Nationalité de l’auteur : Française Éditeur : Scrinéo – 368 pages Genre : SF - Dystopie Acheter ces livres : Papier Mon Avis : Après avoir découvert la plume d’Aurélie Wellenstein avec Le Roi des Fauves, je savais que j’allais inexorablement me retrouver plongée dans l’un de ses autres romans. C’est donc chose faite avec Mers Mortes et que dire ! Parlons déjà de la thématique. Rien qu’avec le titre, l’autrice donne déjà le ton (et non le thon). Les mers ne sont plus, et la première des questions qui se pose est bien celle concernant la raison de leur disparition. La réponse est sans appel et vite tranchée : l’humanité. A coup de surpêche, de rejet des détritus et d’hydrocarbures (coucou Grande America), de captures pour les parcs animaliers (ou pour des particuliers), et j’en passe, l’Homme détruit à lui seul ce qu’il prenait pour acquis : l’eau. Et par extension son écosystème. Aurélie Wellenstein me tenait donc, et ce, avant même que je n’ai ouvert le livre. L’univers ultra tendance du post-apo dans la littérature ado frappe une fois encore. Si l’univers est rebattu à tour de bras, inlassablement, il est des pépites qui parfois sortent du lot en proposant un univers plus original. C’est le cas avec Mers Mortes. Une fois le décor planté, le message véhiculé se révèle fort et d’autant plus poignant. Personnellement ça m’a pris aux tripes plus d’une fois au détour d’une description bien sentie ou d’une plongée au cœur de la pensée animale… Dans Mers Mortes, l’on suit Oural, un jeune homme exorciste de monstres marins. Enlevé très rapidement par un navire flottant pirate, le jeune homme devient prisonnier et part en quête, bien malgré lui, d’une solution pour contrer les hordes qui viennent avec la marée. Car oui, si les mers et océans ont disparu, les marées existent toujours mais elles sont devenues des présages quant à la venue des fantomatiques monstres marins. Malgré l’émancipation du personnage quant à sa responsabilité auprès d’une communauté de survivants, on est bien loin d’une quête initiatique. Le personnage se révèle peu à peu assez ambiguë. Mais il n’est pas le seul à présenter quelques surprises. Si l’équipage offre une galerie de personnages hauts en couleurs : Amazone, Escaut, Arctique, Tamise, Medjerdah, etc. ; c’est bien Bengale qui vole la vedette à tous les autres. Personnage très changeant, j’ai eu du mal à cerner ses intentions et ses envies. Et après avoir terminé le livre je dois avouer que je suis toujours un peu dans le flou. Autre phénomène qui m’a étonné, c’est bien la relation existante entre les personnages du navire et ceux qui se construisent entre Oural et Bengale. Répulsion, attraction, fascination, j’ai été perdue et en même temps captivée par cette capacité de l’autrice à retranscrire ces sentiments flous de manière aussi criante de vérité (que la personne qui n’a jamais été fascinée par une personne imbuvable mais ô combien charismatique me jette la première pierre). Et même si l’on se met à penser que deux ou trois choses sont des phénomènes explicables (coucou syndrome de Stockholm), Aurélie Wellenstein est là pour nous rappeler que c’est elle qui nous a entrainée dans ce maelström d’ailerons, de fanons et de branchies ; et que rien n’est laissé au hasard. Comme dans Le Roi des Fauves, l’autrice n’épargne ni ses personnages et ni le lecteur. L’écriture est incisive et sans appel. Le rythme est marqué par des chapitres courts et ponctué de nombreux rebondissements. Le roman est servi par une intrigue originale qui permet, non content de passer un bon moment entre ses lignes, mais s’avère source de remise en question sur nos propres actes face à la pollution et la sauvegarde de l’écologie. Mers Mortes, pépite de 2019 ! Remerciements : Je tiens à vivement remercier Babelio et les éditions Scrinéo de m’avoir permis de découvrir Mers Mortes.
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Mon Avis : De Sylvie Lainé, je n’avais apprécié jusque-là que ces interventions lors des conférences aux Utopiales, femme posée aux interventions mesurées et intelligentes. L’Opéra de Shaya m’avait attiré à sa sortie, mais je n’ai finalement pas sauté le pas. C’est donc avec Fidèle à ton Pas Balancé – condensé de l’activité de l’auteur de ces 30 dernières années – que je la découvre. Et quelle découverte ! L’objet livre en lui-même est superbe et offre un plus non négligeable pour la bibliophile que je suis. La sur-jaquette est aussi blanche que la couverture rigide est noire et l’intérieur superbement décoré par Gilles Francescano, dont les traits de dessins monochromes s’allient à merveille avec les propos de l’auteur. Quant au contenu ce sont 26 textes, issus de trente années de création, qui sont compilés en parties en fonction de l’« ampleur des projets et du contexte », et non chronologiquement comme on pourrait s’y attendre. J’ai surtout eu l’impression que les regroupements des nouvelles formaient un tout cohérent, avec des thématiques parfois semblables ou bien justement de parfaites opposées. L’œuvre est riche, les nouvelles courtes (exceptions faites de L’Opéra de Shaya et de Les Yeux d’Elsa), les messages distillés çà et là sont autant de déclarations de tolérance, d’amour, de paix. Par une plume poétique et scientifique (dans sa précision), Sylvie Lainé arrive à nous transporter dans ces univers qu’ils soient fictifs ou bien réels (à l’image des rues de Brest ou de Metz) et offre à voir une galerie de personnages richement humains. « Humains » cela peut paraître bien paradoxale quand l’un des personnages s’avère être du sable ou une planète… Mais ce sont surtout les comportements empathiques ou les approches métaphysiques qui caractériseront le mieux les personnages de l’auteure. Concernant les intrigues, c’est sans doute la non-violence des récits – loin des batailles intergalactiques si souvent relatées dans les space opéra – qui transporte le plus et amène le lecteur vers un sentiment de plénitude, tout à fait bienvenue ces temps-ci. Le nombre de sujets abordés est tel, que vous en faire un listing serait laborieux et rébarbatifs, tout ce que le recueil n’est pas. Toutes les nouvelles m’ont touché, à des degrés différents certes, mais il me serait impossible de vous parler d’une en particulier. De la nouvelle Le printemps des papillons, où une libraire souhaite dompter ces petits êtres ailés afin d’envoyer des messages : un brin étrange comme concept mais tellement poétique ; à la nouvelle Un brin d’herbe où les rencontres amoureuses ne sont pas forcément ce qu’elles paraissent être et où le bonheur peut se révéler et s’épanouir dans un univers figé ; en passant par La Mirotte, qui permet à un aveugle de recouvrer la vue, une nouvelle de génie qui aborde la perception du monde d’un individu à l’autre ; TOUTES SONT FORMIDABLES. Et bien entendu les deux novellas que sont L’Opéra de Shaya et Les Yeux d’Elsa, plus denses que les autres, sont autant de récits immersifs dans des sujets semblables : le premier s’attache à la découverte d’une planète et à la mutualisation existant entre les espèces (qu'on qualifie aussi d'échanges avantageux) dans un univers constamment en mouvement, le deuxième à un monde dans lequel les dauphins génétiquement modifiés sont esclaves de sociétés en bâtiments. Les deux s’intéressent toutefois à la relation inter-espèces et aux conséquences éventuelles que cela peut impliquer. À la fermeture du recueil, j’ai surtout ressenti le besoin de parler coexistence inter-espèce et de promouvoir le vivre ensemble autour de moi. J’ai aimé tout ce qui se racontait sous mes yeux : les rencontres amicales ou amoureuses, les échanges, les découvertes scientifiques, les améliorations d’espèces, le temps qui passe, les événements métaphysiques (toute une histoire de bulles), mais aussi les événements moins "joyeux" comme l'immobilisme forcé, l'amour non partagé, l'amour dévorant… Moi qui ne relis jamais un titre deux fois, c’est sans conteste que je me replongerai avec délectation dans les nouvelles de Sylvie Lainé ! En bref : Fidèle à ton Pas Balancé est une pépite dont chacune des nouvelles se savoure avec attention. Des univers relevant de la science-fiction – et pas que – qui pourraient permettre aux non lecteurs de ce genre d’enfin s’y intéresser. C’est beau, poétique et le tout est servi dans un superbe écrin à prix tout doux pour un recueil de cette ampleur (20 €)… Que demander de plus ? D'autres avis : Phooka (Bookenstock) - Simon Krug (Les Inrocks) - Soleil (Les Chroniques de l'imaginaire)
Mon Avis : Boudicca est le deuxième roman de Jean-Laurent Del Socorro, et s’installe non pas à Marseille comme l’avait été l’excellent Royaume de Vent et de Colères, mais dans une Angleterre vieille de deux mille ans. On y retrouve le peuple celte et plus précisément l’histoire méconnue de la reine Boudicca. L’auteur s’est basé sur la légende de cette reine celte en y insufflant un soupçon de merveilleux par le biais des rêves mystiques qu’ont les personnages. J’ai ouvert le livre pour ne plus le refermer tant le récit m’a happé de la première à la dernière page. Se découpant en trois grandes volutes, qui correspondent autant à des tranches de vie de l’héroïne, le roman se dessine du point de vue de Boudicca elle-même. Habillement tissée par l’auteur, la vie de Boudicca se forge principalement dans le sang et l’apprentissage de la soumission, et c’est ce récit qui nous est conté. Elle grandit au sein de son peuple, apprenant autant à manier la lance et le bouclier que la langue. C’est ce dernier point qui m’a le plus captivé. Le langage revêt dans ce récit des atours tenant du sacré. Et c’est par l’éducation dispensée par le druide Prydain que la jeune reine apprend la force des mots, qu’ils soient dits ou non. Elle connaîtra des échecs et des victoires qui la feront grandir, évoluer et finalement rayonner d’une aura telle, que son nom sera murmuré sur son passage par le peuple celte tout entier. Outre la guerrière, la galerie de personnages permet l’évolution du personnage, apparaissant et disparaissant au gré des batailles ou des maladies. En plus de Prydain, des personnages comme Antedios, le propre père de Boudicca, Ysbal la femme aux trois maris et garde du corps de la reine dès sa naissance ou encore Caractacos, fils de Cunobelin (un ennemi d’Antedios), trophée du peuple des Icènes et finalement brater de Boudicca ; sont autant d’éléments qui vont permettre la maturité de la jeune fille par des enseignements tenants surtout de l’affect. Antedios ne lui montrera jamais à quel point il l’aime, Caractacos avec qui elle grandit, ne sera qu’un opposant durant son adolescence et Ysbal sera finalement la seule figure maternelle que la jeune femme aura eue dans sa vie. Enfin Pratsutagos et Jousse, un mari et une amante, seront les seuls êtres à lui donner l’affection que son père n’aura pas su lui prodiguer. J’ai trouvé le récit moins haché dans sa forme que le premier roman de l’auteur et bien plus empli d’actions. Cela dit, aller à l’essentiel semble une caractéristique qui colle parfaitement au style de l’auteur et l’univers reste immersif et prenant malgré cette épuration. Le rythme est soutenu, bien que la vie de Boudicca soit parsemée de nombreux moments de répit. Au final, la seule chose qui m'ait perdu est la nouvelle présente après le roman, une nouvelle qui n’a rien à voir avec celui-ci (du moins je n’ai pas réussi à relever le lien), mais qui ne manque cependant pas d’intérêt. En bref : Jean-Laurent Del Socorro signe un deuxième roman des plus marquants, bel hommage à une reine celte méconnue. Cette biographie romancée mène le lecteur sur les traces d’une enfant, devenue femme puis mère et qui n’a jamais cessé d’être guerrière. La galerie de personnages foisonnante permet de faire grandir l’héroïne dans un univers ciselé avec soin. J-L Del Socorro : un auteur à suivre ! D'autres avis : L'Ours Inculte - Samuel Ziterman (chez Lecture 42)
Mon Avis : Après avoir vu passer quelques avis positifs et au vu du nombre de prix que le premier tome de cette série à remporter, je me suis lancée dans ce livre un peu les yeux fermés (pour tout vous dire, lire de cette manière ce n’est pas très pratique…) espérant sortir de la « panne de lecture » qui me tient depuis presque trois mois. Au premier abord, sortir de cet état avec ce livre en particulier, ben ce n’était tout simplement pas gagné. Ann Leckie signe un premier roman à la fois novateur, dense, captivant et compliqué. Novateur. L’auteur joue avec les codes du genre, par exemple le pluriel n’est plus masculin mais féminin et les métiers sont féminisés. Surprenant au départ, un peu compliqué par moment mais tout bonnement agréable ces quelques changements m’ont permis d’être plus attentive au récit, il me fallait une certaine concentration pour correctement suivre l’intrigue. D’ailleurs durant le début de ma lecture je me suis surprise à me demander si cet univers n’était pas constitué uniquement de femmes. Ensuite j’ai découvert l’idée qu’un vaisseau pouvait être une intelligence artificielle, avec un développement si poussé que les émotions pouvaient être ressenties. Dense. Ann Leckie ne se contente pas de proposer un univers féminisé à souhait, elle en propose un qui est à la fois riche de nouveaux termes, de nouvelles divinités et de nouveaux codes. Ainsi, il existe autant de religions et de modes de prières qu’il n’existe de planètes (et encore je suis sans doute loin du compte). Le cérémoniale de certaine situation est décrit avec juste ce qu’il faut d’informations (on se met à avoir envie d’une bonne tasse de thé très rapidement) pour être accessible sans être indigeste. Captivant & Compliqué. L’on suit en fait deux récits s’alternant d’un chapitre à l’autre et alternant le présent et le passé. Cette dualité a insufflé un certain rythme à l’ensemble de ma lecture, trouvant fascinant l’écho qui se créait entre eux. D’autre part, l’intrigue en elle-même n’a certes rien de neuf (non la vengeance, ça n’a rien de neuf) mais c’est la manière dont l’auteur a traité cette thématique qui est particulièrement intéressante mais aussi particulièrement compliquée à aborder en tant que lecteur. La méchante est particulièrement bien traitée, un personnage et une situation qui m’étaient totalement étrangers. Les 100 dernières pages m’ont tenue de bout en bout, il y a bien quelques passages qu’il a fallu que je relise pour être sûre de bien comprendre l’enchaînement des événements. Pour savoir qu’Un Esk est tout à la fois un humain et un réceptacle pour une forme d’IA, ça m’a pris quelques pages et quelques retours en arrière pour le comprendre et c’est là le reproche que j’aurai à faire au récit. Certaines informations primordiales sont apportées trop tardivement, et ne permettent pas une compréhension pleine et entière des enjeux qui se déroulent sous nos yeux. J’aime bien être dans une sorte de brouillard qui se dissipe au bout d’un certain temps, mais là le smog était trop dense et même les explications étaient peu abordables. Ces difficultés ne m’ont, bien entendu, pas empêché de vraiment apprécier ce récit (j’espère que vous l’aurez compris). Je tiens également à souligner le travail de traduction de Patrick Marcel, impressionnant tout simplement ! En Bref : Une pépite, un peu dure à croquer certes mais renfermant tellement de choses savoureuses ! Un récit très complet qui pose de nombreuses questions, place la féminité au premier plan et propose une « méchante » des plus atypiques. A dévorer d’urgence !
Infos Utiles : Nationalité de l’auteur : Française Editeur : ActuSF – 329 pages – 2 parties/9 nouvelles + une préface et une postface Genre : Steampunk – Policier Acheter ce livre : Directement chez l'éditeur – Papier chez leslibraires.fr – Numérique chez les libraires.fr Mon Avis : En démarrant ces Feuillets de Cuivre, je ne m’attendais certainement pas à ça ! Par quoi commencer ? Largement présenté comme un roman steampunk (rien que la couverture en témoigne) j’ai été assez surprise de découvrir que ce genre n’était qu’esquissé en trame de fond, ne revêtant la forme qu’un « simple » support pour l’univers de Fabien Clavel pour implanter son intrigue. Le cœur du livre repose entièrement sur Ragon, un enquêteur de la police parisienne de plus en plus imposant à chacune des nouvelles que composent ces feuillets. Car oui, Feuillets de Cuivre est, comme son nom l’indique assez clairement* un recueil de feuillets, donc un recueil de nouvelles qui s'inscrivent dans un même univers. Ici, le XIXe siècle n'a rien de bien reluisant, les enquêtes sont toutes plus morbides les unes que les autres mais toutes font écho de près ou de loin à un fait divers, à une œuvre picturale ou à un roman. Et ce dernier point-là, est bel et bien le cœur du récit : tout n'est que question de littérature. Ragon n'est pas qu'un simple enquêteur, il résout les crimes avec autant de facilité que son tour de taille s'agrandit, le faisant rapidement monté en grade. Il faut dire que le monsieur est cultivé, et sacrément puisqu'il a TOUT lu (belle était l'époque où cela était encore envisageable). Cet ogre littéraire est tel, qui arrive à résoudre ses enquêtes en se basant sur la littérature : que ce soit par les piles de livres qu'il a sous les yeux ou bien par une réminiscence de ses souvenirs de lectures. À chaque nouvelle page j'étais de plus en plus séduite par les références, ces douceurs intellectuelles décelées ou offertes par l'auteur. Une bibliothèque, c’est une âme de cuir et de papier. Il n’y a pas meilleur moyen pour fouiller dans les tréfonds d’une psyché que de jeter un œil aux ouvrages qui la composent. La sélection, le rangement, le contenu, même la qualité de la reliure : tous les détails sont importants. Pour Ragon les années se suivent (de manière disparate), nouvelles après nouvelles, horreurs après horreurs, réussite après réussite, jusqu'à ce qu'un jour il fasse la rencontre sa Némésis, le pendant français de ce qu'est Moriarty à Sherlock Holmes. Un être aussi intelligent que lui et tout aussi épris que lui de la littérature. Cette rencontre marque un véritable tournant dans le récit. Car si, jusque-là, le lecteur se retrouvait conforté par une certaine redondance dans la résolution des enquêtes, la Bête Noire de Ragon, se faisant appeler l'Agnagnoste** (encore une référence plus subtile cette fois-ci) vient redistribuer complètement les cartes et offre un nouveau regard sur les événements passés. Ce n'est pas simplement brillant de la part de l'auteur d'avoir attendu pour nous offrir un personnage "méchant" auquel se raccrocher, c'est aussi et surtout intelligemment amené. D'autant que Fabien Clavel n'hésite pas à nous malmener, nous pauvres lecteurs qui nous intéressons à ses personnages, allant jusqu'à faire vivre des atrocités à quelques personnages secondaires. Je souligne cela et en même temps c'est un des points qui m'a fait encore plus apprécier le récit, puisque cette brutalité apporte un effet de véracité dans le récit (comment Ragon peut s'en sortir sans quelques pots cassés, sans un minimum de bagage ?). - Me croiriez-vous si je vous disais que j’ai résolu toutes mes enquêtes à partir de livres ? Pour une première rencontre avec l'écriture de Fabien Clavel je suis séduite ! Cette lecture a été très fluide et pourtant sa plume ne manque pas de qualité (les deux ne vont pas forcément de pair). Chaque page conforte dans l'idée que l'auteur aime jouer de ses connaissances, les mariant avec habileté et style nous offrant ainsi Feuillets de Cuivre, une ode à la Littérature - et allons jusqu'au bout - à la littérature française ainsi qu'à ses grands écrivains (Verne, Hugo, Zola, Maupassant...). Pour tout cela vous vous en doutez j'espère, ce livre est un coup de cœur ! *Un regroupement de feuillets constitue un cahier. Plusieurs cahiers composent un ouvrage. **Esclave lettré chargé de lire des textes à son maître durant l'Antiquité. En Bref : Un roman à enquêtes dans un univers légèrement steampunk empli de magies, Feuillets de Cuivre offre, pour personnage principal, un véritable amoureux des livres, un enquêteur qui ne vit et ne réussit qu'à travers eux. Servit par une excellente plume et une intelligence dans la construction du récit, ce roman est une véritable surprise, un coup de cœur qui m'entraîne à vouloir découvrir plus avant les écrits de Fabien Clavel (et ça tombe bien puisque sa série Néphilim vient d'être édité en poche dans la collection Hélios des Indés de l'Imaginaire) !
Infos Utiles : Nationalité de l'auteur : Française Éditeur : Mnémos - 412 pages - 81 chapitres Genre : Fantasy historique Acheter ce livre : Papier - Numérique Série : Mon avis sur le tome 1 Avant-Propos : Sorti de ma PAL (Pile à Lire) dans le cadre du challenge Destockage de PAL en Duo, je remercie vraiment XL de m’avoir choisi cette suite de série. Il y a pas mal de livres qui sont présents dans le monstre depuis bien avant ce livre et je ne pensais pas le sortir tout de suite ! Mais après un creux littéraire de quelques semaines plonger dans une aventure pareille fait un bien fou ! Mon Avis : J’avais un peu peur que, comme pas mal de séries que j’ai pu découvrir, la malédiction du tome 2 frappe à nouveau… Mais si vous savez cette malédiction qui vous fait dire du livre « Ouais c’est pas mal mais j’ai préféré le premier… » ou encore « Bah, on a déjà vu ça dans l’opus précédent », etc. Bon et bien je suis heureuse de dire que ça n’est pas le cas dans Le Fou Prend le Roi. Voici donc la suite des aventures du Bâtard de Kosigan, Pierre Cordwain de Kosigan de son vrai nom. On retrouve le mercenaire et sa compagnie quelques mois seulement après les avoir laissé dans l’opus précédent, retrouvant ainsi quelques personnages marquants dans l’entourage de notre personnage principal, comme Dun, la Changesang, qui étant une des rares présences magiques de L’Ombre du Pouvoir ou encore Janvier qui, à quelques reprises, à sauver les fesses de son chef. Les choses que j’ai particulièrement apprécié dans ce livre, sont, sans doute, les quelques révélations concernant notre « héros ». On entrouvre le rideau qui cache le passé de Pierre Cordwain, découvrant des éléments surprenants sans pour autant en voir la globalité : les informations distillées donnent envie d’en apprendre plus – de manière viscérale : le tome 3, vite ! Un autre point qui m’a littéralement ravie : la magie qui imprégnait l’Ancien Royaume de Fabien Cerutti dans le tome 1 prend un autre aspect dans ce tome-ci, puisqu’une foultitude de créatures merveilleuses fait son apparition : striantes (équivalent des harpies), elfes noirs, dragons, vouivres… Concernant cette nouvelle intrigue, l’auteur ne perd pas de temps pour nous y entraîner, puisque dès les premières pages l’action prime. Le Bâtard vole – littéralement – au secours d’une jeune fille en danger… si cela rappelle les scénarios archétypaux des romans chevaleresques, ici il prend une dimension tout autre, quand très rapidement l’on se rend compte que tout est orchestré par plus haut que le simple rang de « chef d’une troupe de mercenaires ». La série du Bâtard de Kosigan prend également une autre dimension, puisque on y aborde également la religion. La montée du culte de l’Eglise, éclipsant toutes les autres religions dans l’opus précédent, est remise largement en question dans ce second volet, prenant une place centrale dans le déroulé de l’histoire, avec la présence et la résurgence de culte ancien mené par un dru-wi-dès. Finalement tout – ou presque – n’est que jeux de pouvoirs qu’ils soient politiques ou religieux. Comme dans L’Ombre du Pouvoir, l’intrigue dans Le Fou Prend le Roi est ciselée avec une telle habileté, que le fin mot de l’histoire nous échappe jusqu’aux dernières révélations. Le monde du Bâtard de Kosigan est complexe et ce tome 2 nous le prouve aisément. Et outre la trame que je qualifierai de principale, on retrouve comme dans le tome 1, le descendant de Kosigan, Kergaël, près de cinq siècles plus tard. Ces échanges épistolaires sont agréables, même si je me suis moins attachée aux personnages de cette partie du livre. Un point à soulever aussi : si l’intrigue concernant le mercenaire peut se lire indépendamment d’un tome à l’autre, il n’en va pas de même, à mon sens, pour son descendant. Cette partie de l’intrigue a connu de nombreux rebondissements dans le tome 1 qui ne sont pas forcément réexpliqués dans le tome 2. En Bref : Un deuxième tome captivant et plus marquant encore que le précédent. Les personnages du Bâtard de Kosigan s’étoffent et le héros déjà complexe, le devient encore plus après les quelques révélations sur son passé. L’intrigue servit par l’auteur n’est que jeux de pouvoirs et de dupes et installe définitivement un monde qu’il va falloir suivre de très près. Fabien Cerutti est, finalement, un des auteurs contemporains qu’il est indispensable de lire si l’on se targue d’être amateur de fantasy historique – à bon entendeur !
Infos Utiles : Nationalité de l’auteur : Française Editeur : ActuSF – 270 pages + 1 interview de l’auteur Genre : Fantasy Historique Acheter ce livre : Papier – Numérique Mon Avis : Acquis il y a tout juste un mois, ce livre m’a fait de l’œil dès sa sortie en mars dernier, et après quelques avis positifs de blogueurs que je suis (comme Sia ou BlackWolf), je ne pouvais que me lancer ! Après l’excellent « Le Bâtard de Kosigan » de Fabien Cerutti et le non moins intéressant « Le Livre de Cendres » de Mary Gentle, les romans à dominante historique ne me font plus peur (à condition, tout de même, de présenter un peu d’éléments de fantasy). Royaume de Vent et de Colères est un roman choral dont les personnages sont extrêmement soignés. Au début j’ai eu un peu peur que cet éclatement de la narration me perde, mais il n’en a rien été. Les chapitres sont très courts et l’alternance des points de vue permet de ne pas manquer de rythme. L’auteur nous entraîne dans ce premier roman avec facilité : une écriture fluide et une intrigue passionnante y sont pour beaucoup. L'histoire nous entraîne dans le Marseille de fin du XVIe, pendant que le Roi de France conquiert inlassablement de nouveaux territoires. Prenante et rythmée, l'intrigue m'a embarquée instantanément (autant dire un tour de force). Scindé en trois parties, le roman ne se déroule que sur une courte période (une journée à peine). Le choix d'entrecouper la narration principale par des flash-back a été un peu frustrant au départ, mais le fait d'en apprendre plus sur les personnages contrebalance ce premier sentiment. Mais honnêtement, ce qui marque ici, ce sont les personnages. Gabriel, le chevalier sur le déclin avec un passé atroce que peu aurait pu surmonter ; Victoire, la plus âgée de la troupe qui n’a, pour autant, pas perdu ses réflexes, loin de là ; Axelle, la tenancière d’auberge anciennement mercenaire ; Silas, l’étrange prisonnier ou encore Armand, le mage venu se réfugier à Marseille. Présentés comme ça, on pourrait croire à des personnages déjà vu quinze fois, mais, outre ces caractéristiques assez classiques, le « background » de tous ces personnages est bien plus développé que ce que j’ai pu rencontrer et aborde des thématiques que je ne m’attendais pas à croiser outre mesure (addiction, violence parentale ou absence de parents, etc.). La place du merveilleux n'est qu'esquissé dans ce roman, l'artbon employé par des mages n'est que peu employé ou peu manifesté dans l'univers du récit, par crainte des habitants ou peur des artisans de cette magie d'être exploité par la royauté. Le lecteur ne peut que spéculer sur l'avenir de cet art (si avenir il y a...) et imaginer ce que l'auteur pourra faire de l'artbon dans ses romans à venir (en espérant qu'il le réutilise). Concernant l'écriture de Jean-Laurent Del Socorro, j'ai vraiment apprécié sa plume, qui offre des phrases courtes et efficaces sur l'ensemble du récit. J'y opposerai tout de même un léger bémol dans les premières scènes d'actions, les mouvements des personnages sont décomposés en un phrasé haché. C'est tout de même minime par rapport à l'ensemble du récit. En Bref : Royaume de Vent et de Colères est une vraie bonne découverte que je vous recommande fortement. Avec des personnages fouillés, une intrigue entraînante et une écriture fluide, Jean-Laurent Del Socorro signe un premier roman magistral. Vivement le prochain !
Rappelez-vous le récit du soldat Lazare Hornett qui rapporta, aux heures les plus sombres de la 1re Fédération, comment un détachement d'enfants perdus, conduits par le capitaine Silenter dans l'antique forêt d'Habbam, se retrouva comme par magie dans une étrange contrée prétendument appelée France où une seule lune au lieu de deux brillait dans le ciel nocturne. Votre mémoire est sourde ? Mais peut-être êtes-vous vous-mêmes Français ? Infos utiles : Nationalité des auteurs : Française Editeur : Association Dystopia - 343 pages – 17 nouvelles Acheter ce livre : Directement chez l’éditeur – Papier Avant-propos : Je pourrais vous parler de la structure de l’ouvrage qui se voit scindée par les cinq générations successives de la Fédération, elles-mêmes constituées de différentes nouvelles. Structure qui vient amener à penser qu’on tient entre les mains le récit historique d’un monde parallèle. J’essayerai de ne pas oublier de parler de la facilité avec laquelle les deux auteurs nous entraînent dans cet univers, qu’ils abordent par le regard militaire. Mais par le regard des hommes qui composent la milice de la Fédération, ce qui laisse une large place au regard humain sur le monde. Je pourrais vous parler de l’odeur de soufre et de sang qui se glisse entre chaque page. De ces successions de généraux, de lieutenants et de simples soldats qui se font suite à une cadence bien mesurée. De ces bataillons menés par des fous. De ces serviteurs dont les maîtres n’ont de cesse de les tourmenter. J’aborderai peut-être, les femmes et jeunes filles qui attendent impatiemment le retour de leur mari ou de l’élu, petites perles d’espoir. Les personnages fantomatiques, en proie à un passif qui vient les hanter après leur mort. Ou à l’inverse des vivants qui souhaitent voir disparaître définitivement leurs morts. De la Mort, elle-même. Ou bien de son incarnation vampirique, les oupires. Ou bien j’aborderai la poésie qui imprègne les pages écrites à quatre mains par le couple Rémy. La façon dont leurs mots fait sans cesse écho à d’autres évènements. Puis viendra le moment indispensable de vous parler de la fin. De la dernière nouvelle. De Fondation. Je bafouillerai un peu, je chercherai mes mots, finalement je me limiterai à l’idée que cette nouvelle clos le recueil de manière magistrale, que la surprise qu’elle apporte est totale. Que cette histoire permet un lien surprenant avec notre propre univers, et que finalement le tout a été « manœuvré » de mains de maîtres. Mais à quoi bon parler de tout ça ? Mon Avis : Ne passez pas à côté : LISEZ-LE ! Remerciement : Un immense merci aux éditions Dystopia de m’avoir permis de découvrir ce bijou !
Remerciements : Je tiens à vivement remercier Livraddict et les éditions Scrinéo de m’avoir permis de découvrir Le Roi des Fauves. Mon côté animal c’est enfin révélé. Mon Avis : Avant de me plonger dans ce livre, je n’avais encore jamais lu Aurélie Wellenstein. Mais après ce premier essai il me tarde de découvrir d’autres de ses œuvres, comme Ferrous Occire. Avec Le Roi des Fauves, Aurélie Wellenstein revisite le mythe du berserk, ce guerrier mythique qui devient surpuissant en passant dans un état de fureur-ravageur. Ici le « berserkir », est un homme parasité, dont le mal réveille son côté animal, le transformant en créature mi-homme mi-bête. Soit, on se rapproche des garous qui ont du mal à dominer leur côté animal, mais on en est aussi très loin. Les hommes ont connaissance de ses créatures, en sont terrifiés mais les nobles parviennent à les capturés et à les soumettre par le biais de runes et de sortilèges. Pendant ce temps le peuple souffre et meurt de faim. Pour subvenir aux besoins de leur famille, nos trois héros, Ivar, Kaya et Oswald vont passer outre une loi et chasser sur les terres de leur souverain. Bien entendu, rien ne se passe comme prévu et les trois jeunes sont bien vite attrapés et condamnés à devenir des berserkirs. J'ai vraiment aimé ces trois héros si différents les uns des autres, entre la force et la douceur, le courage et la peur. Leurs réactions sont parfois étonnantes, et à de nombreuses reprises les événements qui surviennent m'ont surpris (et ce n'est pas peu dire). Ivar est le personnage que l'on suit principalement, le narrateur omniscient se focalisant sur lui, mais les deux autres ne sont pas en reste et suivent à peu de choses près le même chemin. Ce que j’ai particulièrement apprécié, ce sont les scènes de rencontre entre ces héros et les berserkirs, et ce, surtout dans les premiers chapitres. On sent un malaise profond qui s’installe dans chacune des pages, entraînant sans problème le lecteur à sa suite. L’ambiance devient de plus en plus sombre et de plus en plus sanglant, si bien qu’à la fin s’en devient presque écœurant. Mais bizarrement c’est ce qui rend le livre si… fascinant. Je n’ai pu me résigner à lâcher le livre quand l’intrigue marque un tournant, quand enfin, les premiers changements se font sentir chez nos trois héros. Rien n’est simple dans ce récit, ni l’intrigue qui pousse le lecteur à se demander constamment jusqu’où va nous entraîner l’auteur – et qui nous entraîne sur un terrain auquel je n’aurai pas pensé –, ni l’écriture d’Aurélie (si directe, si crue !) et encore moins la psychologie des personnages, tellement changeant entre le début et la fin du récit. Et malgré un récit court, l’auteure parvient à maintenir du suspens quant au futur de ses personnages. Le rythme est haletant, les événements s’enchaînent sans que l’on ait le temps de souffler. En bref : un véritable coup de cœur pour cet univers sombre, si atypique, et pour ce mythe si bien traité ! Un seul regret, qu’il n’y est pas de suite prévu à ce one-shot…
Là où vont nos Pères de Shaun Tan
Là où vont nos pères n'est pas une de ces BDs que l'on lit avec simple plaisir, chacune des pages est une vraie aventure que l'on "lit" avec émerveillement. Je place lire entre guillemets car pour une bande dessinée, ne pas proposer une seule bulle de paroles est un exercice assez complexe. On ne lit pas cette BD on la regarde, on l'étudie et on interprète. Et quitte à proposé des planches aphones autant le faire avec style ! Les dessins sont graphiquement sublimes, nous proposant un crayonné tirant sur le sépia, dans des cases sans contours aux angles arrondis. L’œil du lecteur se régale, mais il n'est pas le seul, car côté intrigue, si le sujet a déjà été traité quelques fois, on se surprend à sourire, rire ou s'imaginer à la place de ce personnage principal sans nom, auquel on peut facilement s'identifier. Ce que j'ai particulièrement apprécié c'est le parti pris de l'auteur de ne pas installer son personnage principal dans un univers précis, on peut l'imaginer dans différentes villes. L'homme, dont on ne peut pas préciser la nationalité, évolue dans un univers qu'il ne connait pas, aux codes bien particuliers et si loin de ses propres mœurs. Pour faire simple une BD qui parle d'adaptation sociale . En bref : C'est beau et poétique : courez le chercher ! |
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