Infos utiles : Nationalité de l'autrice : Française Éditeur : Rageot – 622 pages Illustratrice de couverture : Noëmie Chevalier Genre : Fantasy Prix : 18,50 € Acheter ce livre : Chez l'éditeur – Grand Format Parce que vous aimez / avez aimé :
Avant Propos : Mon amour pour les titres d'Adrien Tomas n'est plus à démontrer, en témoigne mes différentes chroniques sur les magnifiques ouvrages de l'auteur. Dragons et Mécanismes ne fera pas exception. Mon Avis : Bien que n'ayant pas lu Engrenages et Sortilèges, je n'ai pas hésité quand sur Netgalley le nouveau titre d'Adrien Tomas s'est trouvé disponible. Les deux titres s'installent certes dans le même univers, mais ils sont néanmoins totalement indépendants et peuvent se lire l'un sans l'autre. Entre nous, rare à mon avis seront celles et ceux qui ne voudront pas découvrir l'autre titre, tant cet univers est riche et donne envie d'y revenir. Dragons et Mécanismes s'ouvre sur le prochain méfait de Dague : le vol d'un objet ancien pour le compte d'un malfrat d'importance, trafiquant vivant dans les bas-fonds de la ville. J'ai tout de suite accroché à ce personnage indépendant, vivotant de ses larcins mais aux rêves de grandeurs et de voyages. En parallèle des cambriolages, Dague se retrouve aussi à mener à bien des missions pour le compte de ce même trafiquant. Ainsi, il se retrouve parfois embourbé dans des situations improbables, en concurrence avec ses amis voleurs... De quoi se méfier de tout et tout le monde. L'on suivra également Mira, une jeune archiduchesse qui fuit son pays (Asthénocle) suite à l'assassinat de ses parents par le comte ou duc (je ne sais plus) Arlov. Elle a pour particularité d'être mécanomage, c'est-à-dire qu'elle est capable de combiner la magie aux mécanismes des machines et autres engrenages. Les deux personnages sont très différents et offrent un duo complémentaire aux échanges parfois mordants. Sans vous divulgacher quoi que ce soit, il y a un retournement de situation entre les deux personnages dans le dernier tiers du récit qui est particulièrement intéressant. Mais outre ces deux personnages d'importances d'autres personnages viennent agrémenter le récit. Tout d'abord Kimba, la mère adoptive de Dague, est le pendant "sagesse" du récit. Enfin, sagesse n'est peut-être pas le mot adéquate, mais elle leur servira de guide et sait beaucoup plus de choses qu'elle ne le laisse paraître. Elle donne son avis sur tout et tout le monde avec il faut le dire parfois un peu de mauvaise foi... Elle m'a surtout fait penser à une grand-mère bougonne, mais bad-ass. Un combo détonnant, mais qui fonctionne très bien. Au début du récit, on croise la route de Nishka et Grigorz, deux androïdes conçut par Mira, et si je vous en parle, c'est juste que les noms m'on fait penser aux frères Bogdanoff (Igor et Grichka). Référence voulue ? Je ne sais pas, toujours est-il que cette question me poursuit quelques jours après avoir refermer le livre. Et il y a Cuthbert. Là encore, c'est un personnage qui m'a fait penser à un autre dragon très connu : Norbert le dragon d'Hagrid dans Harry Potter. Il y a comme une mode des prénoms en -bert chez les dragonistes ! Mis à part ces paronymes, Cuthbert est le dragon ridicule par excellence et je dois dire qu'il est devenu mon dragon préféré. Une langue bien pendue qui pourrait le mener à vous maudire sur plusieurs générations sans hésitation aucune. Enfin, il faut que je vous parle du méchant, parce que s'il fait partie intégrante du récit, il est aussi un personnage pilier de l'intrigue : Arlov. Il est décrit comme un éphèbe, mais sa grande beauté n'a d'égal que sa cruauté. Avide de pouvoir, entêté, se souciant de ses hommes comme d'une guigne... il a tous les attributs d'un bon méchant. Dague hocha machinalement la tête, sans répondre. Il ne comprenait rien à cette histoire de permutation de sexe à volonté. [...] Parlons magie : omniprésente dans le récit, elle y revêt cependant plusieurs formes. La mécanomagie, dont on a parlé un peu plus tôt, est une magie qui fait un peu penser à ce qui fait l'essence du steampunk : un mélange habile de mécanismes, d'engrenages et de magie, mais ici sans l'époque victorienne. Dragons et Mécanismes a presque revêtu un aspect de science-fiction quand Mira sort un Cog, un droïde de forme cubique. Outre la mécanomagie, on découvre également la biomancie. D'après les descriptions faites par celles et ceux qui la pratique, c'est une magie qui manipule la matière organique, les éléments existants dans la nature pour en réutiliser certains aspects à des fins de soin, de modification ou de combinaison. J'avais peu rencontré cette forme de magie dans mes récits antérieurs, mais cela m'a fait penser à une des nouvelles de Fabien Cerutti dans Les Secrets du Premier Coffre : Légende du Premier Monde. Et puis il y a les dragons. Ma foi, rien qu'à leur évocation, je trouve le livre génial. Ces créatures fantastiques sont archi connues, archi présentes dans les récits de fantasy. Mais ces êtres continuent de nous faire voyager sans problème vers des quêtes incroyables. Et ce titre, ne fait pas exception à la règle. Mention spéciale pour la mythologie créée par l'auteur autour de ces écailleux. L'intrigue tout d'abord fixée sur la fuite de Mira et sa quête d'une découverte incroyable pour reprendre son trône évolue peu à peu vers autre chose. Je n'irai pas plus loin, car je gâcherai votre plaisir de découvrir par vous-même ce qu'il advient dans l'histoire. Mais sachez que l'évolution est intéressante et que le glissement se fait tout doucement. À la fin on recoupe les évènements qui ont lieu au début du récit avec le nœud de l'histoire, et j'ai trouvé ça particulièrement bien trouvé. Le rythme est omniprésent, les chapitres suffisamment cours pour s'enchaîner avec facilité. En Bref : Les personnages disparates forment une équipe soudée et complète, offrant des interactions cocasses. Des magies peu rencontrées. Des dragons. L'action omniprésente dans ce texte pousse à une lecture effrénée et l'on a du mal à lâcher ce livre tant on a envie d'en connaître la suite ! C'est un coup de cœur.
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Infos utiles : Nationalité de l'autrice : Australienne Éditeur : Gallimard – 568 pages Genre : Fantasy – Historique Prix : 9.80 € (Poche) Acheter ce livre : Numérique – Poche – Grand Format Parce que vous avez aimé :
Mon Avis : Inconnu au bataillon, ce Lady Helen m'a attiré à la bibliothèque pour sa couverture et par le fait que la trilogie avait été mise en avant, car une nouveauté dans le catalogue. J'ai donc emprunté le premier tome en n'en attendant pas grand-chose, si ce n'est : me faire sortir de mes sentiers battus. Entre le moment où j'ai fermé le livre et celui où j'écris cette chronique, il s'est passé juste le temps qu'il faut pour que j'ai eu le temps de regarder une des dernières séries de Netflix : Les Chroniques de Bridgerton (LCDB). Et quel bienheureux hasard ! Même période "historique", même faits relatés : l'entrée dans le monde d'une jeune demoiselle en quête d'un bon parti. La ressemblance ne s'arrête pas là, Helen à l'instar de Daphné (LCDB) présente une répartie cinglante, intelligente mais parfois peu réfléchie, ce qui aura le don de chagriner sa tante, Lady Pennworth. De quoi donner aux lecteurs l'occasion de sourire. Si on peut opposer à ce premier volume, une certaine langueur au démarrage (il faut dire que l'autrice étale son temps et sa présentation sur environ deux cents pages), on ne pourra lui en vouloir de bien établir son récit, d'installer le lecteur dans le confort des salons nobles londoniens avant de l'entrainer dans un tourbillon improbable de chasse aux démons et autres créatures de l'Enfer. (Et là je ne divulgue rien dans la mesure où tout est dit dans le récapitulatif de quatrième de couverture). - Promets-moi de ne pas faire de plaisanteries aussi déplorables à Almack, poursuivit sa tante. Comme je le disais plus haut, on s'intéresse au personnage de Lady Helen, elle est une héroïne jeune (tout juste 18 ans) qui vit dans une société bien établie avec ses codes et ses entraves propres à la condition de la femme de l'époque. Tel un bien qu'on cherche à vendre au plus offrant, les jeunes filles entrent dans la bonne société afin d'être marié et c'est le destin d'Helen. La jeune femme est pourtant intelligente, présente un ironisme que je lui envie et est franchement dégourdie. Elle frôle le personnage parfait. Mais elle est la fille de feu Lady Catherine Wrexhall, qui n'était connue que pour sa folie. Sa fille pâtie de cette aïeule qu'elle n'a pourtant pas beaucoup connue, tout en lui vouant un amour quasi sans failles. Un autre personnage d'importance dans ce roman est Lord Carlston. Les ragots sur son compte vont bon train, ce qui en fait un personnage au départ antipathique et détestable. On se met à déprécier ce Lord dès sa première apparition avec sa volonté de redonner du galon à sa condition. Et pourtant au fur et à mesure du récit je me suis mise à apprécier son côté énigmatique et à chercher en même temps de Lady Helen à percer ses secrets. Les personnages secondaires sont foisons, trop peut-être car dès lors qu'on donnait du Lady et du Lord ou de sa Seigneurie j'étais par moments perdue (on était loin de Game of Thrones mais tout de même). J'ai particulièrement apprécié Miss Darby, qui s'est révélée au fur et à mesure des pages, un personnage particulièrement attachant et bienveillant. Tandis qu'elle approchait, Helen songea que si un mot devait définir le comte ce serait "impérieux". Ou "énigmatique". Ou "inquiétant". Bien sûr, cela faisait trois mots. Lord Carlston était irréductible - il résistait même aux adjectifs. Pour l'intrigue on passe d'un roman Austenien très classique (l'introduction d'une jeune femme dans la haute société, des bals, des bals, des bals, des rencontres chaperonnées, etc.) à une tout autre intrigue : l'envers du décor londonien. Et tout comme Helen, le lecteur se surprendra à découvrir un monde bien particulier. Londres (mais pas que) est envahi par des créatures tout droit sorties de l'Enfer prenant apparence humaine et se délectant à loisir du désir, du talent artistique, de la colère des vrais humains. Alors si cette partie du roman n'est pas franchement originale (les démons sur Terre je crois que beaucoup d'auteurs/autrices en ont parlé), le fait de l'avoir installée dans le Londres du début du 19ème insuffle à l'ensemble suffisamment d'originalité pour surprendre le lectorat (et par pitié ne me parler pas d'Orgueils, Préjugés et Zombies de Seth Grahame-Smith). Et il faut dire que le tout se tient, et bien en plus ! Le tout est servi par la plume d'Alison Goodman, que je découvre et que j'ai pris plaisir à lire. Pas de grande circonvolution juste l'essentiel en quelques mots, sans pour autant être incisive. J'ai adoré ! Et j'ai hâte de découvrir la suite. En Bref : A la fois piquant, drôle et présentant une saveur toute particulière, Alison Goodman a réussi à rendre ce premier volet captivant, original et rythmé. Une héroïne qu'on prend plaisir à suivre et une intrigue surprenante !
Infos utiles : Nationalité de l'auteur : Française Éditeur : Ankama – 222 pages Genre : Science-Fiction Prix : 19.90 € Acheter ce livre : Papier Mon Avis : De Mathieu Bablet, j'ai déjà dévoré La Belle Mort (avec cette chronique toute minimaliste qui me caractérisait à l'époque où ce blog n'en était qu'à ses balbutiements) et le magnifique diptyque Adrastée. J'avais entendu le tohu-bohu qu'a suscité Shangri-La en 2016 sans pour autant me laisser porter par cette foule en délire : moi et le contre courant, vous savez... Je savais que j'allais finalement y venir, quand ça par contre, je n'aurais pas misé là-dessus. Et puis il y a eu la sortie de Carbone & Silicium. Donc plutôt que de sortir de la librairie avec seulement ce dernier titre, je me suis laissée emportée par les deux exemplaires côte côte sur les étagères. Grand bien m'en fasse.
A côté de ça, le frère de Scott, Virgile, fait parti intégrante de la rébellion et y est un membre actif. Il milite contre ce système et ce qu'il semble caché. La dualité entre les deux frères est intéressante et offre au lecteur un panel de réactions face à la situation : subir ou se rebeller. Entre ces deux personnages, il y a John, un animoïde, fruit de modifications génétiques donnant un être anthropomorphe mi-humain, mi-animal capable de parler. La société décrite ici est hiérarchisée et, tel malheureusement les Noirs Américains au début du siècle dernier, les Animoïdes sont séparés du reste de la population par une ségrégation crasse, les empêchant de s'intégrer pleinement. Avec ce personnage, Mathieu Bablet pousse loin la question du spécisme et du racisme qui en découle et ce que cela peut entrainer, va jusqu'à rendre mal à l'aise le lecteur avec une scène particulièrement poignante et disons-le carrément écœurante.
Outre la diversité des thèmes abordés et la richesse du scénario, quand on ouvre une bande-dessinée signée Mathieu Bablet c'est par le graphisme qu'on est d'abord happé. Et là encore, il signe un univers immersif des plus détaillés. Les planches sont soignées, stylisées dans une atmosphère à l'esthétique anguleuse. Et puis la colorisation des planches, qui a toujours revêtue une importance particulière pour l'auteur. Toujours autant accrocheur et surtout là encore, la réflexion est poussée à son extrême. A propos de la scène la plus horrifique de la BD l'auteur précise (dans cette interview) : "Il m’importait que dans toutes les scènes en intérieur l’éclairage soit artificiel, contrairement aux scènes dans l’espace avec une lumière naturelle. D’où ce jaune.", alors que le reste de l'album est dans des tonalités de bleu...
En Bref : Bien loin du Shangri-La utopique décrit par James Hilton en 1933, celui de Mathieu Bablet offre une vision pessimiste de ce que deviendrait l'humanité dans un huit-clos stellaire. Œuvre magistrale qui ne laissera pas insensible le lecteur, cette bande-dessinée a de quoi ravir les amoureux de SF et les amateurs de bulles.
Infos utiles : Nationalité de l'auteur : Française Éditeur : Mnémos – 250 pages Genre : Fantastique – Western Prix : 5.90 € (numérique) Acheter ce livre : Numérique Mon Avis : Après l'excellent La Geste du Sixième Royaume, je m'étais ruée sur Notre-Dame des Loups pour au final laisser l'ouvrage quelques temps dans une PAL toujours plus grandissante... Et pourtant, entendez-moi bien, j'ai été littéralement happée par ce titre. Je l'ai ouvert et je n'ai pas réussi à le reposer avant de l'avoir terminé. Happée vous dis-je. Ce coup-ci Adrien Tomas aura fait dans la concision : autant La Geste du Sixième Royaume est un pavé qui en aura peut-être fait fuir certains, autant Notre-Dame des Loups est bref. Nerveux. L'épaisseur du récit n'en fait pour autant pas pâtir le récit. Notre-Dame des Loups est un roman à la croisée des genres : un roman d'aventures, avec une traque de chasseurs, un western s'ancrant profondément dans une jeune Amérique où la ruée vers l'or est une option plus sécurisante que la chasse aux monstres. Et donc le fantastique avec des monstres tout droit sortis du folklore européen : les loups-garous. Le mélange est habilement effectué pour offrir aux lecteurs un roman des plus accrocheurs. Vous vous exprimez remarquablement bien pour une Native, note Würm. L'on suivra les sept personnages de l'intrigue au travers des sept chapitres que composent le récit. Un chapitre pour chaque personnage. Hommage à Sturges et ses 7 mercenaires ? Peut-être (ou à Kurosawa himself). Toujours est-il que la plume d'Adrien Tomas, nous ferait presque sentir la poudre, entendre le bruit des colts qui se vident et ressentir la froidure des montagnes enneigées. Tel un film d'époque. Véritable roman chorale, les personnages (des Veneurs) ont chacun une bonne raison d'être parti sur les traces de Notre-Dame des Loups, la "reine" des loups-garous. J'ai particulièrement apprécié de changer de point de vue pour soulever un pan de l'histoire de chacun des personnages. Mention spéciale pour le personnage de Würm que j'ai particulièrement apprécié pour son passé d'itinérant dans une troupe de théâtre (les auteurs n'écrivent pas assez de personnages qui font/ont fait du théâtre !). Les autres personnages ne sont cependant pas en reste, l'ambiguïté de certains personnages leur donne un peu d'étoffe, les rendant aussi plus humains. Mention spéciale aussi pour l'originalité du huitième et dernier chapitre, un peu à part des autres mais qui offre une tout autre dimension au récit et notamment une originalité que je tenais à souligner dans cette chronique. J'ai tout bonnement adoré cette réinterprétation des mythes et légendes romaines. En Bref : Récit court et nerveux, la plume de l'auteur entraine avec précision le lecteur sur des sentiers encore inconnus. Une originalité étonnante avec des monstres pourtant connus. Un mélange des genres efficace. Encore un titre d'Adrien Tomas qui m'aura séduite !
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Française Éditeur : Folio – 673 pages Genre : Fantasy Acheter ce livre : Audiolivre – Papier – Numérique Mon Avis : Après une découverte particulièrement appréciée du tome 1, Les Fiancés de l'Hiver, j'avais très envie de me plonger dans la suite. Mais comme pour beaucoup de séries, j'avais peur que, passé les premiers émois qu'ont suscité la découverte général du premier roman de Christelle Dabos, ce deuxième tome ne soit pas à la hauteur des quelques attentes que j'avais. Et pourtant, je referme ce livre avec un sentiment total de béatitude et de satisfaction. Un tome 2, non pas à la hauteur du premier mais bien au delà de celui-ci. Ma première impression se conforte donc : j'ai entre les mains un véritable coup de cœur. Mais qu'en est-il vraiment ? Tout d'abord, la joie de retrouver Ophélie, exactement là où on l'avait laissé. Ce n'est pas que je sois une inconditionnelle de la continuité et de l'absence d'ellipse narrative, mais j'aime bien l'idée de reprendre là où on en était. L'ignorance est moins dangereuse que la connaissance. Mais ce n'est bien évidemment pas cela qui fait que, Les Disparus du Clairedelune fût une aussi bonne lecture. Ce deuxième tome est également l'occasion d'offrir un nouveau pan entier à l'intrigue général qui continue de se tisser : une enquête. Une nouvelle corde à l'arc déjà bien imposant de l'univers constitué par Christelle Dabos. Mais outre l'enquête, qui apporte une série de rebondissements qui font s'enchainer les chapitres à vitesse grand V, le récit s'épaissit (670 pages contre 570 pour le précédent volume) autant que sa mythologie. Le background de La Passe-Miroir revêt une couche d'informations supplémentaire plus que bienvenue. On en découvre un peu plus sur Farouk, l'esprit de famille de l'Arche, mais aussi un peu plus sur son passé. L'auteure réussit le tour de force de soulever le voiles sur certaines choses par le biais d'interlude, sans en dévoiler grand chose. On reste dans un flou compact et c'est tant mieux, car cela donne bien évidemment envie de découvrir la suite avec plus d'entrain (si c'était seulement possible). La première fois que je vous ai vue, je me suis fait une piètre opinion de vous. Je vous croyais sans jugeote et sans caractère, incapable de tenir jusqu'au mariage. Ça restera à jamais la plus grosse erreur de ma vie. Ce fût aussi l'occasion de découvrir certains personnages sous un nouvel angle, et de commencer à les apprécier (Bérénilde et Archibald en tête). Thorn et Ophélie restent fidèles à eux-mêmes, carré pour l'un et malhabile pour l'autre, Ophélie surprend pourtant dans ce deuxième tome, s'affirmant et s'émancipant de son futur époux. Mais c'est aussi l'occasion de rencontrer de nouveaux personnages, des nobles de la cour de Farouk, de retrouver des personnages perdus de vue au cours du tome précédent... La fin est dans la même veine que Les Fiancés de l'Hiver : elle donne envie de se jeter sur la suite ! En Bref : Christelle Dabos continue sur sa lancée et nous sert un deuxième largement à la hauteur du précédent. Les mystères sont toujours plus présents mais quelques révélations sont tout de même à souligner. Un coup de cœur monumental !
Infos utiles : Nationalité de l’auteur : Française Éditeur : Mnémos – 348 pages Genre : Fantasy Acheter ce livre : Papier – Numérique Mon Avis : Ô joie que de me replonger dans une aventure trépidante de Pierre Cordwain de Kosigan ! Il est vrai que ce premier coffre renferme des secrets le concernant directement, mais également une flopée d’autres histoires levant un peu plus le voile sur l’univers et le monde dans lequel il évolue. De l’inédit, avec les trois textes que sont Ineffabilis Amor, Fille-de-joute et Les jeux de la cour et du hasard et des textes ayant déjà l’objet d’une publication dans des recueils de nouvelles mais ayant subies des retouches dans celui-ci : Légende du premier monde, paru dans « Créatures » en 2018 ; Le crépuscule et l'aube, paru dans « Fées et automates » en 2016 ; Les livres des merveilles du monde paru dans « Destinations » en 2017. Fabien Cerutti signe avec sa Légende du Premier Monde, une mythologie de l’origine des êtres féériques inédites. Ce récit nous est rapporté par Mendorallen Ilbarimen et raconte sa propre origine par le biais de son grand-père Dwerkin. Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de rencontrer ce personnage car le Bâtard le rencontrera dans le tome 4 de la série : Le Testament d’Involution. Ainsi l’on aura une magnifique histoire sur la création de ces créatures si particulières que sont les elfes, les gobelins, les orcs, mais également des dragons, des pégases, ou des harpies enflammées… Et oui, il s’agirait de créations et non d’êtres anciens. La légende se fond sur une quête plus ou moins initiatique dans laquelle un jeune garçon cherche sa place parmi les siens et sur une jolie histoire d’amour. Superbe découverte qui s'est dévoré rapidement annonçant une excellente entrée en matière. Ineffabilis Amor est un texte inédit et quel texte ! Il s’agit de la biographie de Lotario dei Conti futur pape Innocent III. C’est là que Fabien Cerutti est le plus à l’aise : prendre des personnes issues de notre Histoire pour s’en servir de base au tissage d’une toile complexe dans son univers aux, déjà, riches éléments. L’amour est ici encore bien présent mais sous un angle tout différent, sur fond d’Inquisition. Sans rien vous en dévoiler, la novella est à lire avec délectation. Après la première nouvelle, l’insertion d’éléments issus de la science-fiction dans un univers de fantasy est une nouvelle fois présente dans Le Crépuscule et l'Aube. La présence de ce récit dans le recueil « Fées et automates » prend tout son sens. L’histoire dans cette nouvelle est plus directe et plus rythmée par la présence d'actions rapides. Le récit est enlevé et entraîne le lecteur facilement. C’est bien le récit Fille-de-joute qui aura enlevé mon cœur. Tout ce que j’aime y est rassemblé, dont principalement mes retrouvailles avec le Bâtard. Mais c’est en lisant la chronique de L’Ours Inculte que je me rends compte à posteriori que la nouvelle est une immense référence à Chevalier (film de Brian Helgeland, sorti en 2001). Ce qui ravit mon cœur encore plus ! Le Livre des Merveilles du Monde, nous entraine avec Jehan de Mandeville sur la route de la soie, à la recherche d'elfes à qui il doit délivrer un message. J'ai un peu moins accroché à la forme du récit, un journal de bord donnant moult détails sur ce voyage. Le tout est tout de même agréable à lire et offre une corde de plus à l'arc narratif extraordinaire qu'à composé l'auteur. Et enfin, Les Jeux de la Cour et du Hasard, petite pépite théâtrale s'installant à la cour d'Angleterre. La seule nuance notable par rapport à une pièce de théâtre "classique" se cache dans l'absence de didascalies. Kosigan y campe son rôle de filou aux multiples talents de manipulations. Si mêlent alors échanges politiques, sentimentaux et argent content... Un régal de lecture pour cette nouvelle inédite. En Bref : Une nouvelle fois Fabien Cerutti m'entraîne avec lui comme un poisson prit par un pêcheur : je n'ai pas le choix que de suivre et de me laisser emporter... Un excellent recueil de nouvelles qui vient ravir avec délectation mes attentes concernant le personnage de Pierre Cordwain de Kosigan, aka le Bâtard ; mais qui vient également égailler avec joie les pans du monde encore inconnu de ce personnage. À dévorer ! On en parle aussi chez les copains : Ours Inculte - Célindanaé (Au Pays des CaveTrolls) - Dup (Bookenstock)
Nationalité de l’auteur : Française Éditeur : Scrinéo – 368 pages Genre : SF - Dystopie Acheter ces livres : Papier Mon Avis : Après avoir découvert la plume d’Aurélie Wellenstein avec Le Roi des Fauves, je savais que j’allais inexorablement me retrouver plongée dans l’un de ses autres romans. C’est donc chose faite avec Mers Mortes et que dire ! Parlons déjà de la thématique. Rien qu’avec le titre, l’autrice donne déjà le ton (et non le thon). Les mers ne sont plus, et la première des questions qui se pose est bien celle concernant la raison de leur disparition. La réponse est sans appel et vite tranchée : l’humanité. A coup de surpêche, de rejet des détritus et d’hydrocarbures (coucou Grande America), de captures pour les parcs animaliers (ou pour des particuliers), et j’en passe, l’Homme détruit à lui seul ce qu’il prenait pour acquis : l’eau. Et par extension son écosystème. Aurélie Wellenstein me tenait donc, et ce, avant même que je n’ai ouvert le livre. L’univers ultra tendance du post-apo dans la littérature ado frappe une fois encore. Si l’univers est rebattu à tour de bras, inlassablement, il est des pépites qui parfois sortent du lot en proposant un univers plus original. C’est le cas avec Mers Mortes. Une fois le décor planté, le message véhiculé se révèle fort et d’autant plus poignant. Personnellement ça m’a pris aux tripes plus d’une fois au détour d’une description bien sentie ou d’une plongée au cœur de la pensée animale… Dans Mers Mortes, l’on suit Oural, un jeune homme exorciste de monstres marins. Enlevé très rapidement par un navire flottant pirate, le jeune homme devient prisonnier et part en quête, bien malgré lui, d’une solution pour contrer les hordes qui viennent avec la marée. Car oui, si les mers et océans ont disparu, les marées existent toujours mais elles sont devenues des présages quant à la venue des fantomatiques monstres marins. Malgré l’émancipation du personnage quant à sa responsabilité auprès d’une communauté de survivants, on est bien loin d’une quête initiatique. Le personnage se révèle peu à peu assez ambiguë. Mais il n’est pas le seul à présenter quelques surprises. Si l’équipage offre une galerie de personnages hauts en couleurs : Amazone, Escaut, Arctique, Tamise, Medjerdah, etc. ; c’est bien Bengale qui vole la vedette à tous les autres. Personnage très changeant, j’ai eu du mal à cerner ses intentions et ses envies. Et après avoir terminé le livre je dois avouer que je suis toujours un peu dans le flou. Autre phénomène qui m’a étonné, c’est bien la relation existante entre les personnages du navire et ceux qui se construisent entre Oural et Bengale. Répulsion, attraction, fascination, j’ai été perdue et en même temps captivée par cette capacité de l’autrice à retranscrire ces sentiments flous de manière aussi criante de vérité (que la personne qui n’a jamais été fascinée par une personne imbuvable mais ô combien charismatique me jette la première pierre). Et même si l’on se met à penser que deux ou trois choses sont des phénomènes explicables (coucou syndrome de Stockholm), Aurélie Wellenstein est là pour nous rappeler que c’est elle qui nous a entrainée dans ce maelström d’ailerons, de fanons et de branchies ; et que rien n’est laissé au hasard. Comme dans Le Roi des Fauves, l’autrice n’épargne ni ses personnages et ni le lecteur. L’écriture est incisive et sans appel. Le rythme est marqué par des chapitres courts et ponctué de nombreux rebondissements. Le roman est servi par une intrigue originale qui permet, non content de passer un bon moment entre ses lignes, mais s’avère source de remise en question sur nos propres actes face à la pollution et la sauvegarde de l’écologie. Mers Mortes, pépite de 2019 ! Remerciements : Je tiens à vivement remercier Babelio et les éditions Scrinéo de m’avoir permis de découvrir Mers Mortes.
Mon Avis : De Sylvie Lainé, je n’avais apprécié jusque-là que ces interventions lors des conférences aux Utopiales, femme posée aux interventions mesurées et intelligentes. L’Opéra de Shaya m’avait attiré à sa sortie, mais je n’ai finalement pas sauté le pas. C’est donc avec Fidèle à ton Pas Balancé – condensé de l’activité de l’auteur de ces 30 dernières années – que je la découvre. Et quelle découverte ! L’objet livre en lui-même est superbe et offre un plus non négligeable pour la bibliophile que je suis. La sur-jaquette est aussi blanche que la couverture rigide est noire et l’intérieur superbement décoré par Gilles Francescano, dont les traits de dessins monochromes s’allient à merveille avec les propos de l’auteur. Quant au contenu ce sont 26 textes, issus de trente années de création, qui sont compilés en parties en fonction de l’« ampleur des projets et du contexte », et non chronologiquement comme on pourrait s’y attendre. J’ai surtout eu l’impression que les regroupements des nouvelles formaient un tout cohérent, avec des thématiques parfois semblables ou bien justement de parfaites opposées. L’œuvre est riche, les nouvelles courtes (exceptions faites de L’Opéra de Shaya et de Les Yeux d’Elsa), les messages distillés çà et là sont autant de déclarations de tolérance, d’amour, de paix. Par une plume poétique et scientifique (dans sa précision), Sylvie Lainé arrive à nous transporter dans ces univers qu’ils soient fictifs ou bien réels (à l’image des rues de Brest ou de Metz) et offre à voir une galerie de personnages richement humains. « Humains » cela peut paraître bien paradoxale quand l’un des personnages s’avère être du sable ou une planète… Mais ce sont surtout les comportements empathiques ou les approches métaphysiques qui caractériseront le mieux les personnages de l’auteure. Concernant les intrigues, c’est sans doute la non-violence des récits – loin des batailles intergalactiques si souvent relatées dans les space opéra – qui transporte le plus et amène le lecteur vers un sentiment de plénitude, tout à fait bienvenue ces temps-ci. Le nombre de sujets abordés est tel, que vous en faire un listing serait laborieux et rébarbatifs, tout ce que le recueil n’est pas. Toutes les nouvelles m’ont touché, à des degrés différents certes, mais il me serait impossible de vous parler d’une en particulier. De la nouvelle Le printemps des papillons, où une libraire souhaite dompter ces petits êtres ailés afin d’envoyer des messages : un brin étrange comme concept mais tellement poétique ; à la nouvelle Un brin d’herbe où les rencontres amoureuses ne sont pas forcément ce qu’elles paraissent être et où le bonheur peut se révéler et s’épanouir dans un univers figé ; en passant par La Mirotte, qui permet à un aveugle de recouvrer la vue, une nouvelle de génie qui aborde la perception du monde d’un individu à l’autre ; TOUTES SONT FORMIDABLES. Et bien entendu les deux novellas que sont L’Opéra de Shaya et Les Yeux d’Elsa, plus denses que les autres, sont autant de récits immersifs dans des sujets semblables : le premier s’attache à la découverte d’une planète et à la mutualisation existant entre les espèces (qu'on qualifie aussi d'échanges avantageux) dans un univers constamment en mouvement, le deuxième à un monde dans lequel les dauphins génétiquement modifiés sont esclaves de sociétés en bâtiments. Les deux s’intéressent toutefois à la relation inter-espèces et aux conséquences éventuelles que cela peut impliquer. À la fermeture du recueil, j’ai surtout ressenti le besoin de parler coexistence inter-espèce et de promouvoir le vivre ensemble autour de moi. J’ai aimé tout ce qui se racontait sous mes yeux : les rencontres amicales ou amoureuses, les échanges, les découvertes scientifiques, les améliorations d’espèces, le temps qui passe, les événements métaphysiques (toute une histoire de bulles), mais aussi les événements moins "joyeux" comme l'immobilisme forcé, l'amour non partagé, l'amour dévorant… Moi qui ne relis jamais un titre deux fois, c’est sans conteste que je me replongerai avec délectation dans les nouvelles de Sylvie Lainé ! En bref : Fidèle à ton Pas Balancé est une pépite dont chacune des nouvelles se savoure avec attention. Des univers relevant de la science-fiction – et pas que – qui pourraient permettre aux non lecteurs de ce genre d’enfin s’y intéresser. C’est beau, poétique et le tout est servi dans un superbe écrin à prix tout doux pour un recueil de cette ampleur (20 €)… Que demander de plus ? D'autres avis : Phooka (Bookenstock) - Simon Krug (Les Inrocks) - Soleil (Les Chroniques de l'imaginaire)
Mon Avis : Boudicca est le deuxième roman de Jean-Laurent Del Socorro, et s’installe non pas à Marseille comme l’avait été l’excellent Royaume de Vent et de Colères, mais dans une Angleterre vieille de deux mille ans. On y retrouve le peuple celte et plus précisément l’histoire méconnue de la reine Boudicca. L’auteur s’est basé sur la légende de cette reine celte en y insufflant un soupçon de merveilleux par le biais des rêves mystiques qu’ont les personnages. J’ai ouvert le livre pour ne plus le refermer tant le récit m’a happé de la première à la dernière page. Se découpant en trois grandes volutes, qui correspondent autant à des tranches de vie de l’héroïne, le roman se dessine du point de vue de Boudicca elle-même. Habillement tissée par l’auteur, la vie de Boudicca se forge principalement dans le sang et l’apprentissage de la soumission, et c’est ce récit qui nous est conté. Elle grandit au sein de son peuple, apprenant autant à manier la lance et le bouclier que la langue. C’est ce dernier point qui m’a le plus captivé. Le langage revêt dans ce récit des atours tenant du sacré. Et c’est par l’éducation dispensée par le druide Prydain que la jeune reine apprend la force des mots, qu’ils soient dits ou non. Elle connaîtra des échecs et des victoires qui la feront grandir, évoluer et finalement rayonner d’une aura telle, que son nom sera murmuré sur son passage par le peuple celte tout entier. Outre la guerrière, la galerie de personnages permet l’évolution du personnage, apparaissant et disparaissant au gré des batailles ou des maladies. En plus de Prydain, des personnages comme Antedios, le propre père de Boudicca, Ysbal la femme aux trois maris et garde du corps de la reine dès sa naissance ou encore Caractacos, fils de Cunobelin (un ennemi d’Antedios), trophée du peuple des Icènes et finalement brater de Boudicca ; sont autant d’éléments qui vont permettre la maturité de la jeune fille par des enseignements tenants surtout de l’affect. Antedios ne lui montrera jamais à quel point il l’aime, Caractacos avec qui elle grandit, ne sera qu’un opposant durant son adolescence et Ysbal sera finalement la seule figure maternelle que la jeune femme aura eue dans sa vie. Enfin Pratsutagos et Jousse, un mari et une amante, seront les seuls êtres à lui donner l’affection que son père n’aura pas su lui prodiguer. J’ai trouvé le récit moins haché dans sa forme que le premier roman de l’auteur et bien plus empli d’actions. Cela dit, aller à l’essentiel semble une caractéristique qui colle parfaitement au style de l’auteur et l’univers reste immersif et prenant malgré cette épuration. Le rythme est soutenu, bien que la vie de Boudicca soit parsemée de nombreux moments de répit. Au final, la seule chose qui m'ait perdu est la nouvelle présente après le roman, une nouvelle qui n’a rien à voir avec celui-ci (du moins je n’ai pas réussi à relever le lien), mais qui ne manque cependant pas d’intérêt. En bref : Jean-Laurent Del Socorro signe un deuxième roman des plus marquants, bel hommage à une reine celte méconnue. Cette biographie romancée mène le lecteur sur les traces d’une enfant, devenue femme puis mère et qui n’a jamais cessé d’être guerrière. La galerie de personnages foisonnante permet de faire grandir l’héroïne dans un univers ciselé avec soin. J-L Del Socorro : un auteur à suivre ! D'autres avis : L'Ours Inculte - Samuel Ziterman (chez Lecture 42)
Mon Avis : Après avoir vu passer quelques avis positifs et au vu du nombre de prix que le premier tome de cette série à remporter, je me suis lancée dans ce livre un peu les yeux fermés (pour tout vous dire, lire de cette manière ce n’est pas très pratique…) espérant sortir de la « panne de lecture » qui me tient depuis presque trois mois. Au premier abord, sortir de cet état avec ce livre en particulier, ben ce n’était tout simplement pas gagné. Ann Leckie signe un premier roman à la fois novateur, dense, captivant et compliqué. Novateur. L’auteur joue avec les codes du genre, par exemple le pluriel n’est plus masculin mais féminin et les métiers sont féminisés. Surprenant au départ, un peu compliqué par moment mais tout bonnement agréable ces quelques changements m’ont permis d’être plus attentive au récit, il me fallait une certaine concentration pour correctement suivre l’intrigue. D’ailleurs durant le début de ma lecture je me suis surprise à me demander si cet univers n’était pas constitué uniquement de femmes. Ensuite j’ai découvert l’idée qu’un vaisseau pouvait être une intelligence artificielle, avec un développement si poussé que les émotions pouvaient être ressenties. Dense. Ann Leckie ne se contente pas de proposer un univers féminisé à souhait, elle en propose un qui est à la fois riche de nouveaux termes, de nouvelles divinités et de nouveaux codes. Ainsi, il existe autant de religions et de modes de prières qu’il n’existe de planètes (et encore je suis sans doute loin du compte). Le cérémoniale de certaine situation est décrit avec juste ce qu’il faut d’informations (on se met à avoir envie d’une bonne tasse de thé très rapidement) pour être accessible sans être indigeste. Captivant & Compliqué. L’on suit en fait deux récits s’alternant d’un chapitre à l’autre et alternant le présent et le passé. Cette dualité a insufflé un certain rythme à l’ensemble de ma lecture, trouvant fascinant l’écho qui se créait entre eux. D’autre part, l’intrigue en elle-même n’a certes rien de neuf (non la vengeance, ça n’a rien de neuf) mais c’est la manière dont l’auteur a traité cette thématique qui est particulièrement intéressante mais aussi particulièrement compliquée à aborder en tant que lecteur. La méchante est particulièrement bien traitée, un personnage et une situation qui m’étaient totalement étrangers. Les 100 dernières pages m’ont tenue de bout en bout, il y a bien quelques passages qu’il a fallu que je relise pour être sûre de bien comprendre l’enchaînement des événements. Pour savoir qu’Un Esk est tout à la fois un humain et un réceptacle pour une forme d’IA, ça m’a pris quelques pages et quelques retours en arrière pour le comprendre et c’est là le reproche que j’aurai à faire au récit. Certaines informations primordiales sont apportées trop tardivement, et ne permettent pas une compréhension pleine et entière des enjeux qui se déroulent sous nos yeux. J’aime bien être dans une sorte de brouillard qui se dissipe au bout d’un certain temps, mais là le smog était trop dense et même les explications étaient peu abordables. Ces difficultés ne m’ont, bien entendu, pas empêché de vraiment apprécier ce récit (j’espère que vous l’aurez compris). Je tiens également à souligner le travail de traduction de Patrick Marcel, impressionnant tout simplement ! En Bref : Une pépite, un peu dure à croquer certes mais renfermant tellement de choses savoureuses ! Un récit très complet qui pose de nombreuses questions, place la féminité au premier plan et propose une « méchante » des plus atypiques. A dévorer d’urgence ! |
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