Mon Avis : Immersion dans la légendaire et sanglante vie de ce bout de femme d'à peine 20 ans, à la tête de près de milles mercenaires, Cendres. Enfin, c'est le nom qu'elle s'est donné. A l'image du Bâtard de Kosigan de Fabien Cerutti, le récit s'alterne entre deux époques différentes : la première, celle de notre actualité est un échange épistolaire entre un scientifique qui a découvert un manuscrit oublié (Le Livre de Cendres) et son éditrice qui s'évertue à faire en sorte que le livre soit traduit en langue commune et paraisse pour le reste du monde. Tandis que l'autre, s'avère être les traductions du fameux manuscrit par le scientifique, qui sont envoyées à son éditrice. Les deux parties ont des rythmes bien distincts et haches un peu la lecture, la partie "actuelle" étant bien moins rythmé que les récits de la vie de Cendres. Toutefois ces échanges de lettres et de mails, permettent de mettre en perspective les découvertes scientifiques et historiques qu'imposent la découverte d'un tel récit et l'impact que cela pourrait avoir sur le monde historico-scientifique. De plus, il se passe des choses surprenantes - malgré ce manque de rythme - qui viennent remettre en question pas mal d'événements, ce qui vient titiller jusqu'à l'opinion du lecteur sur sa propre Histoire. Dans chacune des parties, la documentation de Mary Gentle sur la période qu'elle décrit se ressent. Les détails sur les noms de tels ou tels pièces d'armure, sur la justesse de mettre deux personnages ayant réellement existé dans la même pièce, tout cela transparaît tellement, que l'on sent les recherches de l'auteure et ceci de manière trop marquée, c'est dommage mais c'est là vraiment le seul bémol que je trouverai à l'écriture de l'auteure. Côté personnages, j'avoue mettre par moment perdue. Entre les Bourguignons, les Français, l'apparition des Carthaginois, des Anglais, je n'arrivais plus à m'en sortir. Mais finalement ce ne sont pas eux les personnages importants, il y a Cendres que j'ai déjà cité maintes fois : avec sa jeunesse trop vite usée, ses joues balafrées, la divinité qui lui parle dans sa tête à coups de stratégies militaires, à son commandement de près de 800 mercenaires, la jeune femme n'a rien à envier aux grands noms de la fantasy. Conan, Druss, Elric... n'ont qu'à bien se tenir : ce bout de femme pourrait leur botter les fesses aisément. Et les personnages qui l'entourent ne sont - évidemment - pas en reste. J'avoue avoir eu un faible pour Florian, il reste un des amis de Cendres qui ose encore lui dire la vérité en face et il reste un des personnages les plus "droits", son secret ne lui donne pas ce statut particulier à mes yeux, mais ça le rend peut-être plus humain que le reste de la troupe. Et Fernando, ce jeune premier qui fait tâche dans ce paysage de rustaud, vient donner un peu de piquant dans l'intrigue qui se tisse autour de l'héroïne. L'histoire de Cendres s'impose dans un premier temps comme une oeuvre de Fantasy, tirant sur la dark (fantasy), avec sa troupe de mercenaires, mais aussi sur une fantasy historique et religieuse et bascule vers l'uchronie. Un ovni donc, qui finalement arrive à mêler l'intégralité de ces genres dans un tout cohérent. Du moins pour le moment, car ce tome-ci ne pose que les jalons d'une oeuvre qui promet bien des surprises - mais ça je le saurais en lisant la suite du récit de Cendres. En Bref : Une alternance de récits qui a son intérêt. Une héroïne très agréable à suivre, pour qui rien n'est acquis, des rebondissements à foison, un univers qui dépoussière les codes : ce livre est à lire d'URGENCE !
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Mon Avis : J’ai mis un certain temps à me lancer dans les aventures d’Irmine et de son frère, Helbrand, peut-être à cause de ma petite déception de Druide et du temps que j'avais mis à le lire, mais quand se fut enfin le cas, j’ai pris mon temps pour le savourer. Si la trame de départ semble somme toute assez classique dans sa structure (deux frères, orphelin de père et de mère, lutte pour leur survie en proposant leur service comme assassin dans un univers médiéval fantastique), elle s’étoffe, devient un vrai nœud politique, avec l’arrivée dans l’intrigue des personnages comme Karmalys, roi de Palerkan, Kassis, princesse prisonnière de son propre château ou encore Akinessa « La Main Douce », sœur et confidente du roi. Le royaume devient un grand échiquier, sur lequel se joue une partie des plus complexes entre Karmalys et Huparn Cavall, le chef de fil d’une peuplade souhaitant recouvrir sa liberté. Si je parle de complexité, c’est surtout qu’on sent que Cavall joue toujours trois coups d’avance par rapport à son adversaire, mais on sait pas bien comment. Et pourtant je pensais au départ, que le premier avait tout simplement une chance inouïe, au fil des pages et assez rapidement, je me suis rendu compte que je m’étais trompée. Même si cette guerre en préparation prend une grande partie de l’intrigue, les héros de notre histoire n’en reste pas moins Irmine et Helbrand, les deux Arserkers. Caractérisés par des yeux dorés et une capacité au combat inégalée par les simples humains, les Arserkers ont été exterminé par le père du roi Karmalys. Nos deux frères essaient, autant que faire se peu, d’échapper à la cruelle mais néanmoins active Rey Ley, la loi du roi. Par un concours de circonstances, les deux assassins se retrouvent embauchés à la surveillance de la princesse prisonnière, Kassis à Alerssen, ville centrale du pays, grouillante de vie. Les liens qui vont unir les trois personnages sont très intéressants et sont traités sur une majeure partie du roman, même s’il ne s’agit pas là du cœur de l’intrigue. En tant que lecteur on s’attache à ces deux anti-héros, autant pour l’un avec sa « timidité » et son silence, que pour l’autre, entourloupeur et coureur de jupons. C’est assez grossier comme description mais ça traduit l’essence des deux personnages. Quant à Kassis, si au départ je l’ai trouvé un peu cruche – pardonnez-moi l’expression –, cette princesse cloîtrée dans son palais évolue énormément dans ce premier tome et devient un des personnages que j’ai le plus apprécié. Je pourrais vous citez les autres personnages, comme Opimer, qui malgré son statut de Père Carnage à une histoire contée dans une vieille auberge qui m’a chaviré ; Optany, le garde surnommé Papa ; l’Intendant Guyarson, bien sûr avec son attitude toute paternel envers Kassis et sa capacité à tenir une ville entière ; sans parler d’Akinessa. Bien entendu, les personnages seuls, ne tiennent pas le lecteur alerte, puisque l’intrigue, les passages sur l’histoire du pays ou encore les complots qui se jouent sous ses yeux, sont autant d’éléments qui font de Martyrs un ouvrage étoffé et clairement prenant. Pages après pages je me suis extasiée de l’univers créé par Olivier Peru, complexe par ses jeux de pouvoirs, étendu par cette myriade de peuplade, vivant par ses descriptions d’Alerssen. Mais bien entendu, si vous avez déjà vu quelques avis par-ci, par-là, vous savez déjà que ce qui est le plus surprenant c'est bien la fin ! Bon sang de bonsoir ! Et quel fin ! Si certains éléments ne m'ont pas des masses surpris, d'autres m'ont laissé... comme deux ronds de flan. Non mais je parle sérieusement ! En bref : Une excellente lecture en compagnie de gens pourtant peu fréquentables, un univers riche et détaillé, des complots et de l'amour ! Un seul regret : de ne pas l'avoir sorti plus tôt de ma PAL...
On les retrouve à peine quelques heures après leur fuite en bateau, et les événements qui surviennent ensuite leur font poursuivre leur quête d’identité. L’univers est toujours aussi épatant , s’élargissant même avec ce Nord bien frisquet, qui cache beaucoup de choses. Les trois compères sont fidèles à eux-mêmes : attachants et drôles. Malgré une disparité entre eux qui se creusent, tant d'un point de vue caractériel que de leur position social, une amitié franche et sincère s'est définitivement installée entre eux. Dans ce deuxième opus, on voit ces trois personnages, Olen, Karib et Nils évoluer au gré des pages avançant sur la pointe des pieds dans une univers qui leur est toujours aussi étranger. Le trio s’enlise dans leur quête d’identité, se fourvoie et nous entraîne sur de fausses pistes. Ce deuxième tome est aussi celui des révélations, car deux de nos héros retrouvent leur identité, ce qui permet de donner un second souffle à l'intrigue et à l’intérêt général de la série. J’avoue avoir eu peur de me retrouver dans une quête identitaire sur trois tomes entiers… Heureusement les révélations sont belles et biens présentes, cataclysmiques, incroyables et pour ma part inimaginables. La surprise fut donc entièrement au rendez-vous et je me suis délectée de la tournure des événements et de la "nouvelle" vie de chacun. Stupéfaction suprême : cette fin !! Deuxième livre de Monsieur Katz en quelques semaines, je m’attendais un peu à une pirouette finale mais pas de cette ampleur. Et bien entendu, je n’ai pas la suite sous la main, ce qui est une réelle frustration. En bref : Aussi bon que le premier, si ce n'est meilleur encore, ce tome 2 offre à ses lecteurs les révélations tant attendues. Ou du moins en partie, car si l'on a des débuts de réponses, le sac de nœud dans lequel on se retrouve embarqué est bien loin d'être démêlé ! A lire ! Non ... A dévorer !
Le Bâtard de Kosigan, tome 1 : L'Ombre du Pouvoir de Fabien Cerutti
Avant-Propos : Avec les Imaginales qui arrivent à grands pas, il fallait que je me "débarrasse" de quelques titres de ma PAL dont les auteurs seront présents. Ma série commence donc avec le Bâtard de Kosigan de Fabien Cerutti. Un ami m'avait annoncé que ce serait bien mais sans plus ... Je suis heureuse de dire que d'après moi il s'est trompé. Mon Avis : Pierre Cordwain de Kosigan n'est pas qu'un simple bâtard. Gagnant sa vie comme homme de main, il s'entoure d'une équipe aussi habile que lui pour mener à bien des missions plus que ... délicates. Durant tout le récit on sent que le mercenaire est en mission, sans vraiment parvenir à mettre le doigt sur ce qu'il est en train d'accomplir. Il faudra attendre la fin du récit pour "comprendre" les tenants et les aboutissants de toutes ces mises en scène, encore que, rien n'est moins sûr ... Le deuxième tome - sorti le 16 avril - promet donc quelques surprises ! Le Bâtard de Kosigan loin des aventures épiques se déroule sur une petite semaine, lors d'un tournoi si typique du Moyen Âge. S'enchaînent joutes équestres et combats d'épées, avec bien évidemment quelques touches sanglantes... On n'a que peu de temps pour souffler tant les événements surviennent à un rythme effréné. Outre cet excès d'activités, les passages politiques sont également présents et - bien évidemment - indispensables. En effet, l'histoire du Bâtard de Kosigan s'inscrit dans l'Histoire - avec un grand "H", s'il vous plait. Bourguignons, Anglais et Français se tirent la bourre pour des terrains supplémentaires et des alliances qui pourraient être très intéressantes. Tout ça sur un fond historique du milieu du XIVe avec en supplément des dragons et des elfes. Mais attendez, n'allez pas croire que le récit en est empli, au contraire, les différentes espèces sont finalement très peu présentes dans le récit et ne sont en aucun cas le point central de l'intrigue. Encore que, une nouvelle fois, on puisse en douter. Les personnages sont foisonnants, mais permettent un paysage fort intéressant. J'avoue avoir eu un peu de mal au début avec les différents comtes, ducs et princes mais au final j'ai réussi à m'y retrouver. Je parlerai rapidement de Dun, un des rares personnages féminins d'importance. Elle fait partie des mercenaires de Kosigan et a une particularité qui est vraiment bien exploitée dans le récit, je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous spoiler, mais j'ai franchement adoré ce personnage, assez complet, qui je l'espère sera encore bien présent dans le deuxième opus. Mais le récit de Pierre n'est pas le seul du livre puisque le lecteur fait un bond dans le temps pour atterrir 500 ans plus tard, auprès d'un de ses descendants. Kergaël de Kosigan, un scientifique à la recherche de l'Oeil d'Odin, reçoit un héritage surprenant : son aïeul, Pierre Cordwain de Kosigan lui a laissé tous ses biens. Ce qui est assez étonnant c'est la forme que prend cette partie du récit, car il s'agit des lettres que l'homme envoie à un ami pour lui relater ses dernières aventures ... Et sa vie n'est pas toujours calme ! J'avoue avoir été un peu moins séduite par cette partie du texte, trop "ancrée dans le réel" à mon goût. En plus, ces lettres viennent souvent couper la lecture alors que l'action est à son comble - encore un auteur sadique, laissant le lecteur dans un suspense quasi intenable ; je me suis faite violence pour ne pas sauter ces dits chapitres ... Du côté de l'écriture de l'auteur, eh bien, je n'ai rien à y redire. On sent que les expressions ont été cherché, ou du moins que l'auteur c'est vraiment appuyé sur sa profession initiale (un prof d'histoire quand même !). Le souci du détail est présent jusque dans les annexes de fin qui viennent nous éclairer sur les équivalences monétaires actuelles et passées, ainsi que sur les distances. Le tout est très fluide, on a des précisions sur certains termes avec, notamment, des notes de bas de page. Finalement le seul bémol que je relèverai est sans doute, la trop grande facilité du héros à ce sortir du pétrin ou a séduire une jolie femme... un peu trop conditionné pour moi. En bref : Une excellente lecture, avec un personnage principal complexe, qui arrive à cacher énormément de chose au lecteur malgré un point de vue interne (malgré l'écueil sus-cité). Des personnages secondaires tout aussi intéressants et agréables à suivre. Et une histoire très prenante ! Que demande le peuple ?
Kushiel, tome 2 : L’Élue de Jacqueline Carey
vu par les yeux d'une héroïne comme vous n'en avez jamais rencontré et que vous n'oublierez jamais. Mon Avis : Trois bons mois après la lecture du premier tome et la publication de mon avis, je me plonge une seconde fois dans les aventures trépidantes de la - encore - jeune Phèdre, élue de Kushiel. Une nouvelle fois, me plonger dans l'univers tissé par Jacqueline Carey fut chose aisée. Malgré ma légère peur de ne pas réussir à me retrouver dans les personnages, le premier quart du roman reprend les éléments qui sont survenus durant le premier livre. Si pour certains la redondance est trop importante - ce que je peux comprendre, surtout pour celles et ceux qui auraient directement enchaîné les deux lectures, personnellement ces rappels étaient clairement indispensables, car bons nombres des menues détails qui ornent l'intrigue m'avaient complètement échappé ... Outre le fait de re-disséminer ça et là des éléments marquant de sa première intrigue, Jacqueline Carey reprend - plus ou moins - la même trame que la précédente, et puisqu'elle avait bien marché, pourquoi pas ? J'espère juste que le troisième tome ne sera pas sur le même plan (tout va bien, survint un incident, Phèdre voyage voyage, plus loin que ... ok je sors !)... Quant il a été clair que le schéma allait être sensiblement le même j'ai eu un petit moment de "mou" dans ma lecture, me lassant d'avance de la poursuite de l'intrigue. Mais au final, la lecture - même si elle est très semblable à La Marque - reste suffisamment prenante et intéressante pour qu'on si attache jusqu'au bout. L'auteure ne ménage pas ses personnages et elle en créer des nouveaux, absolument formidables d'un point de vu narratif (je pense notamment à Kazan Atriabades, oui bon si vous ne connaissez pas encore mon culte pour les pirates ... vous voilà prévenu). Si dans le premier tome j'avais été frustrée de ces petites phrases lâchée par l'héroïne en plein milieu de l'intrigue, venant divulguer des informations sur certains personnages qui ne se dérouleraient pas avant des années, le deuxième tome ne m'a pas franchement marqué par ce genre de petites touches elliptique. Phèdre révèle quelques éléments clefs dans la dernière partie du roman, mais cela m'a tout de même moins gênée. Et autant je ne m'étais pas reposée avec l'intrigue du premier tome - la surprise aidant certainement - autant sur ce deuxième tome, j'ai trouvé que certains passages s'étiraient en longueur et venaient ralentir considérablement le rythme soutenu du reste du livre. Je ne saurais dire sur quel personnage rejeter la faute, mais sans doute le doit-on au méchant avec un grand M, car on s'attend forcément à ce qu'il repointe le bout de son nez, et il tarde à venir ... Et avec la fin de ce tome 2, la lecture du tome 3 sera très attendue ! Le bémol du premier tome je ne l'ai pas retrouver dans ce deuxième tome, car j'ai eu plus de facilité à voir les paysages et dans quel genre d'endroit Jacqueline Carey a implanté ses personnages. Élément essentielle et fort agréable à mes yeux ! Pour en revenir à l'histoire en elle-même, l'auteure reste fidèle à elle-même : de la politique et des complots en veux tu en voilà ; de nouvelles religions, toutes aussi intéressantes que le culte de Namaah ; de nouveaux peuples et des cultures différentes. Ce deuxième tome confirme donc ma première impression : avec Kushiel, une toile complexe - aux ramifications nombreuses - est habilement tissée. Et pour finir, les personnages : retrouver Phèdre fut certes agréable, mais j'attendais surtout de voir l'évolution de sa relation avec Joscelin et je dois dire que je n'ai pas été déçue ! Mais j'ai eu aussi un énorme coup de cœur pour Fortun, Rémy et Ti-Philippe ... Et puis Kazan, personnage très intéressant avec une vraie histoire de fond et véritable régal ! Encore une très très bonne lecture, avec une certaine appréhension : la fin arrivera si vite, plus qu'un tome ... Autres avis de la LC :Challenges :Le Déchronologue de Stéphane Beauverger
Mon Avis : Voilà un objet bien curieux que le Déchronologue. Mr Beauverger nous embarque sur les mers Caraïbes en plein milieu du XVIIe siècle, en compagnie du capitaine pirate, Henri Villon. La première chose que l'on remarque, c'est le découpage du livre. Suffit de jeter un coup d’œil à la table des matières pour se rendre compte que quelque chose cloche : les chapitres sont datés et n’apparaissent pas dans le bon ordre. A chaque chapitre nous ne cesseront donc de faire des sauts dans le temps tantôt vers le futur tantôt vers le passé : ce qui peut paraître déroutant dit comme ça, je l'avoue, mais qui au final m'a permit d'être sans doute plus attentive à la datation. Mais il est vrai que remettre les événements dans un ordre chronologique comme on est habituellement tenté de faire est dans ce cas quasi impossible (à moins bien sur de lire le livre non pas en fonction de la pagination mais dans l'ordre chronologique des chapitres). Et voilà le point clef du bouquin : le temps. Alors oui, avec un titre pareil on aurait pu s'en douter, mais le traitement du sujet est tel, que je n'aurai pas pu me l'imaginer avant de commencer cette lecture. Prenez donc un pirate en plein XVIIe siècle, ajoutez y des rencontres avec des espagnols, des amérindiens, jusque là tout va bien ... Mettez en fond sonore du Bob Dylan (là ça se corse), qui bien entendu sort des enceintes du dernier lecteur de musique repêché. Voilà donc ce qu'est le Déchronologue, un Caraïbes historique avec des éléments du futur qui surgissent ça et là. Dans un premier temps je me suis dis que ça donnerait lieu à une certaine réflexion sur l'usage qu'allait en être fait de tous ces anachronismes, sur les perspectives que cela allait permettre aux gens de l'époque ... Mais pas du tout, les hommes arrivent à trouver l'usage des objets futuristes (de la musique à la lampe torche), et ne cessent finalement de se battre pour récolter le maximum de ses maravilla (merveille en espagnol). Un peu de découragement vis-à-vis de l'humanité ?? Allons bon ! J'ai apprécié qu'on reste au même niveau de connaissance que celui du personnage principal : à savoir, ne pas connaître grand chose de cet ennemi surgit du futur, surnommé une ou deux fois "Le Hollandais Volant". On dérive nébuleusement sur les eaux, à bord du Chronos, puis du Toujours Debout et enfin sur le pont du Déchronologue, dans un désordre mesuré. Car oui, bien entendu, l'auteur choisit ses coupes de chapitrages pour faire languir son lecteur d'une façon toute perverse. Mais étonnement c'est aussi cela qui m'a fait apprécier l'entièreté de l'intrigue. Attendre le fin mot de l'histoire, essayer d'entrapercevoir un début d'explication qui me permettrait de démêler la toile du temps qui s'est tissé dès la première ligne. De quoi donné le tournis aussi par moment ... Un autre point clef à mettre en avant est l'écriture de Stéphane Beauverger, on sent l'amoureux des beaux mots, mais également l'écrivain qui n'a pas froid pour se mouiller dans un langage aussi fleurit que celui des pirates ou d'un simple capitaine de navire, c'est cru mais franchement indispensable, n'est-ce pas mes gorets !? Bref j'espère que vous l'aurez compris, une excellente lecture que je vous enjoins vraiment à découvrir ! Challenges :
Kushiel, tome 1 : La Marque de Jacqueline Carey
Mon Avis : Voilà un de ses livres qui traînent dans ma PAL depuis quasiment le début de sa constitution ... J'ai été attiré par ce livre, non pas par sa couverture (qui entre nous ne m'a pas fait chavirer), mais par l'avis de Melisande sur ce livre (et rien que son pseudo n'est pas sans rapport avec le récit qui suit). A peine acheté, je m'étais plongée dans l'histoire de Phèdre, mais après une centaine de pages englouties, je n'avais pas trouvé le temps - ni tout à fait le courage - de poursuivre la lecture de ce pavé. Finalement c'est la sortie de la trilogie au format poche chez Milady qui m'a boosté pour finalement revenir à ma lecture. Mais je n'avais pas envie de me lancer seule alors j'ai proposé une LC sur le forum Livraddict. Me replonger dans l'histoire de la jeune servante de Naamah fut d'une simplicité telle que je me demande encore comment j'avais pu abandonner une première fois. Cette facilité est en grande partie dû à l'écriture de Jacqueline Carey, si les personnages sont foison on arrive tout de même à si retrouver, ce qui n'est pas, de prime abord, évident. La table de présentation des personnages ne m'a pas été d'une grande utilité ... C'est Phèdre elle-même qui nous relate son histoire, tantôt décidant de taire des événements qui lui sont chers tantôt détaillant avec précision ce qu'elle a vécut des années auparavant. Certains passages furent, de ce fait assez frustrant, et par moment j'ai trouvé que mon plaisir était gâché par des phrases anodines qui anticipent pleinement l'événement qu'elle décrit ensuite. Mais tout cela est vraiment minime par rapport à l'ensemble du récit. Le parti prit de l'auteure de rédiger son ouvrage à la première personne est satisfaisant, puisque l'on découvre les personnages au même rythme que Phèdre, que l'on sait ce qu'elle pense et ce qu'elle ressent. Tout n'est pas mesuré dans les actions de la jeune femme : elle peut être dans le retenu ou au contraire totalement impétueuse, ce qui en fait un personnage principal intéressant, intriguant et vraiment agréable à suivre. Je n'ai pas réussi à anticiper toutes ses actions, les surprises furent nombreuses lors de cette lecture. Dans ce tome, les actions s'enchaînent à une cadence effrénée, ce qui fait qu'à aucun moment je ne me suis ennuyée. Même Phèdre souffle et s'effondre quand enfin elle comprend que c'est terminé ... S'il y a eu un deuxième manquement pour moi dans ce livre c'est au niveau du paysage, j'avais du mal à implanter la villa de Delauney, la maison Cereus, les temples de Namaah ou encore le palais du roi dans la ville d'Elua, car, et cela n'engage que moi, le décor de la ville en elle-même est très peu exploité. Cependant tous les lieux que je viens de citer, sont très bien décrits et laisse suffisamment de place à l'imagination du lecteur pour que chacun puisse se faire une idée qui leur sera propre. Non là où est excellente Jacqueline Carey, c'est dans l'élaboration des religions qui ont court dans l'univers qu'elle s'est créé et dans ses systèmes politiques. Une pluralité de divinité, avec des mythes comme il en existe pour nous. Des dieux que tous vénèrent où presque, chaque divinité vénéré par une caste (des guerriers cassilins, aux courtisanes des maisons de la ville d'Elua). Quant aux systèmes politiques et bien on passe du raffinement des d'Angelins à la barbarie des Skaldiques et cela reste entièrement crédible. Enfin et ce sera mon dernier point : les personnages. J'ai déjà parlé de Phèdre, mais elle ne sera pas le personnage unique qu'il faudra suivre. Delauney, Alcuin, Hyacinthe et Joscelin sont autant de personnages qui m'ont vraiment touché et que j'ai vraiment apprécié. Delauney m'a étroitement fait penser à Seregil dans Nightrunner de Lynn Flewelling et Alcuin à Alec ... Quand à Joscelin je n'ai pu m'empêcher d'imaginer "Grey Worm" de la série Game of Thrones, qui pourtant ne lui ressemble pas dans la description, mais les guerriers cassilins m'ont inlassablement fait pensé aux guerriers Immaculés de George R.R. Martin ... Et puis Hyacinthe ... la touche d'humour qui éclaire les ténèbres de Phèdre, son ami. Une perle ! Mais que serait cette histoire sans un bon méchant ? Des méchants il y en a mais LE méchant de cette histoire est somme toute assez surprenant, intelligent et rusé. J'ai adoré le détester. En bref : Une excellente lecture, avec un univers riche et foisonnant, des personnages atypiques et un méchant surprenant. J'ai déjà lancé la LC des tomes 2 et 3 (et c'est ici que ça se passe) ! Les autres avis de la LC
Challenges :Gagner la Guerre de Jean-Philippe Jaworski Quatrième de couv' : "Gagner la guerre, c'est bien jolie, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d'orgueil et d'ambition, le coup de grâce infligé à l'ennemi n'est qu'un amuse-gueule. C'est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes Vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l'art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c'est au sein de la famille qu'on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c'est plutôt mon rayon... Mon Avis : Je n'avais jamais vu ni jamais entendu parler de Jaworski et encore moins des Récits du Vieux Royaume avant de me lancer dans l'aventure Livraddict et surtout du Baby Challenge Fantasy. Après de jolies découvertes (notamment Le Puits des Mémoires, et malgré les quelques lacunes que j'ai pu relever, j'ai bien aimé Druide), c'est au tour de "Gagner la Guerre" d'être découvert. Alors bon la quatrième est bien sympa, mais elle ne nous dit pas grand-chose sur le qui, le pourquoi ou encore le comment ... On suit dans ce bon pavé, les aventures de Benvenuto Gesufal, assassin faisant partie de la guilde des Chuchoteurs et maître espion du Podestat, Leonide Ducatore. Autrement dit, on est bien loin de l'habituel héros défendant la veuve et l'orphelin, non Benvenuto est vil, sans scrupules et ne recule devant rien, enfin presque rien. Avec lui, le lecteur est entraîné dans un tourbillon de violence, se baladant entre les rues mal famées et les palais de la ville. On aura même le droit à une escapade sur les toits, qui n'est pas sans rappeler les ballades d'Ezio Auditore dans Assassin's Creed. Le paysage dépeint et les noms des personnages calquent sur un univers de fantasy tout droit sortie d'Italie, ce qui rend le tout vraiment intéressant et différent de ce que j'ai pu lire jusqu'alors. Concernant les personnages secondaires, je citerai, Leonide Ducatore (le podestat, ou dirigeant de la ville) qui avec ses envies de grandeurs, entraîne Benvenuto dans un calvaire quasiment infranchissable. Sa fille, Clarissima, une tête à claques comme j'en ai rarement vu mais surprenante à la fois, un personnage indispensable. Sassanos, un mage puissant au service de Leonide, qui assistera Benvenuto par de nombreux actes de sorcellerie. Sans ces personnages, l'histoire ne serait pas aussi tordue, tortueuse et sordide ... En fait, Benvenuto n'est pas mettre de lui-même, ni de son destin, tout est déjà écrit à l'avance. On assiste néanmoins à sa prise de conscience sur ce qu'il est, un simple chien au service de son maître. Et malgré ses efforts pour se sortir du pétrin dans lequel il s'est fourré, il ne lui reste que quelques pions pour jouer face à un adversaire en pleine possession de ses moyens. N'ayant pas encore lu Janua Vera, je ne mettais pas familiariser avec les noms, appellations et autres langages spécifiques qu'emploi l'auteur. Il est donc vrai que j'ai eu un peu de mal durant le premier chapitre, j'essayai de me raccrocher à ce que je connaissais et passais outre quand un mot m'échappait. Au final, on s'y fait on découvre de nouveaux mots et on finit par juste déguster se roman. D'ailleurs l'écriture de J.-P. Jaworski est vraiment agréable. Le parti pris de, de temps en temps, faire parler directement son héros au lecteur, est souvent source pour moi de désappointement. Je n'aime pas ça tout simplement. Mais là, je dois dire que j'ai été agréablement surprise, car le gredin joue avec son lecteur ... "Et si mon lecteur, à bien réfléchir, était autre chose que mon lecteur ? [...] Vous qui êtes en train de me lire, ne le faites-vous pas pour vous distraire ? Et, quoique vous sachiez que je suis une inqualifiable crapule, n'êtes-vous pas un peu mon ami ?" Pour faire court, j'ai tout aimé dans ce bouquin. L'histoire où se mêle avec habileté les instants d'intrigues politiques et les duels à l'épée, où une caresse peut rapidement devenir une gifle, où une action entraîne inévitablement des réactions en chaînes dont le rôle principal et nous (humble lecteur) ne voyons pas le bout. Il faudra aller jusqu'au bout du livre pour apprécier pleinement la toile que Jean-Philippe Jaworski aura mis 978 pages à tisser. Jusqu'à la dernière ligne, il suppliciera le lecteur dans une pirouette finale inattendue. Fait partie des challenges :La Caste des Méta-Barons d'Alejandro Jodorowsky & Juan Gimenez Ne me demandez pas pourquoi j'ai préféré opter pour une chronique sur la série dans son ensemble que sur une chronique par tome, je ne saurais que vous répondre. Mais voilà un monument de la BD comme ça, ça ne peut pas NE PAS se chroniquer. Alors hop je relève mes manches (quoique il fait un peu chaud et je n'en ai pas ...) et je m'y met. La Caste des Métabarons c'est l'Histoire dans l'histoire. Le topo : L'on suit deux robots, Tonto et Lothar, qui sont tous les deux dans l'attente de leur maître le Métabaron, Sans-Nom, qui a disparu depuis plusieurs années. Pour passer le temps, Tonto relate l'Histoire de la famille des Métabarons à son compagnon. Chaque tome s'attache à un aïeul de Sans-Nom et l'on commence avec la première génération, l'arrière-arrière-grand-père du métabaron actuel, Othon le Trisaïeul. Le tome deux s'attache à la femme de celui-ci et ainsi de suite jusqu'à l'histoire de Sans-Nom dans le tome final (le tome 8). Mon Avis : Pour parfaire au mieux ma culture en bande-dessinée, il me fallait -que dis-je-, il m'était INDISPENSABLE de me lancer dans la lecture d'un Méta-Baron. Après les deux premiers j'ai facilement enchaîné sur la suite, impressionner par la facile avec laquelle les émotions défilent au fil des pages. L'histoire s'ouvre sur deux robots, que l'on retrouve seuls dans un Méta-Bunker, et qui attendent désespérément leur maître. J'ai tout de suite été séduite par ces deux personnages aussi irritants que drôle. Tonto relate l'Histoire des Méta-Barons à Lothar, qui ne se gène pas pour constamment interrompre Tonto, lui signalant qu'il vient de "griller une diode" ou qu'il a une fuite d'huile ... Les deux robots essayant chacun de reproduire des émotions humaines avec leurs circuits robotiques donnant des retranscriptions assez hasardeuses et loufoques. Outre ce duo robotique fonctionnant très bien (un peu à l'image de C3PO et R2-D2), avec les Méta-Barons on explore les liens de la filiation, mais surtout la question de la paternité : comment éduquer son enfant quand celui-ci a un rôle crucial a jouer dans l'univers. Cette question entraîne dans chacun des tomes des passages vraiment durs, présentant des mutilations de nos héros : Othon est émasculé, Aghnar (arrière-grand-père de Sans-Nom) perd ses pieds, comme son nom l'indique : Tête d'Acier n'a pas de tête, etc. Pour pouvoir devenir un Méta-Baron, le fils de l'actuel M-B doit dépasser le maître, autrement dit, il doit tuer son père et ainsi prendre sa place.
Malgré cette virtuosité, les planches des premiers tomes ont subit l'usure du temps, datant de 1992 pour le premier, les dessins ne sont plus de première jeunesse et paraissent archaïques au vu des propositions éditoriales actuelles. Mais justement c'est aussi ça qui séduit ! Si au départ j'ai eu un peu de mal, je suis maintenant ensorcelée par le rendu global de la série : la série ne serait pas ce qu'elle ai sans ce coup de crayon ! En écrivant ces quelques lignes je me demande ce que cela rendrait un Méta-baron remastérisé à la sauce Barbucci (Sky-Doll et Ekhö) ... sans doute des héroïnes avec des seins bien plus gros (même si elles sont déjà bien dotées à ce niveau là !). Cette première immersion dans une série de BD culte fut donc une vraie réussite, j'espère avoir l'occasion de découvrir d'autres choses de Jodorowsky.
Les tomes de la série : |
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