Mon Avis : De Sylvie Lainé, je n’avais apprécié jusque-là que ces interventions lors des conférences aux Utopiales, femme posée aux interventions mesurées et intelligentes. L’Opéra de Shaya m’avait attiré à sa sortie, mais je n’ai finalement pas sauté le pas. C’est donc avec Fidèle à ton Pas Balancé – condensé de l’activité de l’auteur de ces 30 dernières années – que je la découvre. Et quelle découverte ! L’objet livre en lui-même est superbe et offre un plus non négligeable pour la bibliophile que je suis. La sur-jaquette est aussi blanche que la couverture rigide est noire et l’intérieur superbement décoré par Gilles Francescano, dont les traits de dessins monochromes s’allient à merveille avec les propos de l’auteur. Quant au contenu ce sont 26 textes, issus de trente années de création, qui sont compilés en parties en fonction de l’« ampleur des projets et du contexte », et non chronologiquement comme on pourrait s’y attendre. J’ai surtout eu l’impression que les regroupements des nouvelles formaient un tout cohérent, avec des thématiques parfois semblables ou bien justement de parfaites opposées. L’œuvre est riche, les nouvelles courtes (exceptions faites de L’Opéra de Shaya et de Les Yeux d’Elsa), les messages distillés çà et là sont autant de déclarations de tolérance, d’amour, de paix. Par une plume poétique et scientifique (dans sa précision), Sylvie Lainé arrive à nous transporter dans ces univers qu’ils soient fictifs ou bien réels (à l’image des rues de Brest ou de Metz) et offre à voir une galerie de personnages richement humains. « Humains » cela peut paraître bien paradoxale quand l’un des personnages s’avère être du sable ou une planète… Mais ce sont surtout les comportements empathiques ou les approches métaphysiques qui caractériseront le mieux les personnages de l’auteure. Concernant les intrigues, c’est sans doute la non-violence des récits – loin des batailles intergalactiques si souvent relatées dans les space opéra – qui transporte le plus et amène le lecteur vers un sentiment de plénitude, tout à fait bienvenue ces temps-ci. Le nombre de sujets abordés est tel, que vous en faire un listing serait laborieux et rébarbatifs, tout ce que le recueil n’est pas. Toutes les nouvelles m’ont touché, à des degrés différents certes, mais il me serait impossible de vous parler d’une en particulier. De la nouvelle Le printemps des papillons, où une libraire souhaite dompter ces petits êtres ailés afin d’envoyer des messages : un brin étrange comme concept mais tellement poétique ; à la nouvelle Un brin d’herbe où les rencontres amoureuses ne sont pas forcément ce qu’elles paraissent être et où le bonheur peut se révéler et s’épanouir dans un univers figé ; en passant par La Mirotte, qui permet à un aveugle de recouvrer la vue, une nouvelle de génie qui aborde la perception du monde d’un individu à l’autre ; TOUTES SONT FORMIDABLES. Et bien entendu les deux novellas que sont L’Opéra de Shaya et Les Yeux d’Elsa, plus denses que les autres, sont autant de récits immersifs dans des sujets semblables : le premier s’attache à la découverte d’une planète et à la mutualisation existant entre les espèces (qu'on qualifie aussi d'échanges avantageux) dans un univers constamment en mouvement, le deuxième à un monde dans lequel les dauphins génétiquement modifiés sont esclaves de sociétés en bâtiments. Les deux s’intéressent toutefois à la relation inter-espèces et aux conséquences éventuelles que cela peut impliquer. À la fermeture du recueil, j’ai surtout ressenti le besoin de parler coexistence inter-espèce et de promouvoir le vivre ensemble autour de moi. J’ai aimé tout ce qui se racontait sous mes yeux : les rencontres amicales ou amoureuses, les échanges, les découvertes scientifiques, les améliorations d’espèces, le temps qui passe, les événements métaphysiques (toute une histoire de bulles), mais aussi les événements moins "joyeux" comme l'immobilisme forcé, l'amour non partagé, l'amour dévorant… Moi qui ne relis jamais un titre deux fois, c’est sans conteste que je me replongerai avec délectation dans les nouvelles de Sylvie Lainé ! En bref : Fidèle à ton Pas Balancé est une pépite dont chacune des nouvelles se savoure avec attention. Des univers relevant de la science-fiction – et pas que – qui pourraient permettre aux non lecteurs de ce genre d’enfin s’y intéresser. C’est beau, poétique et le tout est servi dans un superbe écrin à prix tout doux pour un recueil de cette ampleur (20 €)… Que demander de plus ? D'autres avis : Phooka (Bookenstock) - Simon Krug (Les Inrocks) - Soleil (Les Chroniques de l'imaginaire)
1 Commentaire
Mon Avis :
L'édition de ce premier tome a de quoi attiré l’œil avec son esthétique rétro et son illustration purement SF. Un bel appel du pied au steampunk et à l’uchronie, empruntant à l’un esthétique léchée et technologie rétro-futuriste et à l’autre géographie, personnages et découvertes techniques. Car oui, avec un titre pareil comment ne pourrions-nous pas rencontrer le fameux chercheur, Nikola Tesla – connut principalement pour ses recherches sur l’électricité –, et les découvertes scientifiques et technologiques dans le genre rétro-futuriste, tout à fait imaginable dans un tel environnement. Avec une trame très classique (un jeune garçon emménage avec sa mère et va faire des découvertes étranges et/ou mystérieuses), Marazano arrive à nous transporté dans une New-York des années 40 à la fois sombre et fantastique. Là où d’autres aurait eu du mal à jeter pêle-mêle les éléments d’une enquête policière, d’un conflit mondial (on est encore en pleine seconde guerre mondiale) ou encore confrérie occulte, chaque élément prend ici sa place avec facilité, comme le ferait les pièces d’un puzzle. Cependant on pourra opposer au scénariste une volonté d’installer son univers : le premier tome n’est ainsi qu’un tome d’exposition, manquant un peu de souffle parfois mais de manière infime. Le tout est magistralement servit par le dessin de Guilhem, à la fois réaliste et particulièrement travaillé sur les décors. Le mystère Chtokavien marque et convainc sans peine avec son graphisme si soigné. Ce premier tome pose les bases d’un tryptique qui s’envisage comme une aventure steampunk (du moins je l’espère dans les deux tomes à venir) à la fois rythmée et prenante. Lu dans le cadre de la BD fait son festival 2017 de PriceMinister. Ma note : 17/20
Mon Avis : Boudicca est le deuxième roman de Jean-Laurent Del Socorro, et s’installe non pas à Marseille comme l’avait été l’excellent Royaume de Vent et de Colères, mais dans une Angleterre vieille de deux mille ans. On y retrouve le peuple celte et plus précisément l’histoire méconnue de la reine Boudicca. L’auteur s’est basé sur la légende de cette reine celte en y insufflant un soupçon de merveilleux par le biais des rêves mystiques qu’ont les personnages. J’ai ouvert le livre pour ne plus le refermer tant le récit m’a happé de la première à la dernière page. Se découpant en trois grandes volutes, qui correspondent autant à des tranches de vie de l’héroïne, le roman se dessine du point de vue de Boudicca elle-même. Habillement tissée par l’auteur, la vie de Boudicca se forge principalement dans le sang et l’apprentissage de la soumission, et c’est ce récit qui nous est conté. Elle grandit au sein de son peuple, apprenant autant à manier la lance et le bouclier que la langue. C’est ce dernier point qui m’a le plus captivé. Le langage revêt dans ce récit des atours tenant du sacré. Et c’est par l’éducation dispensée par le druide Prydain que la jeune reine apprend la force des mots, qu’ils soient dits ou non. Elle connaîtra des échecs et des victoires qui la feront grandir, évoluer et finalement rayonner d’une aura telle, que son nom sera murmuré sur son passage par le peuple celte tout entier. Outre la guerrière, la galerie de personnages permet l’évolution du personnage, apparaissant et disparaissant au gré des batailles ou des maladies. En plus de Prydain, des personnages comme Antedios, le propre père de Boudicca, Ysbal la femme aux trois maris et garde du corps de la reine dès sa naissance ou encore Caractacos, fils de Cunobelin (un ennemi d’Antedios), trophée du peuple des Icènes et finalement brater de Boudicca ; sont autant d’éléments qui vont permettre la maturité de la jeune fille par des enseignements tenants surtout de l’affect. Antedios ne lui montrera jamais à quel point il l’aime, Caractacos avec qui elle grandit, ne sera qu’un opposant durant son adolescence et Ysbal sera finalement la seule figure maternelle que la jeune femme aura eue dans sa vie. Enfin Pratsutagos et Jousse, un mari et une amante, seront les seuls êtres à lui donner l’affection que son père n’aura pas su lui prodiguer. J’ai trouvé le récit moins haché dans sa forme que le premier roman de l’auteur et bien plus empli d’actions. Cela dit, aller à l’essentiel semble une caractéristique qui colle parfaitement au style de l’auteur et l’univers reste immersif et prenant malgré cette épuration. Le rythme est soutenu, bien que la vie de Boudicca soit parsemée de nombreux moments de répit. Au final, la seule chose qui m'ait perdu est la nouvelle présente après le roman, une nouvelle qui n’a rien à voir avec celui-ci (du moins je n’ai pas réussi à relever le lien), mais qui ne manque cependant pas d’intérêt. En bref : Jean-Laurent Del Socorro signe un deuxième roman des plus marquants, bel hommage à une reine celte méconnue. Cette biographie romancée mène le lecteur sur les traces d’une enfant, devenue femme puis mère et qui n’a jamais cessé d’être guerrière. La galerie de personnages foisonnante permet de faire grandir l’héroïne dans un univers ciselé avec soin. J-L Del Socorro : un auteur à suivre ! D'autres avis : L'Ours Inculte - Samuel Ziterman (chez Lecture 42)
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Italien Traducteur : Diane Ménard Éditeur : Gallimard – 329 pages Genre : Science-fiction Acheter ce livre : Papier – Numérique Mon Avis : Multiversum est un titre sorti il y a maintenant quelques années dans la mouvance des romans dystopiques adolescents (Hunger Games, Divergente ou encore Delirium… ). Dans ma PAL depuis sa sortie – ou presque –, dont la raison première était une couverture des plus accrocheuses, l’envie de découvrir ce titre c’est peu à peu estompé au profit de romans plus « adultes ». C’est donc pour faire diminuer cette pile à lire (devenue bien trop conséquente) que j’ai ouvert ce livre sans savoir de quoi il retournait (quatrième de couverture tu as toujours été mon ennemie jurée en matière de spoiler). Au premier abord, Multiversum est un récit ancré dans le réel s’intéressant à deux lycéens, un garçon et une fille, distant de 14.380 km (l’un vit en Italie et l’autre en Australie). Seulement voilà, la particularité de ces jeunes gens est qu’ils peuvent dialoguer par télépathie. Et là, j’ai eu un gros problème : italien / australien, comment surpasser la barrière de la langue quand chaque communication établie n’excède pas les 10 secondes ? Comment développer une relation pérenne (qu’elle soit amicale ou sentimentale) quand la douleur est inhérente cette forme d’échange ? Deux questions qui m’ont poursuivies jusqu’à ce que réponse soit faite pour la première : Jenny est à moitié italienne… Facilité d’écriture, soit. Mais concernant la deuxième, il n’y a pas d’éléments de réponse. Concernant l’intrigue en elle-même, j’aime beaucoup l’idée générale (celle du Multivers), elle est malheureusement traitée avec trop de simplicité et ne fait qu’effleurer le propos. Le manque d’action dans ce récit fait que le lecteur s’essouffle à la lecture, l’intérêt n’étant porté que par la quête des retrouvailles entre les deux protagonistes. On se retrouve justement loin des autres récits du genre (ceux précités notamment) où l’action est omniprésente, ce qui aurait pu totalement contrebalancer cette tendance et offrir un nouveau type de récit dystopique. Malheureusement ça ne prend pas, ou du moins pas suffisamment, la fin expédiant le tout assez rapidement dans un maelstrom d’actions plus cataclysmiques les unes que les autres pour achever le lecteur par une pirouette finale attendue… Les personnages n’offrent pas plus d’intérêt, si ce n’est par le biais des différentes réalités. Clichés ambulants et réactions insensées pour ne citer que ça. Le relationnel qui s’établit entre les différents personnages est soit trop rapide, soit insipide, soit pas assez développé… Ainsi, j’ai eu bien du mal à m’attacher à tout ce petit monde, même Marco, seul personnage intéressant du récit (dans le fait qu’il est un des rares éléments à apporter des hypothèses et des solutions un tant soit peu cohérentes) a réussi à m’agacer. C’est bien dommage, car la plume de l’auteur – inhérente au public et au genre choisis – offre au lecteur la possibilité d’une lecture rapide et immersive. Que dire, si ce n’est un rendez-vous loupé sans doute… Si je l’avais lu durant mon adolescence j’aurai sans doute bien plus accroché au récit, mais le livre n’était pas encore sorti à l’époque et mon bagage littéraire aura eu raison de cette dystopie pour ados. La suite se fera sans moi. En bref : Un pitch attrayant mais servit par des personnages fades et une intrigue mal ficelée… |
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