Infos utiles : Nationalité de l'auteur : Française Éditeur : Mnémos – Collection Dédales – 166 pages Genre : Fantasy Prix : 17 € (GF) Acheter ce livre : Grand Format – Poche – Numérique Mon Avis : Quand on parle de la légende arthurienne bon nombre de personnages qui peuplent cette mythologie vienne à l'esprit : Arthur, Guenièvre, Merlin, Morgause/Morgane, Lancelot, Viviane, Uther Pendragon, pour ne citer qu'eux. Mais il est un des personnages peut-être moins connu du grand public et pourtant important dans cette histoire : Mordred. Le fils illégitime d'Arthur qu'il aura conçut avec nulle autre que sa propre sœur... Et c'est à ce personnage, et à lui seul, que ce titre de Justine Niogret s'intéresse, lui redonnant par là même un peu de la lumière qu'il mérite. Car pour ainsi dire, la foultitude d'adaptations qu'aura connue la légende arthurienne n'aura pas vraiment dépeint ce personnage à sa juste mesure sans doute. Représenté dans une tenue sombre, la plupart du temps, il revêt parfois un masque (comme c'est le cas dans le film Excalibur (1981), avec une armure assortie dans un dorée doucereusement kitsch), mais toujours, présente les mêmes caractéristiques : jalousie, félonie et avidité face au pouvoir. Mais si majoritairement, Mordred est poussé par sa propre mère à chercher vengeance, ce titre nous offrira une toute autre interprétation de la légende. Mordred est avant tout un récit intimiste. Alité depuis bientôt un an, à la suite d'une blessure au dos qui se soigne mal Mordred ressasse sa vie. Le lecteur est plongé dans les pensées errantes du personnage, entre période de rêve (revenant sur son enfance heureuse à gambader dans la nature, à se remémorer quelques rencontres) et période éveillée où il ne devient que souffrance. Le court récit (rappelons qu'il n'est composé "que" de 160 pages) ne s'encombrera guère de personnages secondaires : vous pourrez croiser au grés des pages, Arthur, Guenièvre entre deux portes, Morgause et un certain Polik (entité contrariante pour le jeune Mordred) mais guère plus, tant l'on se focalise sur Mordred. Un corps qui semblait dur et empli de tendons, fort et sec, mais un ventre qui trahissait son âge ; et l'enfant se dit sans aucune pitié, puisque lui-même ne s'était jamais imaginé plus vieux que maintenant, que c'était là le ventre d'un guerrier fatigué. De même, il se tenait les épaules lourdes, et il faudrait encore des années à Mordred pour comprendre qu'on porte avec soi une part de sa vie, des choses dont on ne sait se débarrasser; et même lorsqu'on y parvient, on soutient le poids du travail accompli, et du deuil, et des quêtes perdues et du mal que l'on a fait sans le vouloir. Ici, il n'est point question de la relation incestueuse de Morgause et d'Arthur qui donne naissance à Mordred. Mordred est le "neveu" d'Arthur dans la version de Justine Niogret, et si une ascendance plus proche encore existe, elle n'y est qu'effleurée ou se retrouve sous-entendue par les propres connaissances du lecteur qui cherchera à prêter à ce Mordred tout ce qu'il en connaît. Entre deux délires du personnage, on verra poindre un destin, si ce n'est LE destin... L'autrice nous y amène peu à peu, livrant par là-même une version plus réconfortante que l'histoire initiale, une version plus digérable aussi pour un parricide qui finalement n'était pas un but. Avec un style particulier Justine Niogret nous sert une histoire moyenâgeuse particulière. Un huit-clos entrecoupé de tranches de vie rêvées. L'introspection d'un personnage qui se sait au bord du gouffre et qui pourtant file vers son destin. Mais tout en conférant à ce personnage une aura attrayante qui génère une empathie grandissante pour lui et pour sa vie. Mordred rend finalement Mordred plus humain. En Bref : Un excellent moment dans les pages écrites par Justine Niogret. Je découvre l'autrice avec un titre qui me faisait de l'œil depuis longtemps ! Une plume particulière et entrainante, un personnage principal qui dénote avec les autres personnages de fantasy. Je n'ai pas boudé mon plaisir ! On en parle aussi chez : Joyeux Drille – BlackWolf – Nymeria – Lhisbei – Lorkhan – Xapur – Gromovar – Lune – Julien Le Naufragé – Cornwall
0 Commentaires
Mon Avis : Damien Snyers, voilà un auteur dont j'attendais le prochain roman avec impatience. J'avais passé un très bon moment dans les pages de La Stratégie des As (LSdA), et j'en garde un souvenir (bien qu'un peu nébuleux) globalement positif. Alors à l'annonce de la sortie de Ex Dei, je n'ai clairement pas hésité quand les éditions ActuSF m'ont proposé de découvrir ce nouveau titre. Tout d'abord Ex Dei est une suite à La Stratégie des As, ce n'est dit nulle part, ils peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre sans problème (même si une des clés de lecture que m'a indiquée l'auteur, himself, ferait qu'ils sont finalement indissociables...), on y découvre de nouveaux personnages, on retrouve aussi les héros qui ont créé la base de nos aventures Nowy-Krakówiennes, mais incontestablement, c'est une suite. « Nicolas, mon ami… Dans Ex Dei, Damien Snyers fait le choix de nous faire suivre deux intrigues distinctes : celle de Marion, aristocrate de Nowy-Kraków, s'intéressant particulièrement à l'Histoire (avec un grand H) et surtout à sa compilation. Car elle fait partie d'une société secrète qui compulse tous les faits (et pas uniquement du côté des vainqueurs). Tous les membres sont vieux. Enfin "vieux" est un doux euphémisme quand certains d'entre eux ont plusieurs siècles... Mais on découvre surtout Marion en pleine séparation de son mari, Nicolas, avec qui elle vit depuis une dizaine d'années ; et en parallèle, on retrouve James (que l'on suivra dans notre deuxième trame narrative), l'elfe du trio que j'avais pris plaisir à suivre dans La Stratégie des As. Il est en compagnie de Mila, personnage auquel j'avais eu du mal à m'attacher, mais qui ici devient un peu plus intéressant, prenant la voix de la raison et donnant un certain équilibre au duo qu'ils forment. Ils sont tous les deux dans un hôtel luxueux en Afrique s'offrant une retraite méritée après les événements de La Stratégie des As. Mais James et son besoin d'adrénaline vont les pousser hors de cette retraite paisible et les plonger dans les ennuis jusqu'au cou. Dans cette partie, on retrouve les éléments qui m'avaient séduite dans LSdA : un casse et tout qui part à vau-l'eau, mais c'est à peu près tout. J'ai eu du mal à vraiment m'intéresser à cette partie du texte, que j'ai trouvé "moins bonne" que la partie dédiée à Marion. D'autant que les deux trames ne sont que peu liées (si ce n'est par le lien qui unit les protagonistes) et qu'on a du mal à appréhender comment les deux vont finir par se rejoindre. Pour vous reparler de la partie dédiée à Marion, j'ai particulièrement accroché à la manière dont l'auteur s'intéresse à la question de la télépathie, la magie mentale et surtout à sa construction / déconstruction. En cela, on s'éloigne du précédent roman de l'auteur, qui, s'il présentait des personnages de fantasy classiques (elfes, demi-elfes, trolls) n'abordait pas plus que ça la question de la magie (du moins de ce dont je me souviens). Et c'est un nouveau pan que j'ai apprécié, la partie plus onirique qui nous entraîne dans un monde particulier. Et puis, il faut dire qu'on prend plaisir à suivre l'intrigue globale qui se tisse autour de ce personnage. C'est étrange à souhait, mais surtout rythmé et entrainant, plein de rebondissements. Ce qui donne un aspect d'inégalité dans la globalité du récit. Quand arrivaient les passages dédiés à James, je n'avais qu'une hâte : retrouver Marion... Dommage ! Et puis, il y à la fin. Une fin un peu inexplicable, inimaginable et complètement inattendue. Je pense qu'elle va en déstabiliser plus d'un·e. Tant et si bien que l'auteur a dû m'expliquer de quoi il retournait, ou du moins me donner des pistes de lecture pour comprendre sa démarche. Il faudra mettre en perspective vos deux lectures pour bien en comprendre le pourquoi du comment. Et il n'est pas dit qu'on ne retrouvera pas les personnages dans un nouvel opus ! En Bref : Une partie du récit m'a accroché de bout en bout, l'autre a freiner ma lecture. La fin m'ayant laissé sur un goût doux-amer. Il y a de bonnes trouvailles dans Ex Dei, mais une globalité un peu trop en dents de scie pour moi. C'est une lecture en demi-teinte... On en parle aussi chez : L'Ours Inculte
Infos utiles : Nationalités des auteurs : Française Éditeur : Mnémos – 508 pages Illustratrice de couverture : JungShan (deviantart) Genre : Fantasy Prix : 22 € Acheter ce livre : Chez l'éditeur – Chez votre libraire Mon Avis : Les éditions Mnémos redonnent la possibilité à cette série française d'atteindre un nouveau lectorat en rééditant, pour la seconde fois, Le Rêve et l’assassin, L’Araignée, Le Souffle de cristal, Le Masque d’écailles sous un seul et unique titre : Le Jeu de la Trame. Parue initialement entre 1986 et 1988 dans la mythique collection "Anticipation" des éditions Fleuve Noir, cette fresque de fantasy aux inspirations nippones entraine son lecteur dans une quête aux quatre coins du pays créés par le duo Sylviane Corgiat et Bruno Lecigne. Si l'on démarre par une liaison assez étrange et pour le moins dérangeante entre Keido et sa sœur Kirike, ce ne seront que les prémices d'une aventure folle en quête de bouts de tissus aux pouvoirs magiques incroyables. L'objectif de Keido, sans ne rien vous en dévoiler de plus que ne le fait la quatrième de couverture, est de ressusciter sa défunte sœur pour leur permettre de vivre leur amour au grand jour. S'ensuit donc une quête (que l'on voit venir à des lieux à la ronde) qui sera autant de trame pour chacun des quatre titres rassemblés ici. On opposera sans doute aux auteurs la redondance de la trame narrative, car chaque ouvrage est construit sur un plan particulièrement similaire au précédent. Mais ils ont tout de même réussi le tour de force de proposer quelque chose de neuf dans chacun des récits tout en gardant cette même formule.
Car Keido n'évolue pas sur archipel, traverse des contrées désertiques ou gelées ce qui ne fera pas écho aux connaissances du lecteur quant à un Japon probable. En outre, la Muraille de Pierre symbole important dans le récit fait somme toute écho à une autre Grande Muraille bien connue, mais chinoise elle ! Autrement dit, si vous vous lancez dans Le Jeu de la Trame, ne vous attendez pas à un ouvrage sensiblement dépaysant et vous entrainant au Japon : il n'en sera rien. Outre le paysage, il nous faudra bien un anti-héros pour nous tenir un tant soit peu en haleine. Keido est LE pire des salopards que j'ai eu l'occasion de rencontrer en fantasy. Et je pèse mes mots. Même Benvenuto Gesufal (Gagner la Guerre, Jean-Philippe Jaworski) ne lui arrive pas à la cheville. A loisir choisissez ce que vous voudrez mais voilà tout ce qui vous attendra avec ce personnage : parricide, meurtres, viols, inceste, mensonges, trahisons... Je vous laisse imaginer ô combien cet anti-héros deviendra antipathique au fur et à mesure de la lecture. Car n'espérez point de rédemption ou d'amende honorable de sa part, il n'aura aucun regret et continuera sa quête jusqu'à la fin quoi qu'il en coûte. Et pourtant, le lecteur aura l'envie de poursuivre sa lecture malgré un personnage principal aussi méprisable, ne serait-ce que pour savoir s'il parviendrait au bout de sa quête de résurrection. Ce personnage et ses actions sont également ce qui a pu amener le lectorat à classer Le Jeu de la Trame comme étant de la Dark Fantasy. Sans compter les scènes érotiques, qui outre les premiers chapitres entre Keido et Kirike, ne sont pas exploitées (à mon sens) dans le but de faire avancé l'intrigue. Les autres personnages qui composent le récit sont malheureusement peu détaillés et dès qu'il s'agit des personnages féminins... N'attendez pas à y trouver la bonté qui manque à Keido. Les femmes sont comme lui, si ce n'est pire dans certains cas, se jouant de cet homme autant qu'elles peuvent se jouer de lui. Les deux personnages secondaires féminins que je retiendrai de ma lecture sont sans doute Soo-Iri et Naoyame, et elles sont toutes deux issues du premier opus Le Rêve et l’assassin. C'est dire si les auteurs ne s'encombrent pas des personnages secondaires dans la suite de l'ouvrage. Keido erra longtemps, découvrant toujours les mêmes scènes de place en place. Sur son chemin, il trouva des armes et une cotte de mailles qui sentait le sang et la sueur. Lorsqu'il parvint sur l'esplanade, devant la porte principale, il tomba en arrêt devant un spectacle macabre. Les têtes des soldats ennemis avaient été tranchées et entassées sous la lumière vive de dizaine de torches. Des gardes en armes allaient et venaient comme pour veiller sur un butin précieux. Keido contempla les visages exsangues et déformés par d'horribles grimaces. Des nuées de mouches bourdonnaient. Une odeur de sang s'exhalait, portée par le vent. Saisi soudain d'un haut le cœur, Keido s'éloigna et se coula dans l'ombre pour ne pas attirer l'attention des gardes.
L'écriture a quatre mains n'est sans doute pas chose aisée, et je dois dire que nos auteurs s'en sont tout de même sortis avec brio. Le style d'écriture du Jeu de la Trame est fluide et exempt de fioritures. L'arrivée d'un personnage clé à la toute fin du récit et bien trouvé, bien que faisant penser à un Deus Ex Machina, que j'exècre habituellement, mais qui apporte ici, un développement de la création de ce monde particulièrement intéressant. Et puis il a cette fin. Une fin certes vite expédiée qui aurait sans doute mérité un développement plus poussé, bien quelle offre un plot twist fort marquant, mais surtout une fin qui vient un tant soit peu rasséréner le lecteur sur une potentielle justice. En Bref : Un personnage principal détestable (Keido), des personnages secondaires qui font tapisserie, une trame redondance dans chacun des récits, et pourtant derrière Le Jeu de la Trame se cache pour moi un véritable coup de cœur. Parce que j'ai adoré détester Keido. Que les personnages secondaires sont justement secondaires et n'apportent de l'intérêt qu'à l'avancée du héros. Que la redondance est certes présente, mais elle est enjolivée de diverses manières, offrant pour chacun des opus une originalité supplémentaire. Parce que Le Jeu de la Trame est rythmé, nerveux dans l'action, sanguinolent à souhait. Que bien écrit il y a plus de 30 ans, lire ce titre en 2021, fonctionne encore très bien.
|
SUR LA TABLE DE CHEVETLES DERNIÈRES CHRONIQUESUN PEU DE TRIAuteurs
Éditeurs
ActuSF Ankama Black Moon Bragelonne BookMark Casterman Dargaud Delcourt Dupuis Dystopia Workshop Folio SF Glénat Hugo & Cie Humanoïdes et Associés J'ai Lu Ki-oon Leha Livre de Poche Lombard Martinière Jeunesse Milady Milady Graphics Mnémos Moutons Electriques Nathan Nickel Pika Pocket Jeunesse Rageot Robert Laffont (Collect° R) Scrinéo Soleil Urban Comics Les copains blogueurs
Archives
Archives
Février 2024
|