Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Française Éditeur : Folio – coll. SF – 688 pages Genre : Fantasy Acheter ce livre : leslibraires.fr Mon Avis : Dense. C’est le premier terme qui me vient à l’esprit pour vous décrire Port d’Âmes. Que ce soit le foisonnement des personnages, leur caractère et épaisseur dans le récit, qu’il s’agisse de l’intrigue et des rebondissements mais aussi dans la forme du roman tout y est étoffé. Il s’agissait de ma première incursion dans l’univers d’Evanégyre, et la faire au travers des yeux de Rhuys Ap Kaledán m’a émerveillé. Aniagrad, la ville de tous les désirs, où tout peut s’acheter et/ou se vendre offre un décor riche et saisissant. J’ai immédiatement pensé à Camorr (Les Salauds Gentilshommes) et à Ciudalia (Gagner la Guerre), deux villes pourries jusqu’à la moelle où le pouvoir n’appartient pas à ceux qu’on croit. Rhuys arrive dans la ville au début du récit et se retrouve avec les vestiges laissés quelques années plus tôt par son père. Dans sa démarche de redorer le nom de sa famille, il s’associe à des amis de feu son père. Ainsi démarre l’aventure du jeune homme, qui se retrouve bien vite à nager dans des eaux infestées de requins bien humains. C’est donc l’univers qui frappe en premier le lecteur avec sa qualité de détails et les choix opérés par l’auteur, notamment l’ambiance bien particulière qui règne à Aniagrad. Ensuite, bien entendu, le personnage principal y est pour beaucoup. Tel un roman initiatique – tout en n’en proposant pas la temporalité –, Port d’Âmes offre à Rhuys l’opportunité de vivre son idéalisme au grand jour, de même que sa naïveté… Deux choses qui l’entraineront dans des situations improbables et dangereuses. Mais le personnage grandit, évolue, apprend de ses erreurs (malgré quelques rechutes en chemin) et c’est aussi un des points qui m’a intéressé : découvrir comment Rhuys allait s’extraire des situations (physiquement et mentalement). Enfin vient l’intrigue, et son lot de complots, de vengeances et de traitrises qui parsèmeront le récit, accrochant un peu plus le lecteur. Car si l’univers est riche, l’intrigue n’en est pas moins fournie. Pourtant de prime abord, on pourrait y voir un énième arc narratif relatant les aventures palpitantes d’un jeune éphèbe déchu cherchant à venger son nom, sauvant femmes et enfants de la corruption ou de la lie, et se défendant d’attaques psycho-perfides du grand méchant. Mais ça serait sans compter sur les éléments indispensables que sont la dranaclase et la conversation dranique ou le transfert, qui viennent alambiquer tout ça (car rien ne sera simple dans la compréhension du monde de Monsieur Davoust, il faudra y trouver vos propres réponses). D’ailleurs, c’est cette « magie mémorielle » qui m’a le plus intrigué. Le transfert a été pour moi source de bon nombre de questionnements car j’ai trouvé cela tout à la fois fascinant (pour les perspectives qu’il offre) et inquiétant (pour l’avenir des personnages). Toutefois, malgré une intrigue éminemment prenante, le récit manque parfois de rythme (en raison des introspections constantes du personnage principal au détriment parfois d'un peu d'action). En Bref : un récit prenant pour son univers magique et riche en détails, une intrigue qui tient la route mais manquant parfois de rythme et un personnage qui ne fera qu’évoluer durant tout le récit. Je vais retourner en Evanégyre, c’est certain ! Remerciements : Merci à Bookenstock pour cette découverte et ce mois de... Et merci à Lionel Davoust d'avoir répondu à notre myriade de questions !
6 Commentaires
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Anglais Traducteur : Amélie Audiberti Éditeur : Folio – 408 pages Genre : Science-fiction (Anticipation) Acheter ce livre : Papier – Numérique – Audio Mon Avis : 1984 est un grand classique de la science-fiction (et plus précisément dans le sous-genre de l’anticipation) que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir. Mais justement : comment vous parler de ce titre, alors que le contexte dans lequel je l’ai lu n’ai pas du tout le même que celui dans lequel il a été écrit ? Comment vous parler d’un titre dont tout le monde a, au moins, une fois entendu parler dans sa vie et c’est déjà fait une opinion plus ou moins juste du récit ? Comment aborder le futur du narrateur, alors que ce futur est déjà loin dans notre passé ? 1984 prend place sur une planète Terre redéfinie en trois grandes puissances : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. L’intrigue se déroule dans la première puissance, où un régime totalitaire mené par Big Brother est depuis longtemps installé et « accepté ». Sans jamais voir l’homme en question, uniquement via des représentations de lui, le peuple suit ses directives au travers des affichages de propagande ou des télécrans. En cela, l’on sent qu’Orwell a été marqué – comme tout un chacun – par la Seconde Guerre mondiale et qu’il a essayé de mettre en perspective les éléments qui ont conduit à cette guerre. Le monde qu’il décrit et la politique installée en Océania sont un clair mélange entre le stalinisme et le nazisme qui eurent cours quelques années auparavant. Winston Smith est le narrateur du récit, et ce qu’on peut clairement qualifier d’antihéros. Dès le début du roman, ce personnage m’a paru nébuleux un peu hors du temps décrit par l’auteur ou plus simplement pas « à sa place ». Son travail au Ministère de la Vérité – qui consiste à réécrire l’Histoire pour qu’elle coïncide avec les désirs du Parti – ne l’intéresse pas, il le juge même insignifiant. Il évolue dans ce monde constitué de multiples règles sans excès d’intention en étant tout simplement là, un personnage tout à fait lambda. « Lambda », c’est assez étonnant de découvrir que le personnage principal de l’histoire et a fortiori le narrateur est qualifiable de lambda… Et finalement ce n’est qu’à partir du moment où Winston prend conscience de son intégration dans la masse, qu’il va commencer à s’en détacher et à devenir intéressant : en transgressant les règles établies, le personnage va prendre de la « consistance », s’étoffer, devenir plus lucide sur le monde l’entourant. C’est là, à partir du moment où il tient son journal tout en se cachant de la surveillance du télécran, qu’il met le doigt sur les problèmes des lois qui régissent Océania. Ce n’est pas l’intrigue qui tiendra le lecteur de bout en bout, car pour tout dire elle n’est, à mon sens, qu’un prétexte à l’exposition des idées de l’auteur sur ce que pourrait devenir le monde dans le futur. On est bien loin du roman d’action qui tient en haleine par sa capacité à proposer des rebondissements mais plus proche du roman introspectif et philosophique. En effet, le titre soulève bon nombre réflexions : l’importance des médias sur la vie de la population ; l’impact de la langue et du langage sur la perception du monde et de son fonctionnement ; comment la manipulation de masses fonctionne-t-elle ; et j’en passe… Questionnements qui ne sont pas étrangers à notre Histoire, qu’elle soit ancienne ou très – trop ? – moderne. Le récit nous est servi de manière implacable, presque descriptive, sans chaleur de la part de l’auteur (mais comment aurait-il pu en être autrement ?). Le tableau est noir, le message tout autant, l’évolution du personnage n’a rien à envier aux romans d’horreur et les tenus espoirs disséminés çà et là dans le récit finissent comme tout le reste, d’horrible façon. Il n’est que trop déconseillé en cas de moral en baisse, mais fortement indiqué dans tous les autres cas de figure. J’aurai pris quelques années pour m'y mettre mais 1984 est un classique dont il aurait été dommage de passer à côté… En Bref : INDISPENSABLE.
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Français Éditeur : Folio SF – 289 pages Genre : Thriller - Fantastique Acheter ce livre : Papier Mon Avis : De Léo Henry, j’ai pu me délecter de sa collaboration avec Jacques Mucchielli dont le titre Sur le Fleuve a été édité aux éditions Dystopia et également de sa nouvelle Fe6 !! ou La Transformation de Bobby J. Fischer parut dans l’anthologie des Utopiales de 2014. Alors quand La Panse a été annoncé aux éditions Folio SF, je n’ai pas pu résister. J’ai retrouvé l’écriture nerveuse et directe de Léo Henry. Sans fioritures et allant à l’essentiel, le décor et l’ambiance sont posés, certes rapidement, mais imposent au lecteur une image toute particulière. La Panse ou la digestion d’une humanité dans une jungle urbaine, archi-bétonnée aux lignes verticales allant toujours plus haut mais plongeant aussi dans les tréfonds de la ville. De quoi se sentir oppressé. Après la lecture, une balade dans le quartier de La Défense ne sera, à mon avis, plus jamais la même. Nous voici plongés dans un récit prenant, nous entraînant avec le personnage principal dans une spirale infernale à la recherche d’une sœur disparue. Une enquête qui, tout au long du récit, sera menée par un personnage lambda, effacé au possible et plutôt du genre suiveur. Une enquête qui mènera le lectorat à se questionner sur la construction du quartier d’affaires parisien (puisque aucun plan des sous-sols n’existe) ou encore à s’interroger sur l’appartenance à un groupe (ou plutôt ici à une secte). Durant la lecture, on est amené à découvrir les choses au même rythme que Bastien (le personnage principal) et puisque celui-ci ne sait rien de l’organisation secrète millénaire à qui il va être confronté, le déroulement de l’intrigue est un peu nébuleux. On avance à tâtons et ce, du début jusqu’à la fin du récit. Fin tout à fait dans la continuité de l’histoire (qui en aura, sans doute, frustré plus d’un). Avec ces métamorphoses dignes de Kafka et sa légende urbaine ancrée dans notre univers contemporain, La Panse serait, à mon sens, un bon livre de transition pour celles et ceux qui voudraient passer des lectures de thriller vers des titres plus fantastique et inversement. En Bref : Une vraie bonne surprise avec La Panse et son ambiance toute particulière. Un récit rythmé et prenant magistralement servit par l’écriture de Léo Henry. Pour les curieux : voici une interview de l'auteur (Léo Henry) à propos de La Panse. Remerciements : Je tiens à remercier Livraddict et les éditions Folio SF de m'avoir fait découvrir ce titre.
Infos Utiles : Nationalité de l'auteur : Américain Éditeur : Folio SF - 336 pages - 20 nouvelles Genre : Fantastique / SF Acheter ce livre : Papier Mon Avis : Après avoir dévoré Fahrenheit 451, j’avais très envie de poursuivre ma découverte de l’auteur Ray Bradbury. Ayant entendu parler de l’Homme Illustré dans un épisode de Criminal Minds (on trouve ses inspirations où l’on peut), ce titre m’avait donné envie c’était donc l’occasion de mettre la main dessus. J’ai d’abord été surprise de constater qu’il s’agit d’un recueil de nouvelles « déguisé ». Pourquoi déguisé, me direz-vous. Tout simplement car le pitch de base, un homme aux tatouages mouvants en fonction du futur et de l’instant présent, nous amène à chacune de ces nouvelles que nous lirons, il faut bien le dire, avec délectation. Oscillant entre les genres de la science-fiction et du fantastique, chacune des nouvelles transporte le lecteur dans un ailleurs possible. Ainsi on découvrira avec horreurs des crimes enfantins, des découvertes et colonisations de planètes, des auteurs morts, des réalisateurs et j’en passe. Certaines des nouvelles m’ont moins accroché que d’autres (c’est un de mes problèmes quand je me lance dans un recueil et malheureusement Bradbury n’a pas dérogé à la règle), mais globalement l’ensemble se tient est particulièrement accrocheur. La prose du maitre est toujours un régal malgré sa « simplicité ». L’auteur happe et horrifie plutôt qu’il ne ravit, distillant avec habileté messages et idées sur la vie. C’est décidé, je continuerai ma découverte de l’auteur. En Bref : Un des recueils de nouvelles qui me marquera le plus, notamment avec la toute première nouvelle La Brousse. Une écriture qui invite le lecteur à réfléchir et qui laisse une impression positive. L’Homme Illustré est pour moi un des rares titres qui atterrit dans ma pile « A Relire ».
Mon Avis : Fahrenheit 451, un classique dystopique que je n’avais, jusqu’alors, jamais eu entre les mains. J’avais vaguement entendu parler de l’intrigue, la lecture est bannie et les livres sont brûlés et ça s’arrêtait là. Découvrir que le protagoniste principal est un pompier chargé, non pas d’éteindre les incendies, mais de les créer m’a tout de suite plu. Bien entendu, le fait que Guy Montag, le personnage principal, remette en question les agissements de son équipe a été un plus non négligeable. A propos de ce personnage j’ai eu au départ du mal à m’identifier à lui, à m’y attacher vraiment. Pour moi dans les premières pages, il a l’air de se laisser aller dans son environnement, d’être en « pilote automatique ». Et en cela, la découverte de son lieu de vie, de sa maison vient complètement renforcer cet aspect. Sa femme est totalement dans cette optique, elle n’a d’yeux que pour les écrans qui l’entourent et laisse la vraie vie lui passer à côté. Mais ce qui m’a le plus marqué dans Fahrenheit 451 est sans conteste l’univers dépeint par Ray Bradbury. Humanité qui se délite, le bonheur a disparu si ce n’est dans la contemplation, l’amour n’existe plus (même si l’on se met à y croire le temps de quelques pages). La tirade de Beatty, à propos de la culture de masse et du nivellement vers le bas des différents supports, fait froid dans le dos (ressenti renforcé par la société actuelle). Tout comme l’absence de réaction de la population vis-à-vis de la guerre – pardon, une femme dont le mari sans va, a un sursaut de conscience mais éphémère. Les trois parties qui composent l’ouvrage vont crescendo. La dernière m’a vraiment surprise au départ et en y réfléchissant, l’auteur ne pouvait pas vraiment proposer une autre solution, allant ainsi jusqu’au bout de sa vision. En Bref : Un classique que je découvre seulement maintenant, mais à mon avis mes lectures passées m’ont fait bien plus apprécier cette dystopie. Ray Bradbury propose un univers dérangeant tant il peut faire écho à ce que l’on connait. A lire ! (si ce n’est pas déjà fait).
Infos Utiles : Nationalité de l’auteur : Française Éditeur : Folio SF – 281 pages – 3 parties / 34 chapitres Genre : Fantasy Asiatique Acheter ce livre : Papier – Numérique Mon Avis : Voilà un ouvrage qui me faisait envie depuis bien longtemps. La Voie du Sabre est un roman d'initiation, installé dans un univers de fantasy au paysage nippon. Le personnage principal, Mikédi est un jeune homme naïf qui va apprendre la vie, et la Voie du Sabre auprès d’un grand : Miyamoto Musashi. Quel ne fut pas ma stupeur quand, une fois bien installée dans l’intrigue du roman, j’apprends que ce dernier personnage fait partie intégrante de l’Histoire du Japon, un philosophe mais surtout un des plus grands escrimeurs qu’ait connu le pays. Thomas Day s’est donc appuyé sur l’histoire de cet homme pour développer son roman et l’installer dans un univers merveilleux. Et même si Miyamoto n’est de prime abord pas le personnage principal du roman, il n’en reste pas moins le personnage le plus intéressant et autour de qui tout gravite. Le roman est rédigé à la première personne et, par le regard de Mikédi, l’on découvre les us et coutumes du pays des quatre Poissons-Chats. L’enfant n’a pas 10 ans quand il rencontre pour la première fois, celui qui sera sous peu son maître. Et ce que je peux vous dire c’est que dès les premières lignes j’ai eu bien du mal avec le personnage principal… Fils de seigneur, le jeune homme ne se prend pas pour un moins que rien, il a de l’importance dans ce paysage nippon et il le sait. Avec l’arrivée de Musashi et ce qu’il demande au père de Mikédi, à savoir prendre son fils pour apprenti, il était facile de se dire que l’enfant allait devenir moins imbu de lui-même. L’intrigue est donc assez classique dans sa globalité : l’élévation d’un élève au rang de son maître. Mais – oui, il était évident qu’il allait mettre son grain de sel celui-ci – je dois dire que le traitement est assez loin de ce à quoi je m’attendais. La façon qu’à Musashi d’inculquer son enseignement est comme qui dirait particulier. Il ne transmet pas sa connaissance mais donne la possibilité d’apprendre, en mettant l’enfant en situation, ainsi celui-ci se retrouve devant un arbre et devra réaliser un bateau s’il souhaite avancer. Il se retrouvera dans un bordel dont le fonctionnement ressemble étrangement à un jeu (il faut un nombre de pion pour atteindre le niveau suivant, l’objectif étant d’atteindre le big boss…), ou encore sera apprenti marmiton et ne fera que récurer les plats. Etrange dans la forme donc, mais assez intéressant dans le fond. Du moins quand on sait où le maître Musashi veut en venir. Le roman est construit de manière logique et offre une fin des plus surprenantes – du moins à mon sens. J’ai été agréablement surprise par cette fin à laquelle je ne m’attendais pas, même si elle doit être loin de satisfaire tous les lecteurs. Et je peux clairement le comprendre tant les choix du héros sont en inadéquation avec les préceptes de son maître. Concernant l’écriture de Thomas Day, cette première rencontre me donne clairement envie de poursuivre dans les univers de cet auteur. On sent qu’il apprécie le monde asiatique et qu’il l’apprécie suffisamment pour avoir du recul et « critiquer » aussi ses fondements. En Bref : Une première rencontre avec l’univers de Thomas Day appréciable. La Voie du Sabre offre un roman initiatique classique, mais un univers et des finalités peu communs. Le tout est servi par une très jolie écriture et une documentation (ou simplement un certain amour) sur le monde asiatique appréciable.
Mon Avis : Enfin j’arrive au bout de ce roman écrit à six mains ! Commencé il y a un mois environ, je pensais le lire bien plus vite, mais j’ai commencé beaucoup de livres en parallèle ces derniers temps et généralement quand une des histoires me happe, je n’ai plus d’yeux que pour elle, or ce ne fut pas trop le cas ici. Le Chasseur et Son Ombre retrace le parcours surprenant d’un terrien exilé sur une planète nommée Sao Paulo. Et la nature humaine est ainsi faite que l’homme devient un assassin dès les premières pages du livre. Ramon Espejo devient très vite insupportable pour son entourage et, dans une moindre mesure, pour le lecteur (grossièreté et arrogance étant les deux caractéristiques principales de cet homme). Il s’enfuit quand il sent que ça barde pour lui en ville. Ainsi donc, et malheureusement, le lecteur se retrouve en tête à tête – littéralement – avec les pensées de cet individu. Rien de bien joli. Alors quand il découvre la présence d’une nouvelle sorte d’extraterrestre cachée sous une montagne… On se dit que l’intrigue va prendre un tournant, ce qui est le cas bien entendu – sinon je ne serais pas arrivé à bout de ces pages. Ramon fait ainsi la rencontre de Maneck, qu’il ne cessera d’abreuver de surnom grossier, que l’extraterrestre ne comprendra bien évidemment pas. J’ai trouvé intéressant l’emploi d’une sorte de laisse organique, assez intéressante mais très limitante à mon avis, aussi bien pour Maneck que pour Ramon. Le développement de l’intrigue est abouti, avec une évolution logique de la pensée de Ramon, mais j’ai trouvé que le tout manquait cruellement de rythme. Certains passages deviennent presque ennuyeux tant il ne s’y passe rien. Alors bien entendu, certaines surprises sont agréables à la lecture, mais d’autres sont un peu convenues. La traque du fameux homme par Ramon et Maneck prévoit l’inévitable… ce qui ne manque pas d’arriver. Ce travail à six mains, est assez flou dans sa construction on ne sait pas où s’achève le travail de l’un et où commence le travail d’un autre. Je n’ai pas retrouvé l’écriture de George R.R. Martin, si ce n’est dans la description des pierres et roches dans la première partie du roman. Et quand on sait qu’il a été le deuxième auteur à travailler sur le projet et que c’est Daniel Abrahams qui a achevé le manuscrit, ça peut donc se comprendre… Mais j’avoue que je pointe là un détail qui m’a déçu. Un point bien meilleur à souligner est le choix des auteurs de se baser sur une population hispanique pour peupler ce planet opera, habituellement très peu représentée (voire pas du tout) dans un récit de SF... La fin du récit reste ouverte, ce que j’apprécie généralement mais qui ici avait un goût d’inachèvement. En bref : Un récit à six mains qui se lit, mais manquant de rythme sur une bonne longueur du roman. Un personnage principal insupportable, heureusement qu’il ne s’agit pas d’une série, je ne pense pas que j’aurai poursuivi la lecture. Ressenti en demi-teinte, c’est loin d’être un coup de cœur mais ce n’est pas non plus un « mauvais » livre.
Mon Avis : Ça fait maintenant un petit moment que j'ai lu ce recueil, sans parvenir à faire une chronique potable. Non pas que celle-ci soit dans cet état maintenant, mais bon il faut bien que je vous parle de ce livre ! Comme je ne fais jamais rien dans le bon ordre... J'ai découvert l'écriture de Jean-Philippe Jaworski par son premier roman Gagner la Guerre. Que j'avais absolument adoré - aussi bien l'écriture que le récit lui-même. Me voici avec sa première publication un recueil de nouvelles s'inscrivant dans le même univers narratif. J'ai bien peur de prendre l'étrange habitude d'encenser le môsieur à chaque fois que j'ouvrirai un de ses bouquins... Avec huit nouvelles, on pourrait s'attendre à ce qu'une - au moins - soit bien en dessous des sept autres, mais ce n'est pas le cas. De Janua Vera, la première nouvelle jusqu'à celle intitulée Le Confident, les nouvelles happent le lecteur et l'entraînent sur des sentiers aussi diverses qu'étouffants. Bon bien entendu, toutes ne parleront pas de la même manière à tous les lecteurs (personnellement j'ai eu le plus de mal avec les deux nouvelles déjà citée) mais il faut reconnaître à ce monsieur la qualité qu'il apporte aux détails, à la nuance qui fera que son lectorat en ressortira satisfait. Janua Vera est l'histoire la plus ancienne du Vieux Royaume, elle évoque le cauchemar du Roi-Dieu. Histoire la moins prenante pour moi, trop portée sur l'onirisme, Janua Vera reste très bien écrite - comme le reste du recueil - mais ne m'a pas embarqué dans elle et ses éventuelles ouvertures sur d'autres mondes. Mauvaise Donne aurait déjà pu m'avoir rien qu'avec Benvenuto Gesufal et nos retrouvailles. Après Gagner la Guerre, cet anti-héro m'a quelque peu manqué... Avec cette cinquantaine de page on découvre comment ce malfrat s'est retrouvé à travail avec Leonide Ducatore, le Podestat de Ciudalia. Avec sa scène atroce et rebondissements, la nouvelle donne le ton pour le roman qui suivra. Vous vous en doutez, il s'agit donc de la nouvelle que j'ai préféré. Le Service des Dames présente une autre facette du Vieux Royaume, celle des chevaliers plus ou moins errants servant les dames en détresse... Enfin si l'on peut dire, car ici, honneur et loyauté ne font que rimer avec sournoiserie et mensonge. Nouvelle qui s'est révélée excellente pour l'habileté à parler des personnages. Une Offrande très Précieuse, dont le héros principal Cecht, un barbare écervelé, se réveille sur un champ de bataille. Le côté barbare stupide m'a un peu surprise - en mal - mais l'évolution du personnage à travers des terres ennemis m'a plus convenu. Le Conte de Suzelle très cru, nous fait rencontrer une jeune fille de village plus tentée par l'errance dans les montagnes que par le pliage du linge de la maisonnée. Elle rencontrera un jeune homme, une sorte de prince charmant sorti des bois, qu'elle pensera être l'homme de sa vie, il lui fera une promesse qu'il finira par tenir, des années plus tard. L'histoire est très belle mais pleine de mélancolie et finalement de tristesse. Jour de Guigne, après Mauvaise Donne, la nouvelle qui s'est clairement démarquée pour moi. Avec un ton bien plus léger que le reste du recueil, Jour de Guigne relate la journée cauchemardesque d'un scribe tombé sur un vieux palimpseste maudit. Avec cette nouvelle, mes émotions ont été assez simple : amusement et surprise ! Un Amour Dévorant... Je me souviens de fantômes et de résurgence du passé - mais pas bien plus, la nouvelle ne m'a pas marqué autant que je le pensais. Le Confident ou le prêtre qui a décidé de faire vœu d'obscurité. J'ai trouvé la nouvelle assez glauque, puisqu'on se retrouve cloîtré dans l'esprit de ce religieux en proie à ses propres pensées... En bref : Encore une fois je suis séduite par l'écriture de Jean-Philippe Jaworski. Toutes ses nouvelles présentes un réel intérêt (malgré quelques lacunes dans ma mémoire), dans le développement de son Vieux Royaume. Excellent recueil pour démarrer avec l'auteur.
Mon Avis : Immersion dans la légendaire et sanglante vie de ce bout de femme d'à peine 20 ans, à la tête de près de milles mercenaires, Cendres. Enfin, c'est le nom qu'elle s'est donné. A l'image du Bâtard de Kosigan de Fabien Cerutti, le récit s'alterne entre deux époques différentes : la première, celle de notre actualité est un échange épistolaire entre un scientifique qui a découvert un manuscrit oublié (Le Livre de Cendres) et son éditrice qui s'évertue à faire en sorte que le livre soit traduit en langue commune et paraisse pour le reste du monde. Tandis que l'autre, s'avère être les traductions du fameux manuscrit par le scientifique, qui sont envoyées à son éditrice. Les deux parties ont des rythmes bien distincts et haches un peu la lecture, la partie "actuelle" étant bien moins rythmé que les récits de la vie de Cendres. Toutefois ces échanges de lettres et de mails, permettent de mettre en perspective les découvertes scientifiques et historiques qu'imposent la découverte d'un tel récit et l'impact que cela pourrait avoir sur le monde historico-scientifique. De plus, il se passe des choses surprenantes - malgré ce manque de rythme - qui viennent remettre en question pas mal d'événements, ce qui vient titiller jusqu'à l'opinion du lecteur sur sa propre Histoire. Dans chacune des parties, la documentation de Mary Gentle sur la période qu'elle décrit se ressent. Les détails sur les noms de tels ou tels pièces d'armure, sur la justesse de mettre deux personnages ayant réellement existé dans la même pièce, tout cela transparaît tellement, que l'on sent les recherches de l'auteure et ceci de manière trop marquée, c'est dommage mais c'est là vraiment le seul bémol que je trouverai à l'écriture de l'auteure. Côté personnages, j'avoue mettre par moment perdue. Entre les Bourguignons, les Français, l'apparition des Carthaginois, des Anglais, je n'arrivais plus à m'en sortir. Mais finalement ce ne sont pas eux les personnages importants, il y a Cendres que j'ai déjà cité maintes fois : avec sa jeunesse trop vite usée, ses joues balafrées, la divinité qui lui parle dans sa tête à coups de stratégies militaires, à son commandement de près de 800 mercenaires, la jeune femme n'a rien à envier aux grands noms de la fantasy. Conan, Druss, Elric... n'ont qu'à bien se tenir : ce bout de femme pourrait leur botter les fesses aisément. Et les personnages qui l'entourent ne sont - évidemment - pas en reste. J'avoue avoir eu un faible pour Florian, il reste un des amis de Cendres qui ose encore lui dire la vérité en face et il reste un des personnages les plus "droits", son secret ne lui donne pas ce statut particulier à mes yeux, mais ça le rend peut-être plus humain que le reste de la troupe. Et Fernando, ce jeune premier qui fait tâche dans ce paysage de rustaud, vient donner un peu de piquant dans l'intrigue qui se tisse autour de l'héroïne. L'histoire de Cendres s'impose dans un premier temps comme une oeuvre de Fantasy, tirant sur la dark (fantasy), avec sa troupe de mercenaires, mais aussi sur une fantasy historique et religieuse et bascule vers l'uchronie. Un ovni donc, qui finalement arrive à mêler l'intégralité de ces genres dans un tout cohérent. Du moins pour le moment, car ce tome-ci ne pose que les jalons d'une oeuvre qui promet bien des surprises - mais ça je le saurais en lisant la suite du récit de Cendres. En Bref : Une alternance de récits qui a son intérêt. Une héroïne très agréable à suivre, pour qui rien n'est acquis, des rebondissements à foison, un univers qui dépoussière les codes : ce livre est à lire d'URGENCE !
Mon Avis : Deuxième livre choisi par ma bînome, XL, pour le Destockage de pal en duo de l’été, me voici plongée dans le Royaume de l’été. Dans sa construction ce livre sort largement des sentiers battus de la fantasy « classique ». Mixant le thriller et le passage dans un univers de médiéval fantasy basique, ce livre est venu perturber mes acquis sur le genre. Même si ses 500 pages m’ont distrait et fait passer un bon moment, j’en ressors tout de même avec l’impression que ces différents genres, ici, ne fonctionne pas. Je m’explique : à trop vouloir mélanger les références et les codes, on se perd ! Au final, on ne sait pas très bien si on a une histoire traitant de la psychologie de Maureen, qui cherche à échapper à un passé douloureux, ou bien d’un conte arthurien revisité (et entre nous cette partie-là ne sert pas l’intrigue mais seulement de référence au lecteur), ou encore d’un récit fantastique merveilleux… Concernant les personnages, là encore je reste perplexe. Maureen, psychotiquement instable – je l’ai déjà dit – se retrouve entraîné dans un imbroglio improbable. Elle serait une sorcière – soit – qui serait parmi les rares femmes à pouvoir engendrer des progénitures fécondables… elle devient donc très désirable pour tous les mâles du Royaume de l’été. La jeune femme est séquestrée, on l’empêche de dormir, de se laver, de se nourrir, mais elle en ressort, tel Wonder Woman, en femme forte arracheuse de tête… Sceptique, donc, je suis. - Quand ça devient grave, je me transforme en Yoda... Et puis, il y a Brian, Jo et David. Le trio improbable formé par les délires de Maureen. Le couple formé par Jo et David est un peu le négatif de celui de Brian et Maureen, le premier est épanouit et s’accepte totalement, tandis que le deuxième encore à ses prémices a du mal à se trouver. Les personnages servent le récit, apportent un peu de mélo et de sexe (il y en a très peu dans le récit, mais il y en a). Du côté des méchants j’ai trouvé particulièrement intéressant Dougal, avec son désir de dominer des chasseurs, ce personnage apporte vraiment un plus dans le récit (plus le personnage est atroce est plus je suis fascinée par l’inventivité des auteurs). Concernant Fiona et Sean, j’avoue avoir eu l’impression de les avoir déjà croisé dans d’autres œuvres et ne m’ont pas autant fasciné. Les jumeaux incestueux ne pensant qu’à leur profit, ça rappel quelque chose, non ? En bref : une intrigue mélangeant les genres, des personnages pas forcément cohérents, malgré un moment de lecture sympathique, je reste moyennement satisfaite par l’ensemble du livre.
|
SUR LA TABLE DE CHEVETLES DERNIÈRES CHRONIQUESUN PEU DE TRIAuteurs
Éditeurs
Tous les éditeurs ActuSF Ankama Black Moon Bragelonne Casterman Dargaud Delcourt Dupuis Dystopia Workshop Folio SF Glénat Hugo & Cie Humanoïdes et Associés J'ai Lu Ki-oon Livre de Poche (Le) Lombard (Le) Martinière Jeunesse (La) Milady Milady Graphics Mnémos Nathan Nickel Pika Pocket Jeunesse Rageot Robert Laffont (Collect° R) Scrinéo Soleil Urban Comics Les copains blogueurs
Archives
Archives
Avril 2019
|