheit 451, j’avais très envie de poursuivre ma découverte de l’auteur Ray Bradbury. Ayant entendu parler de l’Homme Illustré dans un épisode de Criminal Minds (on trouve ses inspirations où l’on peut), ce titre m’avait donné envie c’était donc l’occasion de mettre la main dessus. J’ai d’abord été surprise de constater qu’il s’agit d’un recueil de nouvelles « déguisé ». Pourquoi déguisé, me direz-vous. Tout simplement car le pitch de base, un homme aux tatouages mouvants en fonction du futur et de l’instant présent, nous amène à chacune de ces nouvelles que nous lirons, il faut bien le dire, avec délectation. Oscillant entre les genres de la science-fiction et du fantastique, chacune des nouvelles transporte le lecteur dans un ailleurs possible. Ainsi on découvrira avec horreurs des crimes enfantins, des découvertes et colonisations de planètes, des auteurs morts, des réalisateurs et j’en passe. Certaines des nouvelles m’ont moins accroché que d’autres (c’est un de mes problèmes quand je me lance dans un recueil et malheureusement Bradbury n’a pas dérogé à la règle), mais globalement l’ensemble se tient est particulièrement accrocheur. La prose du maitre est toujours un régal malgré sa « simplicité ». L’auteur happe et horrifie plutôt qu’il ne ravit, distillant avec habileté messages et idées sur la vie. C’est décidé, je continuerai ma découverte de l’auteur. En Bref : Un des recueils de nouvelles qui me marquera le plus, notamment avec la toute première nouvelle La Brousse. Une écriture qui invite le lecteur à réfléchir et qui laisse une impression positive. L’Homme Illustré est pour moi un des rares titres qui atterrit dans ma pile « A Relire ».
Mon Avis :
Première incursion dans le monde enchanteur et loufoque de Maître T. Pratchett. Enfin pas tout à fait, puisque Strate-à-gemmes s’éloigne (légèrement) des romans du Disque-Monde en proposant un mix entre un pur produit de SF et des excursions hasardeuses au pays des gnomes et des dragons. Je ne suis généralement pas une grande adepte du mélange science-fiction / fantasy, mais ici le mélange est plutôt réussit, la transition se faisant en douceur. L’on suit une équipe éparse d’extra-terrestres qui part à la découverte d’un monde prétendument plat… Au départ du récit, je trouvais qu’il y avait de sacrés trouvailles. L’idée que les mondes soient créé par les extraterrestres, qui poussent le vice jusqu’à faire croire aux habitants qu’ils sont vieux de plusieurs millions d’années (en créant de faux fossiles dans les sols notamment) ; cela est tout simplement prodigieux et particulièrement délicieux quand les E.T. s’amusent à semer quelques anachronismes (un dinosaure portant une pancarte « Halte au nucléaire », ça me fait rire). Mais peu à peu la mayonnaise est retombée. L’intrigue s’essouffle, les personnages sont moins captivants qu’ils ne l’étaient de prime abord et l’humour s’échappe peu à peu au fil des pages. Pourtant les tentatives sont bien là pour essayer de nous extirper quelques sourires, mais l’histoire proposée dans Strate-à-gemmes ne tient pas, ou du moins est un peu trop bancale. Le tout est servit par une plume assez simple (du moins qui se lit facilement) et qui ne vient pas entacher cette lecture. En Bref : Première lecture de l'auteur Terry Pratchett un peu mitigée. De bonnes touches d'humour qui m'ont donné envie de découvrir plus en avant l'auteur, mais des idées qui semblent inabouties, une intrigue un peu creuse. Dommage car le pitch de base était très sympathique.
Mon Avis :
Après un Fées, Weeds & Guillotines captivant, j’avais hâte de me replonger dans un roman de Karim Berrouka. Le titre de ce nouveau roman étant des plus prometteurs, je me délectais avant même de démarrer, des rires qui me seraient arrachés. Comme son nom l’indique si clairement, nous suivrons au cours du récit une bande de punks installés en plein Paris dans une vieille maison désaffectée avec leurs chiens, leurs diverses drogues et surtout leurs instru’ et autres amplis pour emmerder les voisins. Seulement voilà alors que tout va bien (ou à peu près) dans le Collectif, voilà que l’humanité par à vau l’eau : les hommes et femmes adeptes du métro, boulot, dodo se transforment très rapidement en zombies. De l’originalité dans des choses archi-rabâchés, c’est tout de suite ce que j’ai pensé en démarrant ce titre. Et ça fait un bien fou ! Après n’étant pas une adepte de « ni dieu, ni maître », j’avoue avoir eu quel difficulté à m’attacher pleinement aux divers héros-punks. De la nénette végétarienne, aux punks à chiens, en passant par l’adepte du communisme ; j’ai eu du mal à « m’identifier » à un des personnages. Et je dois avouer que cela ne s’est pas amélioré, surtout quand le trip divin commence avec l’un des personnages. Puis quand tout s’enchaîne et que les sept personnages se mettent à avoir des hallu’… j’ai un peu soufflé trouvant qu’il y avait trop de redondance dans le récit (surtout ces visions, qui arrivent à chacun des personnages. C’est dommage, car c’est une bonne idée, mais ici elle est utilisée à outrance, j’ai trouvé que l’auteur en usait un peu trop). La religion et les punks, les punks et les zombies, la rédemption, etc. ça fait beaucoup de thématiques abordées dans ce livre. Le tout est très étoffé, très drôle aussi (il faut bien le dire) mais j’ai tout de même eu quelques passages qui m’ont un peu moins accroché que dans le reste du récit. En Bref : Un auteur dont j'avais déjà apprécié un titre, un humour décapant dans un univers post-apocalyptique zombiesque (avec un rapport à la religion qui change des habitudes du genre). Mais pour moi, le récit comporte un peu trop d'exagération par moment. Une bonne lecture dans l'ensemble. |
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