Mon Avis :
L'édition de ce premier tome a de quoi attiré l’œil avec son esthétique rétro et son illustration purement SF. Un bel appel du pied au steampunk et à l’uchronie, empruntant à l’un esthétique léchée et technologie rétro-futuriste et à l’autre géographie, personnages et découvertes techniques. Car oui, avec un titre pareil comment ne pourrions-nous pas rencontrer le fameux chercheur, Nikola Tesla – connut principalement pour ses recherches sur l’électricité –, et les découvertes scientifiques et technologiques dans le genre rétro-futuriste, tout à fait imaginable dans un tel environnement. Avec une trame très classique (un jeune garçon emménage avec sa mère et va faire des découvertes étranges et/ou mystérieuses), Marazano arrive à nous transporté dans une New-York des années 40 à la fois sombre et fantastique. Là où d’autres aurait eu du mal à jeter pêle-mêle les éléments d’une enquête policière, d’un conflit mondial (on est encore en pleine seconde guerre mondiale) ou encore confrérie occulte, chaque élément prend ici sa place avec facilité, comme le ferait les pièces d’un puzzle. Cependant on pourra opposer au scénariste une volonté d’installer son univers : le premier tome n’est ainsi qu’un tome d’exposition, manquant un peu de souffle parfois mais de manière infime. Le tout est magistralement servit par le dessin de Guilhem, à la fois réaliste et particulièrement travaillé sur les décors. Le mystère Chtokavien marque et convainc sans peine avec son graphisme si soigné. Ce premier tome pose les bases d’un tryptique qui s’envisage comme une aventure steampunk (du moins je l’espère dans les deux tomes à venir) à la fois rythmée et prenante. Lu dans le cadre de la BD fait son festival 2017 de PriceMinister. Ma note : 17/20
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Mon Avis : Boudicca est le deuxième roman de Jean-Laurent Del Socorro, et s’installe non pas à Marseille comme l’avait été l’excellent Royaume de Vent et de Colères, mais dans une Angleterre vieille de deux mille ans. On y retrouve le peuple celte et plus précisément l’histoire méconnue de la reine Boudicca. L’auteur s’est basé sur la légende de cette reine celte en y insufflant un soupçon de merveilleux par le biais des rêves mystiques qu’ont les personnages. J’ai ouvert le livre pour ne plus le refermer tant le récit m’a happé de la première à la dernière page. Se découpant en trois grandes volutes, qui correspondent autant à des tranches de vie de l’héroïne, le roman se dessine du point de vue de Boudicca elle-même. Habillement tissée par l’auteur, la vie de Boudicca se forge principalement dans le sang et l’apprentissage de la soumission, et c’est ce récit qui nous est conté. Elle grandit au sein de son peuple, apprenant autant à manier la lance et le bouclier que la langue. C’est ce dernier point qui m’a le plus captivé. Le langage revêt dans ce récit des atours tenant du sacré. Et c’est par l’éducation dispensée par le druide Prydain que la jeune reine apprend la force des mots, qu’ils soient dits ou non. Elle connaîtra des échecs et des victoires qui la feront grandir, évoluer et finalement rayonner d’une aura telle, que son nom sera murmuré sur son passage par le peuple celte tout entier. Outre la guerrière, la galerie de personnages permet l’évolution du personnage, apparaissant et disparaissant au gré des batailles ou des maladies. En plus de Prydain, des personnages comme Antedios, le propre père de Boudicca, Ysbal la femme aux trois maris et garde du corps de la reine dès sa naissance ou encore Caractacos, fils de Cunobelin (un ennemi d’Antedios), trophée du peuple des Icènes et finalement brater de Boudicca ; sont autant d’éléments qui vont permettre la maturité de la jeune fille par des enseignements tenants surtout de l’affect. Antedios ne lui montrera jamais à quel point il l’aime, Caractacos avec qui elle grandit, ne sera qu’un opposant durant son adolescence et Ysbal sera finalement la seule figure maternelle que la jeune femme aura eue dans sa vie. Enfin Pratsutagos et Jousse, un mari et une amante, seront les seuls êtres à lui donner l’affection que son père n’aura pas su lui prodiguer. J’ai trouvé le récit moins haché dans sa forme que le premier roman de l’auteur et bien plus empli d’actions. Cela dit, aller à l’essentiel semble une caractéristique qui colle parfaitement au style de l’auteur et l’univers reste immersif et prenant malgré cette épuration. Le rythme est soutenu, bien que la vie de Boudicca soit parsemée de nombreux moments de répit. Au final, la seule chose qui m'ait perdu est la nouvelle présente après le roman, une nouvelle qui n’a rien à voir avec celui-ci (du moins je n’ai pas réussi à relever le lien), mais qui ne manque cependant pas d’intérêt. En bref : Jean-Laurent Del Socorro signe un deuxième roman des plus marquants, bel hommage à une reine celte méconnue. Cette biographie romancée mène le lecteur sur les traces d’une enfant, devenue femme puis mère et qui n’a jamais cessé d’être guerrière. La galerie de personnages foisonnante permet de faire grandir l’héroïne dans un univers ciselé avec soin. J-L Del Socorro : un auteur à suivre ! D'autres avis : L'Ours Inculte - Samuel Ziterman (chez Lecture 42)
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Italien Traducteur : Diane Ménard Éditeur : Gallimard – 329 pages Genre : Science-fiction Acheter ce livre : Papier – Numérique Mon Avis : Multiversum est un titre sorti il y a maintenant quelques années dans la mouvance des romans dystopiques adolescents (Hunger Games, Divergente ou encore Delirium… ). Dans ma PAL depuis sa sortie – ou presque –, dont la raison première était une couverture des plus accrocheuses, l’envie de découvrir ce titre c’est peu à peu estompé au profit de romans plus « adultes ». C’est donc pour faire diminuer cette pile à lire (devenue bien trop conséquente) que j’ai ouvert ce livre sans savoir de quoi il retournait (quatrième de couverture tu as toujours été mon ennemie jurée en matière de spoiler). Au premier abord, Multiversum est un récit ancré dans le réel s’intéressant à deux lycéens, un garçon et une fille, distant de 14.380 km (l’un vit en Italie et l’autre en Australie). Seulement voilà, la particularité de ces jeunes gens est qu’ils peuvent dialoguer par télépathie. Et là, j’ai eu un gros problème : italien / australien, comment surpasser la barrière de la langue quand chaque communication établie n’excède pas les 10 secondes ? Comment développer une relation pérenne (qu’elle soit amicale ou sentimentale) quand la douleur est inhérente cette forme d’échange ? Deux questions qui m’ont poursuivies jusqu’à ce que réponse soit faite pour la première : Jenny est à moitié italienne… Facilité d’écriture, soit. Mais concernant la deuxième, il n’y a pas d’éléments de réponse. Concernant l’intrigue en elle-même, j’aime beaucoup l’idée générale (celle du Multivers), elle est malheureusement traitée avec trop de simplicité et ne fait qu’effleurer le propos. Le manque d’action dans ce récit fait que le lecteur s’essouffle à la lecture, l’intérêt n’étant porté que par la quête des retrouvailles entre les deux protagonistes. On se retrouve justement loin des autres récits du genre (ceux précités notamment) où l’action est omniprésente, ce qui aurait pu totalement contrebalancer cette tendance et offrir un nouveau type de récit dystopique. Malheureusement ça ne prend pas, ou du moins pas suffisamment, la fin expédiant le tout assez rapidement dans un maelstrom d’actions plus cataclysmiques les unes que les autres pour achever le lecteur par une pirouette finale attendue… Les personnages n’offrent pas plus d’intérêt, si ce n’est par le biais des différentes réalités. Clichés ambulants et réactions insensées pour ne citer que ça. Le relationnel qui s’établit entre les différents personnages est soit trop rapide, soit insipide, soit pas assez développé… Ainsi, j’ai eu bien du mal à m’attacher à tout ce petit monde, même Marco, seul personnage intéressant du récit (dans le fait qu’il est un des rares éléments à apporter des hypothèses et des solutions un tant soit peu cohérentes) a réussi à m’agacer. C’est bien dommage, car la plume de l’auteur – inhérente au public et au genre choisis – offre au lecteur la possibilité d’une lecture rapide et immersive. Que dire, si ce n’est un rendez-vous loupé sans doute… Si je l’avais lu durant mon adolescence j’aurai sans doute bien plus accroché au récit, mais le livre n’était pas encore sorti à l’époque et mon bagage littéraire aura eu raison de cette dystopie pour ados. La suite se fera sans moi. En bref : Un pitch attrayant mais servit par des personnages fades et une intrigue mal ficelée…
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Anglais Traducteur : Amélie Audiberti Éditeur : Folio – 408 pages Genre : Science-fiction (Anticipation) Acheter ce livre : Papier – Numérique – Audio Mon Avis : 1984 est un grand classique de la science-fiction (et plus précisément dans le sous-genre de l’anticipation) que je n’avais pas encore eu l’occasion de découvrir. Mais justement : comment vous parler de ce titre, alors que le contexte dans lequel je l’ai lu n’ai pas du tout le même que celui dans lequel il a été écrit ? Comment vous parler d’un titre dont tout le monde a, au moins, une fois entendu parler dans sa vie et c’est déjà fait une opinion plus ou moins juste du récit ? Comment aborder le futur du narrateur, alors que ce futur est déjà loin dans notre passé ? 1984 prend place sur une planète Terre redéfinie en trois grandes puissances : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. L’intrigue se déroule dans la première puissance, où un régime totalitaire mené par Big Brother est depuis longtemps installé et « accepté ». Sans jamais voir l’homme en question, uniquement via des représentations de lui, le peuple suit ses directives au travers des affichages de propagande ou des télécrans. En cela, l’on sent qu’Orwell a été marqué – comme tout un chacun – par la Seconde Guerre mondiale et qu’il a essayé de mettre en perspective les éléments qui ont conduit à cette guerre. Le monde qu’il décrit et la politique installée en Océania sont un clair mélange entre le stalinisme et le nazisme qui eurent cours quelques années auparavant. Winston Smith est le narrateur du récit, et ce qu’on peut clairement qualifier d’antihéros. Dès le début du roman, ce personnage m’a paru nébuleux un peu hors du temps décrit par l’auteur ou plus simplement pas « à sa place ». Son travail au Ministère de la Vérité – qui consiste à réécrire l’Histoire pour qu’elle coïncide avec les désirs du Parti – ne l’intéresse pas, il le juge même insignifiant. Il évolue dans ce monde constitué de multiples règles sans excès d’intention en étant tout simplement là, un personnage tout à fait lambda. « Lambda », c’est assez étonnant de découvrir que le personnage principal de l’histoire et a fortiori le narrateur est qualifiable de lambda… Et finalement ce n’est qu’à partir du moment où Winston prend conscience de son intégration dans la masse, qu’il va commencer à s’en détacher et à devenir intéressant : en transgressant les règles établies, le personnage va prendre de la « consistance », s’étoffer, devenir plus lucide sur le monde l’entourant. C’est là, à partir du moment où il tient son journal tout en se cachant de la surveillance du télécran, qu’il met le doigt sur les problèmes des lois qui régissent Océania. Ce n’est pas l’intrigue qui tiendra le lecteur de bout en bout, car pour tout dire elle n’est, à mon sens, qu’un prétexte à l’exposition des idées de l’auteur sur ce que pourrait devenir le monde dans le futur. On est bien loin du roman d’action qui tient en haleine par sa capacité à proposer des rebondissements mais plus proche du roman introspectif et philosophique. En effet, le titre soulève bon nombre réflexions : l’importance des médias sur la vie de la population ; l’impact de la langue et du langage sur la perception du monde et de son fonctionnement ; comment la manipulation de masses fonctionne-t-elle ; et j’en passe… Questionnements qui ne sont pas étrangers à notre Histoire, qu’elle soit ancienne ou très – trop ? – moderne. Le récit nous est servi de manière implacable, presque descriptive, sans chaleur de la part de l’auteur (mais comment aurait-il pu en être autrement ?). Le tableau est noir, le message tout autant, l’évolution du personnage n’a rien à envier aux romans d’horreur et les tenus espoirs disséminés çà et là dans le récit finissent comme tout le reste, d’horrible façon. Il n’est que trop déconseillé en cas de moral en baisse, mais fortement indiqué dans tous les autres cas de figure. J’aurai pris quelques années pour m'y mettre mais 1984 est un classique dont il aurait été dommage de passer à côté… En Bref : INDISPENSABLE.
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Français Éditeur : Folio SF – 289 pages Genre : Thriller - Fantastique Acheter ce livre : Papier Mon Avis : De Léo Henry, j’ai pu me délecter de sa collaboration avec Jacques Mucchielli dont le titre Sur le Fleuve a été édité aux éditions Dystopia et également de sa nouvelle Fe6 !! ou La Transformation de Bobby J. Fischer parut dans l’anthologie des Utopiales de 2014. Alors quand La Panse a été annoncé aux éditions Folio SF, je n’ai pas pu résister. J’ai retrouvé l’écriture nerveuse et directe de Léo Henry. Sans fioritures et allant à l’essentiel, le décor et l’ambiance sont posés, certes rapidement, mais imposent au lecteur une image toute particulière. La Panse ou la digestion d’une humanité dans une jungle urbaine, archi-bétonnée aux lignes verticales allant toujours plus haut mais plongeant aussi dans les tréfonds de la ville. De quoi se sentir oppressé. Après la lecture, une balade dans le quartier de La Défense ne sera, à mon avis, plus jamais la même. Nous voici plongés dans un récit prenant, nous entraînant avec le personnage principal dans une spirale infernale à la recherche d’une sœur disparue. Une enquête qui, tout au long du récit, sera menée par un personnage lambda, effacé au possible et plutôt du genre suiveur. Une enquête qui mènera le lectorat à se questionner sur la construction du quartier d’affaires parisien (puisque aucun plan des sous-sols n’existe) ou encore à s’interroger sur l’appartenance à un groupe (ou plutôt ici à une secte). Durant la lecture, on est amené à découvrir les choses au même rythme que Bastien (le personnage principal) et puisque celui-ci ne sait rien de l’organisation secrète millénaire à qui il va être confronté, le déroulement de l’intrigue est un peu nébuleux. On avance à tâtons et ce, du début jusqu’à la fin du récit. Fin tout à fait dans la continuité de l’histoire (qui en aura, sans doute, frustré plus d’un). Avec ces métamorphoses dignes de Kafka et sa légende urbaine ancrée dans notre univers contemporain, La Panse serait, à mon sens, un bon livre de transition pour celles et ceux qui voudraient passer des lectures de thriller vers des titres plus fantastique et inversement. En Bref : Une vraie bonne surprise avec La Panse et son ambiance toute particulière. Un récit rythmé et prenant magistralement servit par l’écriture de Léo Henry. Pour les curieux : voici une interview de l'auteur (Léo Henry) à propos de La Panse. Remerciements : Je tiens à remercier Livraddict et les éditions Folio SF de m'avoir fait découvrir ce titre. Les Monts du Renouveau, une aventure d’Augustine Lourdeix (Nicolas Bouchard & Lionel Londeix)25/2/2017
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Français Genre : Policier – Historique Éditeur : Geste éditions – 320 pages – illustrations intérieurs (Lionel Londeix) Acheter ce livre : Papier Mon Avis : « Les Monts du Renouveau » reprend le personnage d’Augustine Lourdeix, personnage que les lecteurs auront pu côtoyer dans Mon ombre s'étend sur vous (2001 Flammarion), La Ville noire (2003 Flammarion) ou encore dans Et le ciel s'embrasera (2004 Flammarion), pour l’installer dans un Limoges d’après-guerre en 1924. Cela dit, il n’est pas nécessaire d’avoir le les autres titres pour apprécier celui-ci qui se suffit entièrement à lui-même. L’institutrice dont la belle-fille disparaît, va croiser des personnes historiquement célèbres telles Marie Curie (la célèbre physicienne nobélisée), Guenrikh Grigorievitch Iagoda (révolutionnaire bolchévique russe et dirigeant du NKVD durant deux années) ou encore Léon Betoulle (maire de Limoges durant 38 ans) et se retrouver au cœur d’une bataille de pouvoir et d’exploitation de ressources dans les monts d’Ambazac. L’auteur ne fait pas dans la dentelle pour romancer ces faits historiques. En effet, il aurait été difficile de faire autrement avec un tel sujet et une période bien sombre dans l’Histoire. Un entre-deux-guerres qui sert de toile de fond à une disparition consentante d’une jeune femme décidant de rejoindre une sorte de secte qui vit en forêt. Le récit est entrecoupé de vieilles légendes russes plus ou moins connues où l’auteur tisse une toile que l’on a plaisir à découvrir. Le tout offre un rythme enlevé tout à fait plaisant. La galerie de personnages s’avère riche en couleurs et offre à voir différents types de réactions face au phénomène de secte. Augustine Lourdeix est un personnage complexe bien que campée sur ses principes et le titre a beau porter son nom la présence de celle-ci par rapport à sa belle-fille est moindre sur l’ensemble du récit. Les illustrations de Lionel Londeix servent à merveille le récit, donnant à voir des scénettes du chapitre suivant et immergeant le lecteur encore plus dans l'histoire qu'auparavant. Ces Monts du Renouveau m’ont éloigné de mes lectures habituelles et m’ont permis de découvrir une période historique méconnue. Bien que la limite entre fiction et réel ne soit pas clairement délimitée, je dois dire que de nombreux éléments m’ont interpellé et je me suis surprise à aller chercher des informations relatives à ces sujets. Un élément historique en particulier m’a surprise, mais je n’en dirai rien, cela risquerait de spoiler les non avertis comme moi (et non je ne parle pas de la mort de Lénine, il y a des limites tout de même). A noter tout de même : l’édition présente des erreurs qui sont suffisamment nombreuses pour être relevé… Autant du point de vue de l’orthographe que des règles de ponctuation (l’espace est après la virgule et non avant, erreur récurrente dans ce livre). C’est bien dommage, ça ne sert absolument pas le texte. En Bref : une bonne lecture qui, tout en m’éloignant des lectures qui sèment habituellement mon chemin, m’a rapproché de celles-ci avec des légendes et des contes russes.
Mon Avis : En ce qui me concerne, ouvrir un livre de Jean-Philippe Jaworski est devenu source de satisfaction. Bon là, je sais vous vous dites que je vais faire une troisième chronique élogieuse du monsieur… et vous auriez une nouvelle fois raison. Cela dit, j’aurai tout de même quelques remarques concernant cette lecture en particulier donc ne partez pas tout de suite. Le Sentiment du Fer parut en juin 2015 chez Les Moutons Électriques dans la collection Hélios est un petit recueil de nouvelles s’inscrivant dans l’univers de Ciudalia (autrement dit, le même que le roman Gagner la Guerre et que l’autre recueil de nouvelles qu’est Janua Vera). Il comporte sept nouvelles, hétérogènes quant à la taille de chacune ainsi que dans la qualité (non pas vraiment la qualité, plutôt dans l’intérêt que j’ai pu porter à chacune). La nouvelle Le Sentiment du Fer ouvre le recueil avec un personnage dans la même veine que Benvenuto Gesufal, car Cuervo Moera est un maître assassin qui va se retrouver embarqué dans un imbroglio un peu merdique. La nouvelle est rythmée, s’étale sur une cinquantaine de pages qu’on a du mal à lâcher tant elle nous replonge dans la même ambiance que Gagner la Guerre. Le personnage est intéressant dans le cheminement de sa pensée (on passe de l’action à ce pour quoi il en est là en un rien de temps, et c’est aussi ce qui me séduit dans l’écriture de l’auteur) et la fin m’a laissée un goût d’inachèvement : autrement dit, une envie d’en découvrir bien plus sur ce personnage ! Viens ensuite L’elfe et les égorgeurs, un titre bien glauque pour une mise en abyme joliment présentée. Annoeth, le personnage principal de cette nouvelle se retrouve dans un cul-de-sac qui le conduira forcément à la mort… ou alors sa persuasion aura raison des « égorgeurs ». En commençant la nouvelle je ne savais pas trop à quoi m’attendre, j’ai eu un peu de mal avec les termes alambiqués qu’emploient l’auteur (à trop vouloir utiliser des termes disparus j’ai tendance à penser qu’on perd le lecteur…) et j’ai finalement passé plus de temps à chercher ce que signifiaient ces termes qu’à lire la nouvelle… Cela ne m’a pas empêché de passer un bon moment et d’être ravie de la tournure de l’histoire. Profanation, en plein procès pour détroussage de cadavres, un homme cherche à sauver sa vie. Une histoire un peu glauque avec une présentation des champs de bataille… après bain de sang. Rien de bien reluisant, ni de glorieux mais de la bile, du sang et des gargouillis de suffocations. Le tout apporte la vision de l'après guerre, étoffant un peu plus l'univers de Ciudalia (pourtant déjà bien complet). Désolation s’intéresse à une caste que l’on n’avait pas encore vue dans le Vieux Royaume, à savoir les nains. Une nouvelle qui se déroule dans les galeries souterraines, sans trop savoir le motif réel de la troupe que l’on suit, l’on se retrouve à fuir des poursuivants agressifs et à découvrir des lieux oubliés. De nouvelles créatures qui viennent apporter un peu plus de relief à l’univers tissé par J-P. Jaworski, avec ces personnages intéressants mais manquants de détails (le format du récit y est pour beaucoup bien entendu, j’aurais aimé en savoir plus). La troisième hypostase. L’héroïne que l’on suit dans cette dernière nouvelle est une femme aux pouvoirs mystiques (hérités des elfes et qui lui confèrent, notamment, une longévité improbable pour une humaine). Loin de tout et obligée de se défendre face à un dieu nécromancien, Lusinga paye le prix de la magie. Les échanges entre ces deux personnages sont peaufinés avec soin. Un gros coup de cœur pour cette dernière nouvelle qui vient achever un recueil qui complète à merveille Janua Vera ! En Bref : Mes yeux ont pétillé du début à la fin (*o*). Mais ils ont un peu piqué concernant le boulot d'édition (pas de marges suffisantes, pas de sommaire, j'ai découvert après coup que les 6 nouvelles sur 7 avaient déjà fait l'objet d'une publication, une erreur dans le titre en quatrième de couverture...), bien dommage !
Mon Avis : Raymond E. Feist et sa pléthore de romans s’installant dans cet univers furent une réelle découverte. Il est un des auteurs classiques en fantasy que je n’avais pas encore lu, et en réalité ce n’est encore pas tout à fait le cas, puisque pour la première fois également, j’ai testé le format audio. Et autant commencer par un titre inconnu dans un genre où je me sens en confort. J’avoue que je m’attendais à un roman initiatique sur le même format que L’Assassin Royal (Robin Hobb) ou L’Arcanes des Épées (Tad Williams), finalement tout en empruntant des éléments çà et là, les aventures de Pug dans cette guerre de la faille sont assez éloignées de celle de Fitz et de Simon. Il s’agit bien d’un roman initiatique (l’apprentissage de Pug dans l’art de la Magie étant un élément clef de l’intrigue), cela dit, Pug n’est pas du tout le seul personnage du récit puisque l’on suivra à loisirs Tomas son meilleur ami, Carline la princesse du royaume de Crydee ou encore son plus jeune frère Arutha. Ce qui fait que tout en proposant plusieurs personnages qui vont évoluer au cours du récit, l’auteur insuffle une certaine dynamique à son roman, offrant peu de temps morts (à l’inverse des premiers tomes des deux séries déjà citées). Une galerie de personnages sympathiques bien qu’un chouia habituelle (mais allons bon, d’autres auteurs auraient-ils été influencés par l’œuvre de ce monsieur Feist ?)… Pug est un personnage que j’ai pris plaisir à suivre, ayant les mêmes sentiments ou ressentis que lui envers les autres personnages (Carline notamment quand il s’avère qu’elle est insupportable). En complément de cette galerie la faune locale est peuplée de gobelins, gnomes, nains et elfes à l’image de l’incontournable Seigneur des Anneaux de Tolkien. Rien de neuf sous le soleil, si ce n’est les peuplades d’humains qui viennent investir Crydee : les Tsuranis, un peuple barbare aux accents celtes. La magie présentée ici est cependant différente du monstre sacré que je viens de citer : la téléportation existe, à grande échelle mais aux capacités limitées. Et les ennemis sont détenteurs de cette faculté : autant le dire, cette « magie » habituellement réservée aux univers de science-fiction m’a agréablement surprise dans ce récit de fantasy. Concernant l’intrigue en elle-même, je dois dire qu’on a là une installation qui prend ses aises, l’auteur installant son univers avec moult descriptions sans pour autant tomber dans la lourdeur. L’action pure démarre tardivement dans le récit, cela n’enlève en rien le côté entrainant du reste du roman (apprentissages divers et petites actions pour développer les relations entre les personnages). Côté style, il n’y a pas grand-chose à relever si ce n’est une écriture simple qui permet de s’immerger rapidement dans le récit. En Bref : Un classique qui se lit facilement, malgré les nombreux personnages (mais on est loin de GoT tout de même), une intrigue sympathique bien que déjà vue, des créatures déjà rencontrées par de nombreuses fois (facilitant l’adaptation d’une lecture à l’autre). La Guerre de la Faille promet une série sympathique mais qui ne révolutionnera pas mes lectures !
Mon Avis : C’est par une nouvelle présente dans Philtres & Potions (P.N. Elrod aux éditions Milady) que j’ai découvert Harry Dresden. Une nouvelle qui m’avait bien accrochée, avec un certain rythme et un personnage des plus prenants. Puis j’ai apprécié les 13 (et seuls) épisodes que comptent la série Dresden Files (adaptation TV de la série littéraire). Me voici enfin à apprécier l’œuvre initiale : le tome 1 de la série de Butcher. Apprécier c’est peu dire, vu à la vitesse à laquelle j’ai dévoré le roman. Et si ce n’est pas grâce à ses bottes de cowboy et son jogging que je suis tombée sous le charme de Dresden, son humour et son désarmement face à la gente féminine m’ont vraiment fait craqué ! Il faut dire que le magicien est plutôt bien entouré dans cette aventure… Karrin Murphy, l’enquêtrice à la poigne de fer, en tête ! C’est justement ce personnage masculin qu’est Harry qui m’a vraiment embarqué, l’homme en personnage principal étant assez peu représenté dans mes lectures d’urban fantasy. Bon bien entendu, l’on a le droit à tous les descriptifs de l’objet désirable qu’est la femme, plantureuse et excitante à souhait ; cela est cependant à relativiser puisque Murphy toute sexualisée qu’elle soit est un des personnages féminins les plus nuancés du roman et qui prendra de l’ampleur dans la suite du roman (déjà le cas dans la nouvelle précitée). Juste un tout petit point négatif sur l’adaptation française : Simone Signoret ? Fanny Ardant ? J’ai souris en voyant ces deux personnes citées dans le roman m’attendant plutôt à retrouver des personnes publiques américaines et non françaises… Le récit est tout de même écrit et basé en Amérique… Mais allez savoir ! Concernant l’intrigue en elle-même, on a là une urban fantasy assez classique (enquêtes, créatures surnaturelles, humour, séduction, …) mais qui réussit à tenir le lecteur en haleine par son côté frais et divertissant. Le rythme est bel et bien présent, avec du côté des problèmes de Dresden des effets boules de neige qu’on voit poindre à des kilomètres. En Bref : un roman d’urban fantasy qui a tenu son rôle pour moi : du divertissement et quelques sourires. Un personnage principal intéressant, une mythologie magique qui j’aimerai découvrir plus en avant et une enquête policière disons… correcte. Si vous n’avez pas lu ce livre je vous le recommande (ajouter à cela les 13 épisodes de Dresden et vous aurez la panoplie complète du bon petit magicien !).
Infos Utiles : Nationalité de l’auteure : Française Éditeur : Bragelonne – 376 pages Prix : GF – 20 € // Poche – 8,20 € Acheter ce livre : Grand Format – Poche – Numérique Mon Avis : Mon ressenti durant cette lecture a été comme qui dirait en dents de scie. J’ai en général du mal avec les mélanges du genre monde purement fantasy et monde contemporain. Ici la partie urban fantasy (la deuxième donc) m’a laissé sur ma faim suite au prologue qui m’annonçait un univers peuplé de dragons et de créatures merveilleuses. Le temps consacré à chaque univers est asymétrique (Ombre étant largement plus exploitée que Rive), pour mon plus grand plaisir. Cela dit, le glissement vers l’univers d’Ombre se fait de manière telle, que j’ai eu du mal à apprécier vraiment ce basculement. Car Manon Fargetton n’y va pas avec le dos de la cuillère pour ce qui est d’en faire baver à ses héros et héroïnes. Non pas que cela soit un mal, mais le fait de s’attacher rapidement à tel ou tel personnage, entraine forcément un élan d’empathie aux moments les plus compliqués et douloureux de celui-ci. Le basculement monde urban-fantasy / fantasy est rude pour Énora (le personnage féminin principal de Rive) et je me suis demandée comment ce personnage allait pouvoir évoluer dans la suite du récit. J’avoue j’ai surtout cherché les passages où les réactions de ce personnage n’étaient pas vraiment en adéquation avec ce que l’on pourrait attendre d’une personne dans sa situation. J’ai été agréablement surprise dans relever peu et d’apprécier pleinement l’évolution de ce personnage en particulier. A contrario, Ravenn m’a immédiatement plu, que ce soit par ses positions diplomatiques, ses choix, son charisme et le fait qu’elle soit insupportable pour le reste du monde (ou presque) et j’étais avide de voir non pas son évolution mais comment elle allait s’y prendre. Concernant les autres personnages, j’ai apprécié la totalité de la galerie des héros et antagonistes de ce roman. C’est assez surprenant, j’en suis la première étonnée, habituellement j’ai toujours un personnage que je trouve moins « bon » que les autres dans le traitement, l’évolution, etc. ; et même si certaines « solutions », ici, ne m’ont pas convenue du tout (voire étaient trop convenues) la globalité reste cohérente. J’aurais aimé un peu de rab’ pour certains personnages auxquels j’ai tout de suite adhérés comme Lïam ou même Axel (qui n’est finalement qu’esquissé…). J’ai particulièrement apprécié les thèmes abordés dans le récit : le deuil et la vengeance, la féminité et le pouvoir, le sens du devoir et la résiliation… Et également des questions sociétales telles l’alcoolisme ou l’homosexualité. Tout cela est servi par une écriture agréable (merci pour ces choix de changements de vocabulaire dans Ombre par rapport à Rive), fluide et est soutenu par un rythme des plus accrocheurs. L’Héritage des Rois Passeurs est un page turner addictif qui m’a donné vraiment envie de découvrir d’autres récits de l’auteure (et ça tombe bien, Les Illusions de Sav Loar est sorti il y a peu et me permettra de continuer dans cet univers narratif). En Bref : des personnages attachants et plutôt bien développés pour un one-shot, une évolution de certains personnages particulièrement bien travaillés, des facilités à certains moments mais qui n’entache pas du tout la lecture : L’Héritage des Rois Passeurs est un livre qui se lira vite et qui je l’espère vous fera passer un aussi agréable moment que moi. |
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