Mon Avis : Il me fallait bien un pavé pour me tenir en haleine durant mon périple pour aller jusqu’en Irlande. Le choix s’est donc porté sur ce titre, qui non content d’avoir son quota de pages est présent dans ma Pile à Lire depuis plus de deux ans (ce qui me semble bien plus que suffisant). Après une première publication morcelée (en deux tomes Le complot des magiciens et Le Prince Tavis) voici donc la réédition respectant le découpage de l’auteur. Et heureusement que je me suis lancée dans ce tome intégral, car je ne pense pas que j’aurai poursuivi l’aventure si cela n’avait pas été le cas. Explications. Comme toute série d’Héroic Fantasy – si vous êtes un minimum familier du genre, passer ce paragraphe, ça peut être un chouia redondant – à rallonge, et là je fais un beau pléonasme, il faut du temps pour installer un univers qui va se prolonger sur 10, 13 tomes voire carrément plus. Très souvent le premier tome n’est pas le plus intéressant du monde, puisqu’il permet à l’auteur de donner un aperçu global de l’univers qu’il va s’efforcer de dépeindre pendant toute sa narration (bien entendu, on peut toujours m’opposer des contre-exemples, je pourrais moi-même vous en citer, mais là n’est pas le propos). Dans la pure lignée des romans d’HF à rallonge, La Couronne des 7 Royaumes se posent là. Le complot des magiciens prend quelques centaines de pages avant de vraiment nous plonger au cœur de ce qui fera la base du récit. Les descriptions sont présentes tout en n’étant pas assommantes comme peuvent l’être celles de Lord of the Rings, ou du Royal Apprentice. Le début est un peu confus avec, ce qui pour moi semble être une succession de prologues présentant des histoires n’ayant pas trait directement avec le héros de l’intrigue. On se met donc à s’attacher à des personnages dans les premières pages du roman qui vont bien vite disparaître… Puis l’on rencontre le héros de l’intrigue. Tavis. Probablement l’un des plus antipathiques héros que j’ai croisé jusqu’ici. Et il ne va pas en s’arrangeant dans la première partie du récit (Le complot des magiciens). C’est probablement ce qui m’aurait fait arrêter, si j’avais lu la série en format morcelé. Un héros aussi exécrable dans le genre, petit prince exigeant, impoli et d’un snobisme insupportable, très peu pour moi ; surtout si je dois le suivre pendant une dizaine de tomes. Mais. L’histoire qui se tisse le long de ces pages est finalement très prenante. Intrigues de cour, complots de toute part et à tous niveaux, traîtrises, politiques et royauté, les personnages ont chacun leurs lots de péripéties. Et c’est donc plus à un Grinsa ou à un Xaver que j’ai réussi à accrocher au récit. Personnages plus profonds que le héros, ces deux protagonistes sont importants dans la construction et le développement de ce dernier, lui offrant loyauté et – surtout – bon sens. J'ai donc pris bien plus de plaisir dans la deuxième moitié du livre, Tavis ayant toujours de l'importance certes mais étant un peu plus effacé. Le tout s'achève sur une note promettant un récit épique et une quête, certes classique mais qui a déjà fait ses preuves. En Bref : Un héros antipathique mais des personnages secondaires attachants. Une mise en place bien trop longue, et une lecture qui doit en grande partie son salut au fait que le roman est édité en intégrale. Enfin une intrigue qui se veut prenante mais pas inoubliable. On en parle aussi chez les copains : MarieJuliet - PtiteTrölle - Zina (Les Pipelettes en Parlent)
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Infos utiles : Nationalité de l'auteur : Française Éditeur : Mnémos - 331 pages - 60 chapitres Genre : Fantasy historique Acheter ce livre : Papier - Numérique Mon Avis : Après L’Ombre du Pouvoir et Le Fou Prend le Roi, voici Le Marteau des Sorcières, troisième opus de la série du Bâtard de Kosigan – qui vient clore la première partie de l’intrigue à en juger par l’indication terminant le récit (et par là même nous annoncer d'autres tomes). Après avoir noué une certaine affection pour l’histoire du Bâtard et pour le personnage lui-même (au détriment de son descendant, Kergaël), je dois dire que j’avais grande hâte de les retrouver. Partie en mission dans le Saint Empire Germanique, la troupe de Pierre Cordwain de Kosigan ne s’est pas déplacée uniquement sous les ordres de l’herzog Dagmar, mais également pour retrouver les traces de l’ascendance du Bâtard. De quoi lever légèrement le voile sur ce personnage ô combien mystérieux. De là à dire que TOUT nous sera révéler… on en est loin, au vu des fins que nous sert l’auteur (bonjour cliffhanger, arrachage de cheveux et attente du prochain tome !). Et oui je parle « des fins » dans la mesure où le livre est toujours à deux niveaux de lectures/temporalités, avec Kergaël au tout début du XXe siècle et Pierre Cordwain de Kosigan au milieux du XIVe. Et si les similarités entre les récits existent, notamment dans leur quête d’ascendance, les dissemblances sont également bien présentes et donnent une différence de rythme entre chaque partie. Moi qui espérait pas mal d’actions du côté de Pierre Cordwain dans ce troisième opus (autant que dans le 2e tome tout du moins), c’est finalement Kergaël qui m’en a le plus donné. Jusqu’ici plutôt témoin qu’acteur de l’action, l’universitaire voit sa vie complètement chamboulée du fait de ses découvertes historiques. Une action que je n’avais pas vu venir et qui m’a agréablement surprise. Outre l’action, la majeure partie des informations données dans ce tome viennent également de lui puisque l’on apprend entre autre que la magie existante à l’époque du Bâtard n’a pas disparue et existe toujours quatre siècles plus tard. Je n’en dirai pas plus de peur d’en dire trop, mais bon nombre d’autres éléments soulèvent une myriade de questionnement. Pour en revenir à Pierre C., il est tout à fait fidèle à lui-même : un maître manipulateur qui arrive à faire en sorte que tout s’imbrique quasiment parfaitement pour assouvir ses propres attentes. Mention spéciale à la fin du récit qui laisse le héros dans une situation des plus délicates et le lecteur dans l’expectative… Mais concernant l’intrigue je l’ai trouvé un peu en dessous des précédents opus. La faute sans doute à un développement plus important de l’autre partie du récit s’intéressant à Kergaël, à un livre dont il n’aurait pas été judicieux de doubler le volume ou à mon intérêt moins grand pour l’Histoire allemande… En Bref : Une nouvelle fois une excellente lecture. Et si jusqu’ici j’appréciais moins les parties du récit plus « contemporaines » dédiée à Kergaël, dans ce tome-ci il n’en est rien tant les éléments s’y présentant sont d’importances.
Infos utiles : Nationalité de l'auteure : Française Éditeur : Les Moutons Électriques - 376 pages Genre : Fantasy Acheter ce livre sur leslibraires.fr : Papier - Numérique Mon Avis : Véridienne est le récit d’ouverture de la première série publiée de Chloé Chevalier. Et quelle entrée en matière ! Le roman est dense, offrant au lecteur la découverte du royaume du Demi-Loup et des Éponas par le regard de cinq demoiselles, les héritières du royaume que sont Calvina et Malvane (les princesses) et Lufthilde, Nersès et Cathelle (les suivantes). Cette relation existante entre un(e) prince(sse) et son(sa) suivant(e) est un lien intéressant que l'auteure a mis en place. Dans ce premier tome on entraperçoit largement les différentes formes de relations que peuvent prendre un tel lien, et jusqu'où cette osmose peut mener. À la naissance d'un enfant royal, le père doit partir le jour même à la recherche de celui ou celle qui accompagnera toute sa vie le jeune prince, qui sera son miroir, son confident, son compagnon le plus proche, la moitié de son âme. Alternant entre le point de vue des suivantes sous la forme de journal, de compte rendu ou encore de lettre, l’intrigue nous donne à voir l’enfance puis l’adolescence de ces jeunes filles entre chamailleries, épidémie et intrigues politiques. Le choix de roman chorale offre un certain rythme à l’intrigue et empêche le lecteur de sombrer dans l’ennui de l’installation inhérent à un premier tome. Il faut une solide base pour rendre un récit passionnant et c'est tout à fait le cas de Véridienne, et tant pis si le manque d'action se fait ressentir par moment, le tout est suffisamment prenant pour tenir le lectorat de bout en bout. L'algue s'agite quand la marée est haute mais gît toute molle le reste du temps. On sent l’impact des lectures passées de l’auteure (Robin Hobb étant citée comme une auteure d’inspiration) et ce notamment dans la manière de décrire les lieux et d’installer le récit (Véridienne manque d'actions brutes à l'instar de L'Apprenti Assassin). Les personnages sont attachants, bien que certain(e)s soient de vrai(e)s têtes à claques. Je n’ai eu de cesse de changer d’avis sur les personnages jusqu’à la dernière page, oscillant entre l’attrait et la totale répulsion. Tous les éléments sont réunis pour faire de ce Demi-Loup, une série phare en ce qui me concerne ! En Bref : Une très bonne entrée en matière, des personnages étoffés à la fois attachants et exaspérants, une intrigue qui prend son temps pour s'installer. Je vais vite sortir la suite de ma PÀL (Pile À Lire).
Mon Avis : Auteur encore inconnu dans mes lectures, Thomas Burnett Swann m’avait donné envie de le découvrir par La Trilogie du Minotaure. C’est finalement par Plus grands sont les héros que j’aborde les écrits de cet auteur américain. Ce passionné d’histoire s’est surtout inspirer des êtres qui peuplent la mythologie grecque pour écrire, comme l’atteste la première série précitées et son Cycle de Latium. Cette lecture, dans la veine des autres récits, prend appui sur le mythe biblique de David, jeune homme qui combattit Goliath le géant à l’aide d’une unique fronde et sans armure. Mais si l’histoire semblait être toute tracée (les deux lignes précédentes l’attestent), elle n’est que prétexte à se pencher plus avant sur la relation qui unie David au prince Jonathan, fils de Saül, roi d’Israël. Si la nature de cette relation n’est qu’esquissée (ou plutôt sous entendue) dans le livre de Samuel, l’auteur ici décide de montrer au grand jour ce qui pour lui est la vérité : un amour inconditionnel entre deux hommes. Et c’est beau. Ça fonctionne à merveille pour captiver le lecteur et l’entraîner dans ce tourbillon d’amour, de poèmes lyriques et de combats contre les Philistins. Le tout agrémenté de quelques créatures mythiques aux pouvoirs quasi sans bornes, dans un roman pas bien épais qui se lit d’une traite. En Bref : Une histoire connue – qui pourrait paraître éculée – mais qui fonctionne tout de même très bien, donnant à voir une relation passionnée et passionnante entre deux hommes. A découvrir !
Lorsque Youna et son équipe son chargé d'enquêter sur une sordide série de meurtres au coeur de la zone Celte, ils ne savent pas encore que ces crimes ne sont que le début d'un véritable jeu de massacre. Une folie contagieuse, dont les racines s'enfoncent loin dans l'obscurité... Infos Utiles : Nationalité de l'auteure : Française Éditeur : Le Temps Éditeur - 315 pages - 17 chapitres Genre : Urban Fantasy Bande annonce : Juste ici Acheter ce livre : Papier - Numérique Mon Avis : ORACLE, c'est un roman d’urban fantasy sauce bretonne. On y retrouve toute une tripotée de créatures qui peuplent les légendes armoricaines : les korrigans, les faunes, les wyvernes, les druides, etc. On y retrouve également des légendes ignorées et des dieux méconnus. ORACLE, c’est un roman bourré d’actions qui prend tout de même son temps pour s’installer et offrir un faible aperçu de l’intégralité de son univers et toute sa complexité. J’ai donc mis également un peu de temps pour m’imprégner pleinement du récit, attendant (avec délectation) de retrouver la nervosité de l’action que l’on entraperçoit dans le prologue. Mais ce roman est surtout une bouffée d’air frais quant aux caractères des personnages ! Les répliques sont ciselées et expédiées avec soin ; drôles et parfois sans concessions. Toute la galerie des personnages m’a intriguée (j’ai essayé, en vain, de retrouver des caractéristiques de personnes réelles que l’auteure et moi avons en commun) et certains personnages m’ont fait plus réagir que d’autres. Netun, Youna, Talmad et Eliaz forment un quatuor des plus hétéroclites et donnent à voir des situations tout à fait improbables. Dans la grande famille que représentait la Vie, les humains n’étaient rien de moins que les cousins demeurés dont tout le monde se serait bien passé. Netun est la caution rigolote de l’équipe, le sidekick qui se prend un peu tout sur le dos (surtout quand il s’agit de détourner l’attention). Il est le plus incisif du lot et n’hésite pas à dire ce qu’il pense réellement (mention spéciale à sa réplique à destination d’un couple de petits vieux…). Talmad est le seul qui arrive à garder la tête froide dans n’importe quelle situation, il temporise et retient ses camarades si nécessaire. Je n’avais qu’une hâte tout du long du récit, c’est que le personnage pète un câble (j’attendrais donc impatiemment le tome 2) ! Eliaz reste le personnage le plus discret du lot, mais je le retiendrai surtout pour sa magie technologique (faisant presque tomber le récit dans un roman de SF avec ce superbe chapitre immersif dans une imprimante). Et enfin Youna… Main froide, cœur chaud ? Pas vraiment ce qui la caractériserait, mais un personnage que j'ai pris plaisir à suivre malgré la froideur qui se dégage d'elle. Saint Kiri, mère de Bleu. Tout cela pour vous dire qu'au final c'est surtout le style d'écriture de l'auteure que je retiendrai le plus : incisif, tout en étant drôle, Justine M. se joue de la langue française à coup d'expressions déformées et de références de la pop culture contemporaine. Celui qui n'entonnera pas "Soft kitty warm kitty little ball of fur" en pensant à Sheldon Cooper aura le droit de me jeter un roman bien épais.
En Bref : J'ai kiffé. Et pas parce que je connais l'auteure. Parce ORACLE propose avec un rythme enlevé : une enquête paranormale des plus caustiques servit par une galerie de personnages improbablement - mais ingénieusement - associés et une écriture des plus agréables. Vivement la suite !
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Française Éditeur : Folio – coll. SF – 688 pages Genre : Fantasy Acheter ce livre : leslibraires.fr Mon Avis : Dense. C’est le premier terme qui me vient à l’esprit pour vous décrire Port d’Âmes. Que ce soit le foisonnement des personnages, leur caractère et épaisseur dans le récit, qu’il s’agisse de l’intrigue et des rebondissements mais aussi dans la forme du roman tout y est étoffé. Il s’agissait de ma première incursion dans l’univers d’Evanégyre, et la faire au travers des yeux de Rhuys Ap Kaledán m’a émerveillé. Aniagrad, la ville de tous les désirs, où tout peut s’acheter et/ou se vendre offre un décor riche et saisissant. J’ai immédiatement pensé à Camorr (Les Salauds Gentilshommes) et à Ciudalia (Gagner la Guerre), deux villes pourries jusqu’à la moelle où le pouvoir n’appartient pas à ceux qu’on croit. Rhuys arrive dans la ville au début du récit et se retrouve avec les vestiges laissés quelques années plus tôt par son père. Dans sa démarche de redorer le nom de sa famille, il s’associe à des amis de feu son père. Ainsi démarre l’aventure du jeune homme, qui se retrouve bien vite à nager dans des eaux infestées de requins bien humains. C’est donc l’univers qui frappe en premier le lecteur avec sa qualité de détails et les choix opérés par l’auteur, notamment l’ambiance bien particulière qui règne à Aniagrad. Ensuite, bien entendu, le personnage principal y est pour beaucoup. Tel un roman initiatique – tout en n’en proposant pas la temporalité –, Port d’Âmes offre à Rhuys l’opportunité de vivre son idéalisme au grand jour, de même que sa naïveté… Deux choses qui l’entraineront dans des situations improbables et dangereuses. Mais le personnage grandit, évolue, apprend de ses erreurs (malgré quelques rechutes en chemin) et c’est aussi un des points qui m’a intéressé : découvrir comment Rhuys allait s’extraire des situations (physiquement et mentalement). Enfin vient l’intrigue, et son lot de complots, de vengeances et de traitrises qui parsèmeront le récit, accrochant un peu plus le lecteur. Car si l’univers est riche, l’intrigue n’en est pas moins fournie. Pourtant de prime abord, on pourrait y voir un énième arc narratif relatant les aventures palpitantes d’un jeune éphèbe déchu cherchant à venger son nom, sauvant femmes et enfants de la corruption ou de la lie, et se défendant d’attaques psycho-perfides du grand méchant. Mais ça serait sans compter sur les éléments indispensables que sont la dranaclase et la conversation dranique ou le transfert, qui viennent alambiquer tout ça (car rien ne sera simple dans la compréhension du monde de Monsieur Davoust, il faudra y trouver vos propres réponses). D’ailleurs, c’est cette « magie mémorielle » qui m’a le plus intrigué. Le transfert a été pour moi source de bon nombre de questionnements car j’ai trouvé cela tout à la fois fascinant (pour les perspectives qu’il offre) et inquiétant (pour l’avenir des personnages). Toutefois, malgré une intrigue éminemment prenante, le récit manque parfois de rythme (en raison des introspections constantes du personnage principal au détriment parfois d'un peu d'action). En Bref : un récit prenant pour son univers magique et riche en détails, une intrigue qui tient la route mais manquant parfois de rythme et un personnage qui ne fera qu’évoluer durant tout le récit. Je vais retourner en Evanégyre, c’est certain ! Remerciements : Merci à Bookenstock pour cette découverte et ce mois de... Et merci à Lionel Davoust d'avoir répondu à notre myriade de questions !
Infos Utiles : Nationalité de l'auteure : Française Éditeur : ActuSF - Collection Naos - 504 pages Genre : Science-Fiction Acheter ce livre : Directement chez l'éditeur - leslibraires.fr Mon Avis : Les Abîmes d’Autremer est un space opéra estampillé jeunesse (tant par la première édition Mango, que dans la collection Naos des Indés de l’Imaginaire en version intégrale, qui regroupe : Les Abîmes d’Autremer renommée L’Elue pour l’occasion, L’Envol de l’Abîme et L’Appel des Abîmes), mais qui ravira sans doute n’importe quel lecteur de SF qui a envie de quelque chose de plus soft que de la Hard Science. Car mis à part le fait que la série met en scène des protagonistes plutôt jeunes (n’excédant pas la majorité), les thématiques et les questionnements que soulèvent ce récit, n’ont pas grand-chose à envier aux textes destinés à un public plus mature. Ainsi le premier tome, malgré ses dix-sept printemps, aborde des sujets toujours d’actualité comme la liberté de la presse, le droit à l’information et leurs limites (ou du moins si elles existent) ; la tolérance et le regard à l’autre. C’est au travers du regard acéré de la jeune Sandiane que nous allons découvrir Autremer et ses vaisseaux, les Abîmes. L’apprentie journaliste est un personnage antipathique dès les premières pages du récit, suivant dignement les traces de son père, Sten Ravna, reconnu à travers l’espace comme un journaliste à scandale, prêt à tout pour un scoop. Avec une technologie de pointe, les deux personnages découvrent des secrets cachés depuis bien longtemps par les Autremeriens. Si ces deux individus m’ont tout de suite mise en porte à faux avec la poursuite de ma lecture, l’évolution rapide de la jeune fille m’a tout de même donné envie de continuer ma lecture (et cela sans compter pour mon intérêt grandissant envers les incroyables vaisseaux spatiaux, cœur de l’intrigue). Et puis la fin du premier tome de la série est très vite arrivée… Après ses cent cinquante premières pages j’étais happée, comme une perl à son cervoeil. Les deuxième et troisième tomes ont été de véritables pages-turners et la dernière page fût bien vite tournée. Ce sont vingt-cinq années à Autremer que l’on voit passée. Vingt-cinq ans en compagnie des Maguelonne, l’incroyable famille perl de père en fils (et en fille) et des Ravna, pour qui prime l’information (même si parfois elle dépasse les limites de la décence). Vingt-cinq années durant lesquels le monde présenté au début va changer, s’ouvrant à un espace encore plus vaste qu’il ne l’était, offrant de nouvelles perspectives, des voyages de plus en plus incroyables. Un récit dynastique porté par un amour pour l’humanité et la foi en ce qu’elle pourrait entreprendre avec une espèce telle que les Abîmes (oui parce que si ce sont des vaisseaux, elles ne sont pas que cela…). J’ai adoré voir cet univers se développer. Loin des lignes temporelles habituellement usitées, Les Abîmes d’Autremer offre à voir un monde riche, qui ne cesse de s’étoffer à chaque nouveau tome. Bien sûr, on assiste à une sorte de phénomène cyclique au début de chaque opus, avec la découverte d’un nouveau personnage (à noter qu’il y a deux filles et un garçon qui sont chacun le personnage clef de son opus, les deux familles précitées étant des liants entre les individus), et sa rencontre avec les Abîmes. J’ai surtout apprécié de voir la condition de ces derniers évoluer au cours du temps, leur statut fluctuant rapidement en fonction de leurs prouesses/incartades. J’ai aussi apprécié le peu de descriptions physiques des personnages (laissant libre cours au lecteur de s’en faire une image virtuelle) et le large développement des relations interespèces qui s’opèrent. L’auteure va droit au but, ne s’encombrant que moyennement de fioritures dans son écrit (et c’est mieux à mon sens, quand le public de destination est plutôt jeune), même si certains termes sont un peu complexes au départ. En Bref : une excellente lecture que ces Abîmes d’Autremer. Un récit que j’aurai adoré lire plus jeune (à sa sortie par exemple) mais qui ne m’a cependant pas empêchée de l’adorer avec mes quelques années de plus. Un récit humaniste, empreint de découvertes spatiales et de rencontres avec l’Autre, portant haut des questions comme les limites du droit à l’information, la manipulation médiatique et les joies des shows-télés (aha). Le tout servi par la plume épurée de Danielle Martinigol : pour moi, c’est un grand oui !
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Américaine Traduit de l'anglais par : Francis Guévremont Éditeur : Aux Forges de Vulcain – 298 pages Genre : Super-héros Acheter ce livre : leslibraires.fr Mon Avis : Tous les super-héros des deux méga franchises que sont DC et Marvel ont existé, ils ont même cohabité. Mais depuis que les grands méchants ont été battus, et que certaines des têtes d’affiches ont disparus… les gens en capes et collants se font rares. David Brinkley en fait partie. A 40 ans, il a raccroché le costume depuis une petite dizaine d’années, a pris quelques kilos superflus et nous fait succomber, au début du récit, à l’ennui qui s’est peu à peu installé en lui. La routine et l’absence d’action sont devenues son quotidien : l’ex super-héros sera bientôt papa pour la troisième fois. J’ai donc eu bien du mal à m’intéresser au personnage… Et finalement ce n’est pas de suivre cet homme qui m’a le plus intéressé, mais plutôt le monde dans lequel l’auteur l’a installé. Il faut dire que le texte est truffé de notes, et qu’elles soient explicatives, indicatives ou purement humoristiques, c’est un des éléments qui m’a donné envie de poursuivre ma lecture. Qu’en est-il du texte en lui-même ? Et bien tout d’abord, il faut savoir que les textes à quelques années, que le contexte mondial durant lequel il a été écrit n’est plus celui de maintenant et que cela s’en ressent grandement. L’auteur s’inspire pour grande partie de sa réalité, lui empruntant çà et là des personnages célèbres, des histoires truculentes ou glauques, des anecdotes improbables… Ainsi les assassins de Kennedy et de Luther King ont fait la même « école », Joe Dimaggio est garde du corps et le sosie de Marilyn Monroe, secrétaire. Et ce sont tous ces petits, mais nombreux, éléments qui sont annotés. La chasse aux références s’est donc ouverte en même temps que ce Supernormal, et je ne pourrais que souligner le travail du traducteur : travail titanesque, mais Ô combien important pour permettre au lecteur d'aborder le texte dans son ensemble. Mis à part ça, voilà longtemps que je souhaitais découvrir de « vieux » textes issus de la culture américaine, et notamment de celle des comics. Ce roman rend hommage à ce média en lui empruntant références et personnages en slip coloré. Elle aborde tout ce qui a pu marquer les plus grands héros : la figure du père, la perte d’un être cher, la résiliation, le courage, la volonté et bien entendu la mégalomanie (quel superhéros ne l’ai pas ?). Robert Mayer imagine l'après gloire des plus barbants d'un être hors normes au cheveux bleus, s’amuse des codes des comics, jouent avec et sert finalement un récit d’enquêtes sur fond de complot politique assez enlevé. Le petit plus que j’ai relevé : quelques méchants certes, mais LE méchant n’est que peu présent, tout en retenu, bien loin du bad guy habituel présent dans les comics (oubliez le bling-bling du casque de Loki, les huit bras de Docteur Octopus et l’extravagance de Pingouin). En Bref : Un bon moment dans les pages de ce roman ayant tout juste 40 ans (Superfolks étant pour la première fois traduit en France). Une bonne surprise, malgré le peu d'attachement que j'ai pu ressentir vis-à-vis du personnage principal, une intrigue qui tient la route, une enquête qui n'empiète pas non plus sur le développement des personnages. A mettre entre toutes les mains et même celles d'adeptes des comics qui souhaitent passer à un nouveau format ! Remerciements : Merci à Babelio et Aux Forges de Vulcains de m'avoir envoyé ce livre ! Juste une petite remarque au niveau éditorial, quelques coquilles au niveau des apostrophes sont présentes en début de récit.
Mon Avis : Acquis il y a plus de deux ans, j’ai découvert Navarre/Raphaël, non par ce titre-ci mais par la série dédiée à Agnès, avec les titres L’Héritière et Alouettes. Un vampire mystérieux à souhait avec des petites manies qui ont facilement titillées ma curiosité. J’ai donc apprécié retrouvé ce personnage, non pas comme personnage secondaire, mais comme « héros » de ces quelques nouvelles. De nouvelles facettes se sont offertes à moi, ô combien surprenantes mais tout à la fois intéressantes. J’avoue avoir eu bien du mal à cerner complètement le vampire, tant par le fait qu’il soit très changeant (dans l’humeur et les réactions) et que les périodes historiques dans lesquelles s’installent les histoires sont présentées de manière non chronologique. Ainsi l’on traversera la ville de Rio, version post-Seconde Guerre Mondiale et en plein carnaval, mais également la Méditerranée et une île oubliée, ainsi que l’espace lui-même… Joyeux bordel donc, mais tout à fait organisé ! Comme précisé dans la postface, signé Jean Marigny, l’auteure ne s’encombre pas des qualifications de genres, et installe son personnage aussi bien dans un univers de fantasy [avec Lance], que de fantasy urbaine (fantastique dirons-nous) [avec Métaphysique du Vampire] que dans de la SF [avec Ovogenèse du vampire et La Fontaine aux Serpents]. Mais quel que soit le genre « choisi », l'auteure réussit à présenter des univers riches, denses et cohérents et à conserver le côté cynique de son personnage principal quel que soit les circonstances. L'écriture de l'auteure est comme celle que j'avais rencontrée précédemment, incisive, directe et prend à partie, juste ce qu'il faut, le lecteur. Elle ne s’encombre pas de palabres quand il s’agit de rentrer dans le dur (ou dans le mou des ennemis…) des sujets, avec des rapts et séquestrations d’enfants, ou dans la présentation de scène de combats – aussi violents que rapides. Finalement l’auteure pointe du doigt que les monstres ne sont pas toujours ce qu’on croit (la forme romantique du vampire est tout de même maintenue dans ce récit, malgré les clichés défoncés à grand coup de truelle). Une très bonne lecture qui donne envie de découvrir plus avant ce personnage trouble (et troublant) !
Mon Avis : De Sylvie Lainé, je n’avais apprécié jusque-là que ces interventions lors des conférences aux Utopiales, femme posée aux interventions mesurées et intelligentes. L’Opéra de Shaya m’avait attiré à sa sortie, mais je n’ai finalement pas sauté le pas. C’est donc avec Fidèle à ton Pas Balancé – condensé de l’activité de l’auteur de ces 30 dernières années – que je la découvre. Et quelle découverte ! L’objet livre en lui-même est superbe et offre un plus non négligeable pour la bibliophile que je suis. La sur-jaquette est aussi blanche que la couverture rigide est noire et l’intérieur superbement décoré par Gilles Francescano, dont les traits de dessins monochromes s’allient à merveille avec les propos de l’auteur. Quant au contenu ce sont 26 textes, issus de trente années de création, qui sont compilés en parties en fonction de l’« ampleur des projets et du contexte », et non chronologiquement comme on pourrait s’y attendre. J’ai surtout eu l’impression que les regroupements des nouvelles formaient un tout cohérent, avec des thématiques parfois semblables ou bien justement de parfaites opposées. L’œuvre est riche, les nouvelles courtes (exceptions faites de L’Opéra de Shaya et de Les Yeux d’Elsa), les messages distillés çà et là sont autant de déclarations de tolérance, d’amour, de paix. Par une plume poétique et scientifique (dans sa précision), Sylvie Lainé arrive à nous transporter dans ces univers qu’ils soient fictifs ou bien réels (à l’image des rues de Brest ou de Metz) et offre à voir une galerie de personnages richement humains. « Humains » cela peut paraître bien paradoxale quand l’un des personnages s’avère être du sable ou une planète… Mais ce sont surtout les comportements empathiques ou les approches métaphysiques qui caractériseront le mieux les personnages de l’auteure. Concernant les intrigues, c’est sans doute la non-violence des récits – loin des batailles intergalactiques si souvent relatées dans les space opéra – qui transporte le plus et amène le lecteur vers un sentiment de plénitude, tout à fait bienvenue ces temps-ci. Le nombre de sujets abordés est tel, que vous en faire un listing serait laborieux et rébarbatifs, tout ce que le recueil n’est pas. Toutes les nouvelles m’ont touché, à des degrés différents certes, mais il me serait impossible de vous parler d’une en particulier. De la nouvelle Le printemps des papillons, où une libraire souhaite dompter ces petits êtres ailés afin d’envoyer des messages : un brin étrange comme concept mais tellement poétique ; à la nouvelle Un brin d’herbe où les rencontres amoureuses ne sont pas forcément ce qu’elles paraissent être et où le bonheur peut se révéler et s’épanouir dans un univers figé ; en passant par La Mirotte, qui permet à un aveugle de recouvrer la vue, une nouvelle de génie qui aborde la perception du monde d’un individu à l’autre ; TOUTES SONT FORMIDABLES. Et bien entendu les deux novellas que sont L’Opéra de Shaya et Les Yeux d’Elsa, plus denses que les autres, sont autant de récits immersifs dans des sujets semblables : le premier s’attache à la découverte d’une planète et à la mutualisation existant entre les espèces (qu'on qualifie aussi d'échanges avantageux) dans un univers constamment en mouvement, le deuxième à un monde dans lequel les dauphins génétiquement modifiés sont esclaves de sociétés en bâtiments. Les deux s’intéressent toutefois à la relation inter-espèces et aux conséquences éventuelles que cela peut impliquer. À la fermeture du recueil, j’ai surtout ressenti le besoin de parler coexistence inter-espèce et de promouvoir le vivre ensemble autour de moi. J’ai aimé tout ce qui se racontait sous mes yeux : les rencontres amicales ou amoureuses, les échanges, les découvertes scientifiques, les améliorations d’espèces, le temps qui passe, les événements métaphysiques (toute une histoire de bulles), mais aussi les événements moins "joyeux" comme l'immobilisme forcé, l'amour non partagé, l'amour dévorant… Moi qui ne relis jamais un titre deux fois, c’est sans conteste que je me replongerai avec délectation dans les nouvelles de Sylvie Lainé ! En bref : Fidèle à ton Pas Balancé est une pépite dont chacune des nouvelles se savoure avec attention. Des univers relevant de la science-fiction – et pas que – qui pourraient permettre aux non lecteurs de ce genre d’enfin s’y intéresser. C’est beau, poétique et le tout est servi dans un superbe écrin à prix tout doux pour un recueil de cette ampleur (20 €)… Que demander de plus ? D'autres avis : Phooka (Bookenstock) - Simon Krug (Les Inrocks) - Soleil (Les Chroniques de l'imaginaire) |
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