Infos utiles : Nationalité de l'auteur : Française Éditeur : Mnémos – Collection Dédales – 166 pages Genre : Fantasy Prix : 17 € (GF) Acheter ce livre : Grand Format – Poche – Numérique Mon Avis : Quand on parle de la légende arthurienne bon nombre de personnages qui peuplent cette mythologie vienne à l'esprit : Arthur, Guenièvre, Merlin, Morgause/Morgane, Lancelot, Viviane, Uther Pendragon, pour ne citer qu'eux. Mais il est un des personnages peut-être moins connu du grand public et pourtant important dans cette histoire : Mordred. Le fils illégitime d'Arthur qu'il aura conçut avec nulle autre que sa propre sœur... Et c'est à ce personnage, et à lui seul, que ce titre de Justine Niogret s'intéresse, lui redonnant par là même un peu de la lumière qu'il mérite. Car pour ainsi dire, la foultitude d'adaptations qu'aura connue la légende arthurienne n'aura pas vraiment dépeint ce personnage à sa juste mesure sans doute. Représenté dans une tenue sombre, la plupart du temps, il revêt parfois un masque (comme c'est le cas dans le film Excalibur (1981), avec une armure assortie dans un dorée doucereusement kitsch), mais toujours, présente les mêmes caractéristiques : jalousie, félonie et avidité face au pouvoir. Mais si majoritairement, Mordred est poussé par sa propre mère à chercher vengeance, ce titre nous offrira une toute autre interprétation de la légende. Mordred est avant tout un récit intimiste. Alité depuis bientôt un an, à la suite d'une blessure au dos qui se soigne mal Mordred ressasse sa vie. Le lecteur est plongé dans les pensées errantes du personnage, entre période de rêve (revenant sur son enfance heureuse à gambader dans la nature, à se remémorer quelques rencontres) et période éveillée où il ne devient que souffrance. Le court récit (rappelons qu'il n'est composé "que" de 160 pages) ne s'encombrera guère de personnages secondaires : vous pourrez croiser au grés des pages, Arthur, Guenièvre entre deux portes, Morgause et un certain Polik (entité contrariante pour le jeune Mordred) mais guère plus, tant l'on se focalise sur Mordred. Un corps qui semblait dur et empli de tendons, fort et sec, mais un ventre qui trahissait son âge ; et l'enfant se dit sans aucune pitié, puisque lui-même ne s'était jamais imaginé plus vieux que maintenant, que c'était là le ventre d'un guerrier fatigué. De même, il se tenait les épaules lourdes, et il faudrait encore des années à Mordred pour comprendre qu'on porte avec soi une part de sa vie, des choses dont on ne sait se débarrasser; et même lorsqu'on y parvient, on soutient le poids du travail accompli, et du deuil, et des quêtes perdues et du mal que l'on a fait sans le vouloir. Ici, il n'est point question de la relation incestueuse de Morgause et d'Arthur qui donne naissance à Mordred. Mordred est le "neveu" d'Arthur dans la version de Justine Niogret, et si une ascendance plus proche encore existe, elle n'y est qu'effleurée ou se retrouve sous-entendue par les propres connaissances du lecteur qui cherchera à prêter à ce Mordred tout ce qu'il en connaît. Entre deux délires du personnage, on verra poindre un destin, si ce n'est LE destin... L'autrice nous y amène peu à peu, livrant par là-même une version plus réconfortante que l'histoire initiale, une version plus digérable aussi pour un parricide qui finalement n'était pas un but. Avec un style particulier Justine Niogret nous sert une histoire moyenâgeuse particulière. Un huit-clos entrecoupé de tranches de vie rêvées. L'introspection d'un personnage qui se sait au bord du gouffre et qui pourtant file vers son destin. Mais tout en conférant à ce personnage une aura attrayante qui génère une empathie grandissante pour lui et pour sa vie. Mordred rend finalement Mordred plus humain. En Bref : Un excellent moment dans les pages écrites par Justine Niogret. Je découvre l'autrice avec un titre qui me faisait de l'œil depuis longtemps ! Une plume particulière et entrainante, un personnage principal qui dénote avec les autres personnages de fantasy. Je n'ai pas boudé mon plaisir ! On en parle aussi chez : Joyeux Drille – BlackWolf – Nymeria – Lhisbei – Lorkhan – Xapur – Gromovar – Lune – Julien Le Naufragé – Cornwall
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Infos Utiles : Nationalité de l’auteur : Français Éditeur : Futuropolis – 96 pages Genre : Récit de vie Acheter ce livre : Sur Priceminister Mon Avis : Excursion le long des belles côtes bretonnes, et ce n’est pas par mon côté chauvin mais bien par le talent d’Emmanuel Lepage que ces côtes se voient magnifier en superbe : autant dire que le rendu est époustouflant.
Emmanuel Lepage est une excellente découverte avec cette bande-dessinée et l'art visuel du monsieur m'a tellement fait chavirer que je vais sans aucun doute découvrir (et acquérir) ses autres pépites !
En Bref : La thématique bretonnante aurait tendance à me rebuter de prime abord, mais ici il n'en est rien : l'histoire de l'intrigue s'appuie sur des événements historiques et des légendes celtiques, tout en proposant à son lecteur une vision d'un univers méconnu, le gardiennage d'un phare perdu en pleine mer ! Et quoi de mieux que de parler du phare le plus dangereux au monde ? Ar-men, l'Enfer des Enfers est une véritable pépite sertie dans un écrin absolument magnifique. A lire d'urgence ! Remerciements : Dans le cadre de l'opération #1blog1BD, je tiens à remercier Rakuten Price Minister, et attribue à la BD la note maximale de 20/20 !
Infos Utiles : Nationalité de l'auteure : Française Éditeur : ActuSF - Collection Naos - 504 pages Genre : Science-Fiction Acheter ce livre : Directement chez l'éditeur - leslibraires.fr Mon Avis : Les Abîmes d’Autremer est un space opéra estampillé jeunesse (tant par la première édition Mango, que dans la collection Naos des Indés de l’Imaginaire en version intégrale, qui regroupe : Les Abîmes d’Autremer renommée L’Elue pour l’occasion, L’Envol de l’Abîme et L’Appel des Abîmes), mais qui ravira sans doute n’importe quel lecteur de SF qui a envie de quelque chose de plus soft que de la Hard Science. Car mis à part le fait que la série met en scène des protagonistes plutôt jeunes (n’excédant pas la majorité), les thématiques et les questionnements que soulèvent ce récit, n’ont pas grand-chose à envier aux textes destinés à un public plus mature. Ainsi le premier tome, malgré ses dix-sept printemps, aborde des sujets toujours d’actualité comme la liberté de la presse, le droit à l’information et leurs limites (ou du moins si elles existent) ; la tolérance et le regard à l’autre. C’est au travers du regard acéré de la jeune Sandiane que nous allons découvrir Autremer et ses vaisseaux, les Abîmes. L’apprentie journaliste est un personnage antipathique dès les premières pages du récit, suivant dignement les traces de son père, Sten Ravna, reconnu à travers l’espace comme un journaliste à scandale, prêt à tout pour un scoop. Avec une technologie de pointe, les deux personnages découvrent des secrets cachés depuis bien longtemps par les Autremeriens. Si ces deux individus m’ont tout de suite mise en porte à faux avec la poursuite de ma lecture, l’évolution rapide de la jeune fille m’a tout de même donné envie de continuer ma lecture (et cela sans compter pour mon intérêt grandissant envers les incroyables vaisseaux spatiaux, cœur de l’intrigue). Et puis la fin du premier tome de la série est très vite arrivée… Après ses cent cinquante premières pages j’étais happée, comme une perl à son cervoeil. Les deuxième et troisième tomes ont été de véritables pages-turners et la dernière page fût bien vite tournée. Ce sont vingt-cinq années à Autremer que l’on voit passée. Vingt-cinq ans en compagnie des Maguelonne, l’incroyable famille perl de père en fils (et en fille) et des Ravna, pour qui prime l’information (même si parfois elle dépasse les limites de la décence). Vingt-cinq années durant lesquels le monde présenté au début va changer, s’ouvrant à un espace encore plus vaste qu’il ne l’était, offrant de nouvelles perspectives, des voyages de plus en plus incroyables. Un récit dynastique porté par un amour pour l’humanité et la foi en ce qu’elle pourrait entreprendre avec une espèce telle que les Abîmes (oui parce que si ce sont des vaisseaux, elles ne sont pas que cela…). J’ai adoré voir cet univers se développer. Loin des lignes temporelles habituellement usitées, Les Abîmes d’Autremer offre à voir un monde riche, qui ne cesse de s’étoffer à chaque nouveau tome. Bien sûr, on assiste à une sorte de phénomène cyclique au début de chaque opus, avec la découverte d’un nouveau personnage (à noter qu’il y a deux filles et un garçon qui sont chacun le personnage clef de son opus, les deux familles précitées étant des liants entre les individus), et sa rencontre avec les Abîmes. J’ai surtout apprécié de voir la condition de ces derniers évoluer au cours du temps, leur statut fluctuant rapidement en fonction de leurs prouesses/incartades. J’ai aussi apprécié le peu de descriptions physiques des personnages (laissant libre cours au lecteur de s’en faire une image virtuelle) et le large développement des relations interespèces qui s’opèrent. L’auteure va droit au but, ne s’encombrant que moyennement de fioritures dans son écrit (et c’est mieux à mon sens, quand le public de destination est plutôt jeune), même si certains termes sont un peu complexes au départ. En Bref : une excellente lecture que ces Abîmes d’Autremer. Un récit que j’aurai adoré lire plus jeune (à sa sortie par exemple) mais qui ne m’a cependant pas empêchée de l’adorer avec mes quelques années de plus. Un récit humaniste, empreint de découvertes spatiales et de rencontres avec l’Autre, portant haut des questions comme les limites du droit à l’information, la manipulation médiatique et les joies des shows-télés (aha). Le tout servi par la plume épurée de Danielle Martinigol : pour moi, c’est un grand oui !
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Anglais Traducteur : Amélie Audiberti Éditeur : Folio – 408 pages Genre : Science-fiction (Anticipation) Acheter ce livre : Papier – Numérique – Audio Mon Avis : 1984 est un grand classique de la science-fiction (et plus précisément dans le sous-genre de l’anticipation) que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir. Mais justement : comment vous parler de ce titre, alors que le contexte dans lequel je l’ai lu n’ai pas du tout le même que celui dans lequel il a été écrit ? Comment vous parler d’un titre dont tout le monde a, au moins, une fois entendu parler dans sa vie et c’est déjà fait une opinion plus ou moins juste du récit ? Comment aborder le futur du narrateur, alors que ce futur est déjà loin dans notre passé ? 1984 prend place sur une planète Terre redéfinie en trois grandes puissances : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. L’intrigue se déroule dans la première puissance, où un régime totalitaire mené par Big Brother est depuis longtemps installé et « accepté ». Sans jamais voir l’homme en question, uniquement via des représentations de lui, le peuple suit ses directives au travers des affichages de propagande ou des télécrans. En cela, l’on sent qu’Orwell a été marqué – comme tout un chacun – par la Seconde Guerre mondiale et qu’il a essayé de mettre en perspective les éléments qui ont conduit à cette guerre. Le monde qu’il décrit et la politique installée en Océania sont un clair mélange entre le stalinisme et le nazisme qui eurent cours quelques années auparavant. Winston Smith est le narrateur du récit, et ce qu’on peut clairement qualifier d’antihéros. Dès le début du roman, ce personnage m’a paru nébuleux un peu hors du temps décrit par l’auteur ou plus simplement pas « à sa place ». Son travail au Ministère de la Vérité – qui consiste à réécrire l’Histoire pour qu’elle coïncide avec les désirs du Parti – ne l’intéresse pas, il le juge même insignifiant. Il évolue dans ce monde constitué de multiples règles sans excès d’intention en étant tout simplement là, un personnage tout à fait lambda. « Lambda », c’est assez étonnant de découvrir que le personnage principal de l’histoire et a fortiori le narrateur est qualifiable de lambda… Et finalement ce n’est qu’à partir du moment où Winston prend conscience de son intégration dans la masse, qu’il va commencer à s’en détacher et à devenir intéressant : en transgressant les règles établies, le personnage va prendre de la « consistance », s’étoffer, devenir plus lucide sur le monde l’entourant. C’est là, à partir du moment où il tient son journal tout en se cachant de la surveillance du télécran, qu’il met le doigt sur les problèmes des lois qui régissent Océania. Ce n’est pas l’intrigue qui tiendra le lecteur de bout en bout, car pour tout dire elle n’est, à mon sens, qu’un prétexte à l’exposition des idées de l’auteur sur ce que pourrait devenir le monde dans le futur. On est bien loin du roman d’action qui tient en haleine par sa capacité à proposer des rebondissements mais plus proche du roman introspectif et philosophique. En effet, le titre soulève bon nombre réflexions : l’importance des médias sur la vie de la population ; l’impact de la langue et du langage sur la perception du monde et de son fonctionnement ; comment la manipulation de masses fonctionne-t-elle ; et j’en passe… Questionnements qui ne sont pas étrangers à notre Histoire, qu’elle soit ancienne ou très – trop ? – moderne. Le récit nous est servi de manière implacable, presque descriptive, sans chaleur de la part de l’auteur (mais comment aurait-il pu en être autrement ?). Le tableau est noir, le message tout autant, l’évolution du personnage n’a rien à envier aux romans d’horreur et les tenus espoirs disséminés çà et là dans le récit finissent comme tout le reste, d’horrible façon. Il n’est que trop déconseillé en cas de moral en baisse, mais fortement indiqué dans tous les autres cas de figure. J’aurai pris quelques années pour m'y mettre mais 1984 est un classique dont il aurait été dommage de passer à côté… En Bref : INDISPENSABLE.
Mon Avis : En ce qui me concerne, ouvrir un livre de Jean-Philippe Jaworski est devenu source de satisfaction. Bon là, je sais vous vous dites que je vais faire une troisième chronique élogieuse du monsieur… et vous auriez une nouvelle fois raison. Cela dit, j’aurai tout de même quelques remarques concernant cette lecture en particulier donc ne partez pas tout de suite. Le Sentiment du Fer parut en juin 2015 chez Les Moutons Électriques dans la collection Hélios est un petit recueil de nouvelles s’inscrivant dans l’univers de Ciudalia (autrement dit, le même que le roman Gagner la Guerre et que l’autre recueil de nouvelles qu’est Janua Vera). Il comporte sept nouvelles, hétérogènes quant à la taille de chacune ainsi que dans la qualité (non pas vraiment la qualité, plutôt dans l’intérêt que j’ai pu porter à chacune). La nouvelle Le Sentiment du Fer ouvre le recueil avec un personnage dans la même veine que Benvenuto Gesufal, car Cuervo Moera est un maître assassin qui va se retrouver embarqué dans un imbroglio un peu merdique. La nouvelle est rythmée, s’étale sur une cinquantaine de pages qu’on a du mal à lâcher tant elle nous replonge dans la même ambiance que Gagner la Guerre. Le personnage est intéressant dans le cheminement de sa pensée (on passe de l’action à ce pour quoi il en est là en un rien de temps, et c’est aussi ce qui me séduit dans l’écriture de l’auteur) et la fin m’a laissée un goût d’inachèvement : autrement dit, une envie d’en découvrir bien plus sur ce personnage ! Viens ensuite L’elfe et les égorgeurs, un titre bien glauque pour une mise en abyme joliment présentée. Annoeth, le personnage principal de cette nouvelle se retrouve dans un cul-de-sac qui le conduira forcément à la mort… ou alors sa persuasion aura raison des « égorgeurs ». En commençant la nouvelle je ne savais pas trop à quoi m’attendre, j’ai eu un peu de mal avec les termes alambiqués qu’emploient l’auteur (à trop vouloir utiliser des termes disparus j’ai tendance à penser qu’on perd le lecteur…) et j’ai finalement passé plus de temps à chercher ce que signifiaient ces termes qu’à lire la nouvelle… Cela ne m’a pas empêché de passer un bon moment et d’être ravie de la tournure de l’histoire. Profanation, en plein procès pour détroussage de cadavres, un homme cherche à sauver sa vie. Une histoire un peu glauque avec une présentation des champs de bataille… après bain de sang. Rien de bien reluisant, ni de glorieux mais de la bile, du sang et des gargouillis de suffocations. Le tout apporte la vision de l'après guerre, étoffant un peu plus l'univers de Ciudalia (pourtant déjà bien complet). Désolation s’intéresse à une caste que l’on n’avait pas encore vue dans le Vieux Royaume, à savoir les nains. Une nouvelle qui se déroule dans les galeries souterraines, sans trop savoir le motif réel de la troupe que l’on suit, l’on se retrouve à fuir des poursuivants agressifs et à découvrir des lieux oubliés. De nouvelles créatures qui viennent apporter un peu plus de relief à l’univers tissé par J-P. Jaworski, avec ces personnages intéressants mais manquants de détails (le format du récit y est pour beaucoup bien entendu, j’aurais aimé en savoir plus). La troisième hypostase. L’héroïne que l’on suit dans cette dernière nouvelle est une femme aux pouvoirs mystiques (hérités des elfes et qui lui confèrent, notamment, une longévité improbable pour une humaine). Loin de tout et obligée de se défendre face à un dieu nécromancien, Lusinga paye le prix de la magie. Les échanges entre ces deux personnages sont peaufinés avec soin. Un gros coup de cœur pour cette dernière nouvelle qui vient achever un recueil qui complète à merveille Janua Vera ! En Bref : Mes yeux ont pétillé du début à la fin (*o*). Mais ils ont un peu piqué concernant le boulot d'édition (pas de marges suffisantes, pas de sommaire, j'ai découvert après coup que les 6 nouvelles sur 7 avaient déjà fait l'objet d'une publication, une erreur dans le titre en quatrième de couverture...), bien dommage !
Mon Avis : N’ayant pas lu la quatrième de couverture du roman, me doutant vaguement que Gardner Dozois allait nous entraîner sur un terrain science-fictionnesque, je ne savais pas à quoi m’attendre avec L’Étrangère. La couverture – sobrement classe – laisse entrapercevoir une romance de l’imaginaire, « interraciale » avec un homme et une extra-terrestre. Ce qui est exactement le cas. Cependant pour en arriver là, Gardner Dozois avance pas à pas, nous présentant d’abord la rencontre des deux êtres et une contextualisation assez précise du déportement des quelques humains sur cette planète. J’y ai retrouvé avec plaisir des êtres que j’ai déjà pu croiser dans Le Chasseur et son Ombre (dont le texte a été co-écrit avec George R.R. Martin et Daniel Abraham), avec les personnages des Enye(s). Ensuite vient la romance, et je dois avouer que j’ai ressentie une sorte de description un peu froide des événements, scientifique presque. Au départ cela m’a un peu déroutée, puis je m’y suis faite et j’ai vraiment apprécié cet angle, qui change totalement des récits de ce genre. L’aspect clinique donne une toute autre dimension au récit et à l’histoire qui se joue sous nos yeux. L’Étrangère, c’est un peu l’histoire de Pocahontas transposé dans un univers SF. Le beau John Smith est ici un Joseph Farber un peu fatigué par la nouvelle planète qu’il doit « coloniser » et la jolie indienne est représentée par Liraun Jé Genawen, s’avérant tout aussi mystérieuse que Pocahontas. La transposition est excellente, et l’on se met à réinterroger une énième fois le « bien » fondé de l’apprentissage et de l’appropriation de la culture étrangère. D'autres thématiques abordées m'ont fait tantôt frémir, tantôt rire jaune : la modification génétique de l'Homme via les technologies extraterrestres, les questions de religion et jusqu'où sont prêt à aller des adeptes pour complaire aux dieux... C'est une magnifique histoire d'amour entre un humain et une E.T. que nous propose Gardner Dozois, auquel s'ajoute tout l'intérêt de la science-fiction (enfin de mon avis), une reconsidération de l'Histoire ou des choix de l'humanité. Une fin sublimement amenée, toute triste qu'elle est, à l'image de l'histoire de l'Amérindienne. En Bref : J'ai passé un excellent moment de lecture avec L'Étrangère. J'ai retrouvé Gardner Dozois avec un plaisir auquel je ne m'attendais pas moi même. On a là une romance extraterrestre qui sort des sentiers battus et qui se révèle des plus agréables ! À découvrir.
Infos Utiles : Nationalité de l'auteur : Canadienne Editeur : Bragelonne – 827 pages –18 chapitres Genre : Fantasy Acheter ce livre : Grand Format – Poche – Numérique Mon Avis : Cela faisait un petit bout de temps que je n'avais pas dédié mon temps de lecture à un bon gros pavé de fantasy. Le dernier en date étant le deuxième opus de la série Le Bâtard de Kosigan… Et en commençant Renégat je ne m'éloignais pas trop de la thématique du mercenaire et des auteurs férus d'Histoire ! Mais passons. Le Chevalier Rouge est le premier tome de la série, Renégat, qui s'annonce très, très prometteuse. Si la trame, fort grossière, de l’intrigue pourra en faire sourire certains quant à son absence d’originalité (une guerre qui s’annonce entre la Nature et l’Homme), de même que le pari de prendre pour fer de lance un personnage aussi énigmatique qu’anonyme, en la personne du Chevalier Rouge – un capitaine mercenaire –, il n’en est cependant rien en ce qui concerne le restant du livre. En premier lieu, ce qui marque c’est le choix de la narration de l’auteur : une sorte de roman chorale où le point de vue interne aurait été gommé au profit d’un narrateur externe s’intéressant, l’espace d’un instant, à la vie d’un être plus ou moins important de la société – et par extension qui apporte un certain intérêt dans la narration. Les « bons », les « mauvais » et les autres, ceux pris bien souvent entre deux feux, Miles Cameron fait le pari de leur donner voix et, cela donne bien plus d’étoffe à l’ensemble du récit. On a tous les points de vue – ou presque – et pourtant l’auteur arrive à surprendre dans les choix qui s’opèrent dans chaque camp. Bien entendu cela offre une galerie de personnages des plus conséquentes (tout en étant bien loin du nombre de Game of Thrones, je vous vois venir), qui est un peu difficile à aborder au premier abord. Qui est qui, qui fait quoi et où se passe l'action – par ailleurs l'absence de carte dans l'édition bragelonienne se fait sentir assez rapidement et le choix éditorial de situer chacun des personnages floute d'avantage la compréhension au départ. C'est bien simple je pensais que Lissen Carak était une personne, alors qu'il s'agit d'une ville –, etc. Le nombre de noms est important, et finalement il m'aura fallu quelques dizaines de pages pour vraiment m'y repérer. Dans cette foultitude de protagonistes, je dois dire que j'ai particulièrement accroché avec les représentations féminines. Loin d'être de parfaites greluches, Cameron présente des femmes fortes tant du point de vue politique (Desiderata), guerrier (L'Effrontée) et religieux (l'abbesse / Amicia) ; les pendants masculins sont très nombreux – et surreprésentés –, mais ces femmes prennent une part importante du récit, ce que j'ai trouvé fort appréciable. D'autant que les échanges entre le Chevalier Rouge et l'Abbesse sont particulièrement caustiques. Comme je le disais plus haut, la trame de l’intrigue semble manquer cruellement d’originalité, loin s’en faut car tous les éléments qui ont été créé par l’auteur pour ficeler son récit s'éloignent des habitudes de la fantasy : les créatures font peau neuves, sauf en de très rares cas ; les peuples « primitifs » ne servent pas uniquement de décorum ; la magie revêt divers aspects. D'autant que pour installer confortablement son intrigue, l'auteur prend son temps. Il faut dire que le monsieur est spécialisé dans cette période, le Moyen-Âge, et qu'il est donc "normal" d'avoir pléthore de détails sur le fonctionnement d'une compagnie de mercenaires à cette époque, des différents protocoles qui régissent les interactions entre les protagonistes, ou encore de l'installation d'un siège pour défendre une forteresse, etc. A titre personnel, ces quantités de détails m'ont encore plus intéressé au récit que je ne l'étais déjà, ce fut donc un point très positif ! Le récit n'est évidemment pas dénué d'actions. Les escarmouches semées çà et là dans le récit ne sont que des amuses bouches en attendant la bataille "finale" qui opposera les différentes armées. Mais ces premières permettent de faire tenir le lecteur dans un certain équilibre et d'entrecroiser les moments calmes et les échanges sanglants. Echanges sanglants qui par ailleurs, sont très imagés, servit par la plume de l'auteur (et par son amour pour la période qui se fait ressentir jusque dans la description de l'entrée de la lame dans le corps de l'ennemi). En Bref : Une lecture dense, riche en personnage, forte de détails médiévaux et pour ma part prenante de bout en bout. Un premier roman, qui place Miles Cameron dans la tête des auteurs à suivre en fantasy médiéval (et ça tombe bien puisque la parution du tome 3 est prévue pour cette année chez Bragelonne toujours). S'il traîne dans votre PAL : c'est le moment de le dépoussiérer !
Infos Utiles : Nationalité de l'auteur : Américaine Éditeur : Bayard Jeunesse - 509 pages - 27 chapitres Genre : Jeunesse - Fantastique - Références aux contes Acheter ce livre : Papier Mon Avis : Un titre accrocheur, une couverture tape à l’œil et une quatrième de couverture attirante, il ne m’en aura pas fallu plus pour que je mette ce livre dans mon panier ! En démarrant cette lecture, tournant les pages sans vraiment m’en rendre compte, j’étais en train de me dire que j’avais entre les mains un de ces livres qu’on a du mal à lâcher et qui sera un titre de plus ajouté à ma rubrique coup de cœur. Et finalement, je dois le dire c’est quasiment le cas ! Le livre démarrait assez étonnement et m’a envoyé dans une direction qui n’était pas du tout la bonne. Avec un titre pareil je m’attendais un tant soit peu à une réécriture de conte ou du moins, à quelques références çà et là. Quand après quelques pages, l’héroïne a une belle-mère et deux belles-sœurs qu’elle n’apprécie que moyennement tant elles lui demandent trop de choses, je me suis dit que j’avais entre les mains une énième réécriture de Cendrillon, et je me suis légèrement braquée. Ô combien je me trompais : le propos n’est pas du tout dans ce détail de l’intrigue. Elizabeth, l’héroïne principale de ce roman, est une personne altruiste qui accepte de participer à un entretien d’embauche pour devenir bibliothécaire dans un endroit un peu spécial… Puisque la bibliothèque dans laquelle elle va travailler, n’héberge pas des livres mais des objets de toutes sortes. Dès le début de l’histoire, on sait – ou du moins, on sent – que quelque chose de fantastique, de merveilleux va débarquer. Quand on apprend que la bibliothèque héberge une collection portant le nom de Grimm, le lecteur n’a qu’une hâte : découvrir cette collection, un peu à l’image de l’excitation de l’héroïne. Mais l’auteure a la bonne idée de faire languir Elizabeth et le lecteur si désireux de réponses. Habillement, elle fait monter la tension pour enfin livrer un début du secret qui abrite la fameuse collection. J’ai adoré la façon dont l’auteure a traité le sujet des contes, une sorte de réécriture par objets interposés afin de s’affranchir des codes des histoires initiales, tout en conservant les références que le lectorat a acquisent depuis son enfance. L’intrigue est solide et bien ficelée, mais pour tempérer un peu mon propos je dois dire que bien entendu, il s’agit d’un roman jeunesse et que par conséquent, on voit venir « facilement » certains moments / révélations, etc. Mais j’ai pris ce livre comme il est, à savoir un livre avec pour public cible des gens plus jeunes que moi… alors je ne peux pas en tenir rigueur à l’auteure ! Concernant les personnages, j’ai trouvé que la galerie proposée était très intéressante et offrait assez de diversité pour donner un peu plus de poids à la globalité de l’histoire. Après je dois dire que les amourettes sont assez prévisibles (même si j’ai eu un léger doute l’espace d’un instant). L’auteure a décidé d’installer un monde fiable et très intéressant pour pouvoir y revenir dans d’autres histoires. J’ai donc hâte de découvrir le deuxième titre déjà paru en français « L’Expédition H.G. Wells », qui s’inscrit dans le même univers mais avec des personnages différents. En bref : Une intrigue prenante, des références aux contes des frères Grimm sans pour autant en faire des tonnes, des personnages attachants : La Malédiction Grimm m’a complètement happée ! Je suis sous le charme de l’univers de l’auteure et me tournerais facilement vers ses autres romans.
Infos Utiles : Nationalité de l'auteur : Française Editeur : Gulf Stream - Collection Electrogène - 248 pages - 18 chapitres Genre : Fantastique - Jeunesse Acheter ce livre : Papier - Numérique Mon Avis : Avec une couverture aussi sobrement classe et un package surprenant (vous ne le voyez pas, mais la tranche est orange vif), il fallait que je mette la main sur Brainless. Brainless est le nom du personnage principal, enfin son pseudo, entré tellement dans les mœurs que certains ne se souviennent même plus de son vrai nom : Jason. Comme le tueur de Vendredi 13… Dès les premières pages on apprend que Brainless est un zombie. Mais un zombie qui s’éloigne très nettement des zombies que le jeune homme adore dans les vieux films de Romero. Un zombie sans accès de violence mais avec quelques bugs de temps en temps. Le détachement de Jérôme Noirez vis-à-vis des « codes » est bienvenue, permettant de suivre un personnage touchant et intelligent*. *Sous condition bien entendu – il ne s’appelle pas Brainless sans raison. En dehors de Brainless, la galerie des personnages est très étoffée, de personnages clichés qui pavent habituellement les récits d’ado implantés aux Etats-Unis. On y retrouve donc à loisirs : la pimbêche pom-pom, qui ne jure que par son apparence physique, Cassidy ; le joueur de football (américain, cela va s’en dire) qui essaye en vain de se détacher de l’image du capitaine qui doit automatiquement se maquer avec une pom-pom girl, Tom ; la fille gothique de la classe, Cathy ; les deux inséparables, Jim et Tony ; et du copain lourdingue vouant un culte à la couleur jaune, Ryan. A oui et j’oubliai, le proviseur, qui n’en a plus rien à faire de son lycée : Monsieur Ortiz. Cliché, je vous l’avais dit ! MAIS, cette galerie de personnages aussi vu, qu’attendu, n’est pour ainsi dire, pas le nœud du problème soulevé par Brainless. Sans vous spoiler, le thème du zombie n’est finalement qu’un prétexte pour appuyer là où ça fait mal… tout en proposant un roman drôle, documenté et entrainant. L’American Way of Life en prend pour son grade avec sa libre circulation des armes (qui a évolué, politiquement parlant, depuis) et sa nourriture grasse (qui elle n’a pas évolué). Dès les premières pages, on apprend que Brainless a survécu à une tuerie, qui a eu lieu dans son lycée. Et puis plus rien, enfin si, on repart des mois avant l’attaque et on découvre comment Jason est devenu Brainless… Jusqu'à ce que le lecteur se rende compte qu’on arriverait, inexorablement, à ce jour fatidique. L’intrigue est très bien menée, entrecoupée d’interludes qui retracent la pensée de Brainless. Je parlais de documentation plus haut, je pense surtout aux références à des œuvres de la culture Z. Romero est cité de nombreuses fois (c'est le papa de La Nuit des Morts-Vivants, réalisateur qui s'est spécialisé dans ce genre là), mais l'auteur fait également référence à des films que Brainless juge moins bon, à des tueurs en série, à des personnages tueurs en série, etc. En bref : Une excellente découverte, à la limite du coup de cœur. L'histoire est addictive, le personnage principal attachant. Le côté zombie surprend dans ce monde où les humains peuvent être pires que les "monstres". Brainless propose une critique de l'American Way of Life, dans ses côtés les plus sombres. A lire d'urgence !
Mon Avis : Ça fait maintenant un petit moment que j'ai lu ce recueil, sans parvenir à faire une chronique potable. Non pas que celle-ci soit dans cet état maintenant, mais bon il faut bien que je vous parle de ce livre ! Comme je ne fais jamais rien dans le bon ordre... J'ai découvert l'écriture de Jean-Philippe Jaworski par son premier roman Gagner la Guerre. Que j'avais absolument adoré - aussi bien l'écriture que le récit lui-même. Me voici avec sa première publication un recueil de nouvelles s'inscrivant dans le même univers narratif. J'ai bien peur de prendre l'étrange habitude d'encenser le môsieur à chaque fois que j'ouvrirai un de ses bouquins... Avec huit nouvelles, on pourrait s'attendre à ce qu'une - au moins - soit bien en dessous des sept autres, mais ce n'est pas le cas. De Janua Vera, la première nouvelle jusqu'à celle intitulée Le Confident, les nouvelles happent le lecteur et l'entraînent sur des sentiers aussi diverses qu'étouffants. Bon bien entendu, toutes ne parleront pas de la même manière à tous les lecteurs (personnellement j'ai eu le plus de mal avec les deux nouvelles déjà citée) mais il faut reconnaître à ce monsieur la qualité qu'il apporte aux détails, à la nuance qui fera que son lectorat en ressortira satisfait. Janua Vera est l'histoire la plus ancienne du Vieux Royaume, elle évoque le cauchemar du Roi-Dieu. Histoire la moins prenante pour moi, trop portée sur l'onirisme, Janua Vera reste très bien écrite - comme le reste du recueil - mais ne m'a pas embarqué dans elle et ses éventuelles ouvertures sur d'autres mondes. Mauvaise Donne aurait déjà pu m'avoir rien qu'avec Benvenuto Gesufal et nos retrouvailles. Après Gagner la Guerre, cet anti-héro m'a quelque peu manqué... Avec cette cinquantaine de page on découvre comment ce malfrat s'est retrouvé à travail avec Leonide Ducatore, le Podestat de Ciudalia. Avec sa scène atroce et rebondissements, la nouvelle donne le ton pour le roman qui suivra. Vous vous en doutez, il s'agit donc de la nouvelle que j'ai préféré. Le Service des Dames présente une autre facette du Vieux Royaume, celle des chevaliers plus ou moins errants servant les dames en détresse... Enfin si l'on peut dire, car ici, honneur et loyauté ne font que rimer avec sournoiserie et mensonge. Nouvelle qui s'est révélée excellente pour l'habileté à parler des personnages. Une Offrande très Précieuse, dont le héros principal Cecht, un barbare écervelé, se réveille sur un champ de bataille. Le côté barbare stupide m'a un peu surprise - en mal - mais l'évolution du personnage à travers des terres ennemis m'a plus convenu. Le Conte de Suzelle très cru, nous fait rencontrer une jeune fille de village plus tentée par l'errance dans les montagnes que par le pliage du linge de la maisonnée. Elle rencontrera un jeune homme, une sorte de prince charmant sorti des bois, qu'elle pensera être l'homme de sa vie, il lui fera une promesse qu'il finira par tenir, des années plus tard. L'histoire est très belle mais pleine de mélancolie et finalement de tristesse. Jour de Guigne, après Mauvaise Donne, la nouvelle qui s'est clairement démarquée pour moi. Avec un ton bien plus léger que le reste du recueil, Jour de Guigne relate la journée cauchemardesque d'un scribe tombé sur un vieux palimpseste maudit. Avec cette nouvelle, mes émotions ont été assez simple : amusement et surprise ! Un Amour Dévorant... Je me souviens de fantômes et de résurgence du passé - mais pas bien plus, la nouvelle ne m'a pas marqué autant que je le pensais. Le Confident ou le prêtre qui a décidé de faire vœu d'obscurité. J'ai trouvé la nouvelle assez glauque, puisqu'on se retrouve cloîtré dans l'esprit de ce religieux en proie à ses propres pensées... En bref : Encore une fois je suis séduite par l'écriture de Jean-Philippe Jaworski. Toutes ses nouvelles présentes un réel intérêt (malgré quelques lacunes dans ma mémoire), dans le développement de son Vieux Royaume. Excellent recueil pour démarrer avec l'auteur.
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